Portrait : Dimitri Nganda alias Hiro, de la MJC d’Etampes aux scènes musicales internationales

L’artiste Hiro, originaire d’Etampes, chante sur des sonorités afro. En mai, il était certifié disque de diamant pour un titre réalisé avec le rappeur yerrois Ninho. Si aujourd’hui il excelle dans son domaine, son parcours montre qu’il n’y était pas du tout destiné.

On l’appelle Hiro Le Coq. Hiro en référence à Hiroshima, et son « franc parlé qui peut faire des dégâts« , et Le Coq en lien avec le classique du cinéma brésilien La Cité de Dieu, en particulier le personnage de Manu Le Coq, qu’il affectionnait pour ses similitudes avec son propre caractère, qu’il décrit comme têtu et fier. Dimitri Nganda, de son vrai nom, est né le 14 juillet 1991 à Melun (77). S’il habite aujourd’hui la Défense (92), c’est en Essonne, entre Etampes et Sainte-Geneviève-des-Bois, que le chanteur a fait ses gammes. Une voie dans laquelle il excelle, en témoigne son disque de diamant reçu en mai, mais pour laquelle il n’était pas du tout destiné.

La musique, un amour interdit

Dimitri grandit dans une famille originaire de la République démocratique du Congo (RDC). Ses parents arrivent sur le sol français en 1989. Son père a fait de la rumba congolaise, rythme emblématique du pays, mais l’activité étant connotée négativement, Hiro n’en saura pas plus. A Arpajon, le patriarche gère une épicerie alimentaire et vend quelques DVD. Il n’était pas rare d’entendre les titres de Koffi Olomide, de Papa Wemba ou de grands noms du zouk en passant près de l’épicerie. « C’est de là que je tiens cette oreille musicale afro-caribéenne. » C’est avec cet héritage, dans lequel il a grandi, qu’Hiro débutera sa carrière.

Aux côtés des membres du groupe Bana C4 (Dibrazz, Sheng Attori et Bombastiick), il monte sur ses premières scènes en tant que danseur. En 2008, le groupe créé aussi son propre label « Stong Records » pour se structurer. De la MJC d’Etampes, à celle de Sainte-Geneviève-des-Bois, jusqu’à la première partie de Yannick Noah en 2015. « C’était notre première grande scène. On a commencé à nous prendre au sérieux. » Les scènes locales d’Ile-de-France laissent place aux scènes internationales d’Afrique. Il posera pour la première fois les pieds dans le pays d’origine de ses parents, apeuré suite aux conseils de sa mère, puis conquis par l’affection démultipliée de son public africain. Il ira aussi en Cote d’Ivoire, toujours avec Bana C4, au Cameroun, au Sénégal, au Tchad…

Ozali, sa fondation pour aider les femmes congolaises

En 2016, le groupe se sépare. Chacun sort un titre de son côté mais Hiro explose les charts avec son titre Aveuglé (près de 30 millions de vues sur Youtube). En passant de la danse à la chanson, il touche d’autres publics et se retrouve à monter sur scène en province, à Mayotte, La Réunion, en Belgique… « Le son est passé sur NRJ. J’ai été dans des villes où je n’avais jamais mis les pieds. » C’est l’essor de l’afro-beat, dont la brèche a été ouverte par Jessy Matador quelques années plus tôt. Les titres s’enchaînent, notamment avec des artistes nigérians comme l’incontournable Davido en 2020.

Que de chemin parcouru… Deux single d’or et un disque de diamant au compteur, Hiro a également fondé son label Millésime Musik en 2018. Il a aussi pris la casquette de juré à l’émission The Voice Africa. Pour la suite, Dimitri prépare un album, une tournée franco-africaine et œuvre pour sa fondation Ozali (qui signifie « tu existes » en lingala), qui aide les femmes victimes de viol dans l’Est du Congo.

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Trois dates à retenir

2007 : l'année où Hiro commence à faire de la scène avec le groupe Bana C4.
2016 : sortie du titre "Aveuglé", qui explose les charts.
2018 : Premier concert solo de 500 places à guichet fermé.

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Anecdote : la musique en cachette

C’est en cachette qu’Hiro a dû commencer la musique. « Ma mère est très chrétienne, très pieuse et très protectrice, je ne voulais pas la décevoir, j’avais 15 ans, se souvient l’artiste. Quand j’avais des répétitions, je lui disais que j’allais à un entraînement de football et je sortais le soir par la fenêtre. » Sauf que la plaisanterie n’a pas duré très longtemps. « Une fois, elle m’a croisé à la gare de Brétigny, un matin, après un show. Moi je rentrais, et elle aussi, mais d’une veillée de prière. » Aujourd’hui, tout se passe bien. Même si sa mère ne vient pas aux concerts, elle a sa raison à elle. « Elle me dit que « Si je viens et qu’on vient tous, qui va prier à la maison pour nous ?«  », raconte Hiro sur le ton de l’humour.