Un an après une chronique bouleversante sur France Inter, “Suzanne et les maltraitances d’un Ehpad”, Frédéric Pommier publie un récit sur la vie romanesque de sa grand-mère.
« Depuis huit mois, elle vit dans une résidence pour seniors. Le cadre est agréable, pleine vue sur la rivière, l’appartement lui plaît, mais elle est tombée à de nombreuses reprises. » Pour les habitués de France Inter, la voix de Frédéric Pommier se fait entendre à la lecture. « A quand le livre audio ? » se demandent les fans.
Dans ce récit romancé, Suzanne, le journaliste raconte, année après année, l’existence de cette femme à laquelle il voue un amour infini. Née en 1922 près du Havre, Suzanne rêvait d’être comédienne ou pilote de rallye. Malgré les nombreux drames comme la guerre, les trahisons, la perte de son fils puis de son mari, elle a toujours aimé la vie, mais ne supporte pas le lieu sans âme où elle a dû s’installer : un Établissement d’Hébergement pour Personnes Dépendantes (Ehpad). « Elle aimait les voyages, la vitesse, le tennis, le théâtre, les fêtes. Or, dans cette structure, c’est comme si tout cela n’avait jamais existé. Elle a eu le sentiment de n’être plus qu’un numéro de chambre. Une forme de déshumanisation », témoigne son petit-fils.
Respecter nos aînés
À 95 ans, Suzanne se sent infantilisée, même humiliée parfois par un personnel débordé. Elle explique qu’elle « se morfond, végète, moisit ». L’auteur met en lumière les conditions de vie dans cet Ehpad où sa grand-mère a passé neuf mois. De courts chapitres évoquent les toilettes trop rapides, la nourriture insipide, les sonnettes débranchées… Mais le livre est aussi un hommage aux soignants, et à tous ceux qui ont traversé le siècle dernier. « Nos aînés, rappelle Frédéric Pommier, méritent d’être traités avec le plus grand des respects. »
À travers l’histoire de Suzanne, c’est également l’histoire du pays qu’il raconte. « Et comme il s’agit d’un récit familial, j’y ai, mis davantage de moi que dans mes chroniques. ». Suzanne n’a d’ailleurs jamais entendu son petit-fils sur France Inter. Elle n’écoute pas la radio et, plusieurs fois, lui a dit qu’elle regrettait qu’il ne travaille pas Télématin. « Dès lors, sourie-t-il, j’étais vraiment content lorsqu’à Télématin, ils ont fait une critique hyper élogieuse de Suzanne… »