Le sénateur Jean-Raymond Hugonet était vice-président de la commission d’enquête sur la concentration des médias.
Cinquième pouvoir, les médias ont un rôle primordial dans le fonctionnement démocratique du pays. Mais, face à la concentration des acteurs économiques de ce domaine, des questions comme la transparence de ces opérations de rapprochement, leurs conséquences économiques et enfin les conséquences sur la diversité et la vitalité du débat démocratique ont un poids qu’on ne peut ignorer.
Jean-Raymond Hugonet revient sur les 4 mois de travail de la commission d’enquête à laquelle il a activement participé. La commission a rendu son rapport le 29 mars. A un moment où la défiance de l’opinion publique à l’égard des médias n’a jamais été aussi forte, Jean-Raymond Hugonet a souhaité avec ses collègues sénateurs davantage d’objectivité.
Les travaux de la commission d’enquête ont permis d’établir que la concentration des médias n’était pas excessive en France et que le pluralisme de l’information était pleinement respecté. Concernant l’information, la commission d’enquête n’a pas mis en évidence de faits nouveaux concernant des atteintes à l’indépendance des rédactions, ce qui confirme le caractère très limité des problèmes dans ce domaine.
« Concernant la chaîne CNews, la commission d’enquête n’a pas tranché sur le fait de savoir si CNews était une chaîne de débats, comme je le pense, ou une chaîne d’opinion, comme le rapporteur n’a cessé de le marteler tout au long des débats. Les débats constituent à mon sens une dimension essentielle de l’information et de la vie démocratique », précise Jean-Raymond Hugonet.
Les sénateurs ont ainsi soutenu la création d’administrateurs indépendants dans les médias privés chargés de traiter les questions liées à l’indépendance des rédactions et aux conflits d’intérêts mais aussi celle d’administrateurs indépendants dans les sociétés de l’audiovisuel public qui seront chargés de veiller à l’impartialité de l’information et d’en rendre compte devant le Parlement.
« Pour ma part, je regrette l’absence de vision concernant l’avenir du secteur des médias français et les réformes nécessaires pour favoriser la convergence des médias », confie le sénateur de l’Essonne. Car le rapport ne traite pas véritablement de la question des obstacles législatifs et réglementaires qui pénalisent les médias français face à la concurrence des plateformes américaines.
Avec des règles de concentration qui interdisent certains rapprochements, de la réglementation de la production qui pénalise les diffuseurs ou des moyens de favoriser la convergence des médias le rapport ne propose aucune vision stratégique et se contente de durcir les règles et les contraintes.
Cela risque plutôt d’être un poids supplémentaire à la cheville des médias tricolores plutôt qu’une aide. Or aujourd’hui, l’information ne s’arrête plus aux frontières et elle est même un nouveau champ de bataille.