Absente l’an dernier à la suite d’une opération, Alexandra Recchia revient à Paris le couteau entre les dents.
A six mois de l’ouverture des Jeux olympiques de Tokyo, l’Open de Paris, qui a lieu de vendredi à dimanche au stade Pierre-de-Coubertin (Paris XVIe) sera très attendu. La lutte pour les points au ranking olympique va faire rage. Mais Alexandra Recchia (-50 kg), qui fait partie des cinq karatékas essonniens engagés (lire encadré), reste concentrée uniquement sur la victoire. « Je ne veux pas penser à la qualification olympique mais juste gagner l’Open de Paris », lance la pensionnaire de l’AS Evry, qui a déjà inscrit son nom à six reprises au palmarès du tournoi parisien.
Seulement 22e au ranking, qui regroupe les catégories -50 et -55 kg, la double championne du monde sait que la qualification directe pour Tokyo – réservée aux dix premiers de ce classement – est compromise. Il lui reste toutefois le Tournoi de qualification olympique (TQO), organisé du 8 au 10 mai à l’AccorHotels Arena de Paris, pour décrocher son billet. A condition que la Fédération française de karaté la sélectionne. « Après mes contre-performances à Madrid et Moscou (éliminations au 1er tour),
la Fédération m’a mis un coup de pression en me prévenant qu’il pourrait prendre quelqu’un d’autre pour le TQO si je n’étais pas plus performante dans les tournois Premier League, confie Alexandra Recchia. Ça ne m’a pas étonnée de la part de la Fédération mais ça a eu le mérite de me motiver deux fois plus. »
Elle a pensé tout arrêter
Après son opération aux ischio-jambiers il y a plus d’un an, Alexandra Recchia (31 ans) a fait de gros efforts pour revenir à son meilleur niveau. Ses finales à Shanghaï, en juin, puis à Tokyo, en septembre étaient d’ailleurs très encourageantes mais les doutes liés à sa situation financière ont bien failli la décourager, pensant même tout arrêter. « Depuis
deux ans, j’ai mis ma carrière d’avocate entre parenthèses. Je vis sur mon épargne car ce ne sont pas les 3 à 5 000 euros de revenus que je dégage par an qui me permettent de m’en sortir ».
Elle a bien alerté la Fédération de sa situation. Sans succès. Heureuseusement, elle a pu compter sur sa communauté (ndlr : 62 000 abonnés confondus sur Facebook et Instagram) pour récolter 10 000 euros à la suite d’une opération de crowdfunding (financement participatif) lancée fin octobre. Après un « petit coup de mou » en décembre, les discussions avec une amie karatéka et un entraîneur de ses débuts resté proche l’ont remis sur de bons rails juste avant les fêtes. « Ils m’ont mis dit leurs quatre vérités et je suis revenue aux fondamentaux. » Requinquée moralement et physiquement, Alexandra Recchia est désormais prête à se battre pour aller au bout de son rêve olympique.
Aymeric Fourel