Pionnier du football féminin en Essonne, Claude Deville-Cavellin (63 ans) a beaucoup œuvré pour le FCF Juvisy.
Dans le bureau de Claude Deville-Cavellin, un seul maillot est accroché au mur. Il ne s’agit pas d’une tunique de Zinedine Zidane ou Kylian Mbappé, mais d’une tenue de l’équipe de France féminine. Un maillot dédicacé par l’ensemble des Bleues, le 20 septembre 2013 au stade Robert-Bobin de Bondoufle pour y disputer un match amical contre la République Tchèque. Une rencontre remportée 2 à 0 pour le premier match du sélectionneur Philippe Bergeroo. Vous l’aurez compris, le foot féminin a une place importante dans la vie de Claude Deville-Cavellin. Après une carrière de milieu défensif au CO Paray-Athis (COPA), le Nainvillois de 64 ans se lance dans une nouvelle aventure : le football féminin. « Au départ, on m’a un peu pris pour un fou, car le football féminin n’était pas autant démocratisé qu’aujourd’hui, avoue-t-il. Avec quelques connaissances comme Annie Fortems, on décide de créer la section féminine au milieu des années 80. » À cette époque, Claude Deville-Cavellin a la double casquette d’entraîneur des équipes masculines et féminines du COPA, qui depuis a disparu du paysage footballistique essonnien. « Ça faisait des belles semaines », sourit celui qui partage désormais son temps entre son travail d’informaticien chez Microsoft et celui de président du District de l’Essonne de football.
Une annonce dans France Football
En 1989, la carrière de l’entraîneur essonnien prend un nouveau tournant. En fin de cycle avec le FCF Juvisy, – qui était le club féminin phare de l’Hexagone à l’époque – Guy Sittler et le club essonnien se séparent. À la recherche d’un nouvel entraîneur, le président de l’époque Daniel Fusier passe une annonce dans le magazine France Football. Claude Deville-Cavellin décide alors de postuler. « On m’a dit : Mais qu’est-ce que tu viens faire là ? Moi, je m’étais dit pourquoi pas. J’avais surtout envie de casser les clichés et les stéréotypes sur le football féminin. » Lors de ses deux premières saisons (1989-1992) à la tête du FCF Juvisy, le coach juvisien échoue en demi-finale. La troisième tentative sera la bonne pour Claude Deville-Cavellin qui offre à Juvisy son premier titre de champion de France de D1 à l’issue de la saison 1991-1992 avec des joueuses comme Aline Riera, Hélène Hillion et Sandrine Fusier. Malheureusement, la saison suivante, Juvisy ne parvient pas à conserver son titre et échoue à la deuxième place du championnat. Ce qui scelle l’aventure de Claude Deville-Cavellin. « C’était la fin d’un cycle. Je ne voulais pas faire l’année de trop », confie l’entraîneur essonnien, qui a ensuite pris en charge les U17 nationaux de l’ES Viry-Chatillon, avant de devenir l’adjoint de l’international français Yannick Stopyra (33 sélections) au FC Brunoy (1994-1995) et au CS Brétigny (1995-1996). Deux années riches en expériences pour Claude Deville-Cavellin. « C’est simple, avec Yannick, j’ai été en formation durant deux années, sourit-il. Il voulait connaître le monde amateur pour ses premières saisons de coaching. C’était un coach qui était dans l’encouragement et très proche du groupe. Ils mettaient en avant ses valeurs plutôt que son vécu de joueur (ndlr : Yannick Stopyra a évolué à Sochaux, Toulouse ou encore à Bordeaux). Je me rappelle une anecdote à son sujet. On joue un match crucial avec Brunoy contre l’Haÿ-les-Roses. Si on perd, on descend. Pendant le match, un de nos joueurs pète les plombs en frappant un joueur d’en face. L’arbitre ne voit rien. Mais Yannick a tout vu. Et même si on avait déjà fait nos trois changements, Yannick sort le joueur en question. Malgré ça, on arrive à gagner le match. »
Coach de Diani et Tounkara en U19
Suite à ce passage chez les masculins, Claude Deville-Cavellin décide de revenir à Juvisy à l’aube de la saison 1997/1998 pour remplacer Eric Duprat. Après deux places de vice-champion de France, l’entraîneur essonnien stoppe sa carrière d’entraîneur pour se consacrer à sa vie de famille. Le coach juvisien effectuera une dernière pige sur le banc des U19 nationaux du FC Juvisy lors de la saison 2010/2011 avec des joueuses actuellement présentes à la Coupe du monde en Australie et Nouvelle-Zélande, comme Kadidiatou Diani (Paris- SG, D1), Aïssatou Tounkara (Manchester United, D1 Anglaise) ou encore Charlotte Fernandes (FC Fleury 91, D1) et Melissa Gomes (Reims, D1). « On avait une équipe taillée pour le titre cette saison-là. Malheureusement, on n’a pas réussi. C’est probablement un des plus grands regrets de ma carrière », lance Claude Deville-Cavellin qui a aussi œuvré au développement du FCF Juvisy, englobé par le Paris FC en 2017. Ça devenait de plus en plus dur pour le FCF Juvisy. On était obligés de professionnaliser le club. On s’est associés au Paris FC, car on s’est rendu compte que pour aller chercher les sponsors, Juvisy ne parlait pas à grand monde, mais lorsque qu’on l’associait à la ville de Paris, le regard était différent. Et puis ça a permis d’évoluer en termes d’infrastructure parce qu’on était nomades. On a évolué dans beaucoup de stades différents. Il faut bien se rendre compte qu’on a été six fois champion de France avec des joueuses qui payaient presque leurs licences ! C’était un peu le miracle permanent et ça ne pouvait plus durer. » Si aujourd’hui le FCF Juvisy n’existe plus, l’empreinte de Claude Deville-Cavellin n’est pas près de disparaître.
Jérémy Andrieux