Mardi 17 mai, l’avant dernier jour du procès pour tentative d’assassinat de Younès Bounouara a été le coeur des plaidoiries des parties civiles et du réquisitoire de l’avocat général.
Me Marie Dosé, avocate de Fatah Hou, grièvement blessé par balle par Younès Bounouara, a montré de la colère mardi 17 mai durant sa plaidoirie, dénonçant « une instrumentalisation de la justice » de la part de la défense.
L’avocate a retracé le déroulé de la journée du 19 février 2013, s’appuyant sur les écoutes téléphoniques de la ligne de Younès Bounouara. Pour elle, la colère de Bounouara n’est généré que parce que Fatah Hou lui a mal parlé et a prémédité son acte.
Elle a ensuite tenu à parler de son client. « Je ne sais pas comment contrebalancer tout ce qui s’est dit ici depuis 10 jours. Je n’ai pas pu citer grand monde, car il n’y a plus grand monde pour dire que Fatah Hou est un homme bien. Ses amis ont eu peur de ce qui lui est arrivé parce que Fatah n’était pas celui qui menaçait le plus. Ce n’est pas celui qui avait la coloration du vrai emmerdeur. »
« Il a choisi la justice plutôt que la cité »
Et au terme d’une plaidoirie durant laquelle elle a longtemps critiqué les tactiques de la défense, Me Marie Dosé a conclu : « Je défends un homme bien et vous êtes obligés de me croire Je défends un homme bien qui a choisi la justice et pas la cité. »
Me William Bourdon, conseil de René Andrieu, l’autre partie civile du procès, a fait part de son « écoeurement face au système de défense de Younès Bounouara qui substitue la loi de la République à la loi de la cité. » Il explique que René Andrieu ne s’est pas constitué partie civile pour demander de l’argent mais pour être reconnu, identifié comme un citoyen qui a failli mourir. Selon lui, les écoutes téléphoniques sont la preuve de la préméditation de Bounouara.
« Je ne comprends pas pourquoi vous n’avez pas trouvé les ressorts pour porter plainte, M. Bounouara »
L’avocat général
La journée de mardi 17 mai s’est achevée sur les réquisitions de l’avocat général. Jean-Michel Bourles a requis 12 ans de réclusion criminelle à l’encontre de Younès Bounouara et il a tenu à rappeler qui est l’accusé. Cet homme « parti de rien, dans le Tarterêts de l’époque qui est très compliqué, en pleine explosion. » Il a décrit cet homme parti de rien qui a fait de bonnes rencontres. « Serge Dassault demande à Younès Bounouara d’aller voir les jeunes un à un pour leur faire comprendre qu’ils peuvent avoir autre chose, relate-t-il. En cela Serge Dassault va constituer une manne financière. Sur ses deniers personnels, il finance des projets, subventionne des créations d’entreprise et va jusqu’à payer le permis à des jeunes poru qu’ils puissent devenir livreurs. » Selon Jean-Michel Bourles, le maire de l’époque achète « la paix sociale ». « Mais ça finit par se pervertir : il y en aura toujours pour se demander « pourquoi lui et pas moi? » « Je veux aussi créer mon entreprise, pourquoi il ne finance pas la mienne ? » »
« Le système a généré de grosses difficultés à Corbeil »
Si l’avocat général se refuse à juger un tel système, il l’affirme « il a généré de grosses difficultés à Corbeil ». Et de rappeler qu’à partir de 2008, on n’a plus demandé de l’argent uniquement à Serge Dassault. On s’est tourné aussi vers Younès Bounouara. « C’est là qu’ont commencé les menaces, l’horreur… Peut être que Younès Bounouara dit vrai. La seule chose qui me gène, c’est qu’il n’en ait pas fait part avant. Je ne comprends pas pourquoi vous n’avez pas trouvé les ressorts pour en parler », demande Jean-Michel Bourles en se tournant vers le box des accusés.
Et si l’avocat général concède que l’accusé a sans doute eu vraiment peur, pour lui il n’y a pas de doute : « Oui, Younès Bounouara a commis une tentative d’assassinat, oui, Younès Bounouara a commis des violences sur les autres victimes. »