Originaire de Ris-Orangis, Marwan Ouarab, autodidacte en informatique, a fait le choix de faire de ses facultés une force pour aider les victimes d’arnaques en ligne.
En quelques clics, l’homme de 28 ans, passionné de jeux vidéo et de codage, parvient à identifier les escrocs et à retrouver leurs coordonnées de manière légale. Marwan Ouarab vient en aide aux personnes qui ont subi une perte d’argent à cause d’arnaques sur internet, notamment dans le cas de ventes frauduleuses sur des sites de petites annonces. « Jusqu’ici, nous avons toujours retrouvé l’identité des arnaqueurs et 70 % de nos clients ont été remboursés par leur banque en attendant que l’affaire soit résolue », assure-t-il.
Ce “nous” fait référence à l’équipe de chasseurs d’escrocs qu’il a réunie derrière le site internet FindMyScammer.fr (traduction en français : TrouveMonEscroc), lancé le 17 avril 2023. « Il faut compter deux à quatre semaines de délai pour obtenir les éléments à transmettre au moment du dépôt de plainte », explique le fondateur du site au logo de petit chat roux équipé d’un imperméable rappelant celui de l’enquêteur star dans la série télévisée Colombo. Son travail permet aux victimes d’être rassurées et aux forces de l’ordre d’être plus efficaces dans la résolution des affaires d’arnaques en ligne.
Une idée pas nette au départ
Avant de devenir ce défenseur, Marwan Ouarab d’aujourd’hui se décrit comme « un jeune inconscient qui ne voyait pas le temps qu’il perdait, ni le mal qu’il pouvait faire subir, aussi bien à des proches qu’à des inconnus ». Après les confinements durant la pandémie de Covid-19, le Rissois voit sa mère, professionnelle dans le tourisme, être licenciée. Elle subvient seule aux besoins de la famille avec une fratrie de trois frères. Pour le cadet qui a découvert très jeune la puissance d’Internet sur l’ordinateur familial, cette situation est inacceptable et il va emprunter une voie illégale, celle de l’escroquerie. Après avoir découvert que les codes-barres des places de concert se suivent, il crée un trafic de fausses places de concert avec des billets de concert vierges volés au magasin Simply de sa commune. « C’est une faille monstrueuse, parce qu’avec ça, j’ai pu créer des fausses places qui ont permis aux acheteurs d’entrer dans les salles de spectacle », précise l’ancien escroc.
Son arnaque fonctionne pendant un temps. Il vend notamment des tickets factices pour le festival de métal Hellfest jusqu’au jour où il conclut une affaire pour un concert de la chanteuse américaine Pink avec une policière. Cette dernière va vérifier auprès de Cultura si le billet qu’elle a acheté d’occasion a bien été vendu par leur enseigne. La réponse est non. La supercherie s’effondre. Une perquisition suit dans le domicile familial. « Pour ma mère qui ne savait rien de ce que je faisais, ça a été très choquant… J’avais choisi la voie de la facilité et la voir pleurer, ça m’a marqué », confie-t-il. Il aura fallu une deuxième perquisition, plus musclée et traumatisante, pour pousser le jeune pirate de l’informatique à tout arrêter. Reconnu coupable d’escroquerie, il est condamné à dix mois de prison avec sursis et doit rembourser 11 000 euros aux victimes.
De l’ombre à la lumière
Renoncer à l’argent facile est difficile, mais Marwan Ouarab a une révélation quand une amie vient lui demander de l’aide après s’être fait arnaquer sur Le Bon Coin. Il parvient à identifier l’escroc et commence alors à aider bénévolement sur Facebook, notamment dans un groupe d’amateurs de montres de luxe. Ses succès l’encouragent à faire de cette activité son métier. « Je me suis rendu compte que je pouvais gagner de l’argent en faisant le bien, et j’avais envie de rendre fière ma mère », se souvient-il.
Le 5 avril 2023, Inès de Rousiers, journaliste au Parisien publie en ligne un article vidéo intitulé « Ex-arnaqueur, Marwan aide aujourd’hui « à retrouver les escrocs »« . Il est passé d’une vie d’escroc à une destinée de repenti qui met ses compétences d’expert en informatique au service des autres. Pour le principal concerné, cette publication « est un truc de ouf et je ne remercierai jamais assez la journaliste, car grâce à elle que tout s’est enchaîné. J’ai pu parler de mon travail dans d’autres médias : Clique, CàVous, Legend et maintenant Le Républicain. Petit, dans le RER, j’étais un fervent lecteur des pages Faits divers, je suis content d’être aujourd’hui dans le journal de mon département ».
A présent, le « jeune inconscient » est devenu grand et responsable. L’informaticien autodidacte consacre son temps à aider les victimes, que ce soit pour des petites ou des grandes sommes. Il peut se retrouver à faire des journées de 24 heures pour répondre au mieux aux dossiers à traiter. Marwan Ouarab est à la tête de FindMyScammer.fr, une entreprise en pleine expansion avec des ambitions internationales. « Dire que j’ai eu l’idée en traînant au stade Emile-Gagneux de Ris… Maintenant, je suis patron et je reçois des centaines de CV. Mon idée anime des personnes bienveillantes et passionnées. Je n’aurai jamais cru ça possible. Aujourd’hui, je suis épanoui et ma mère est fière de moi. J’ai envie de dire à la jeunesse que l’on a tous des capacités et qu’on peut faire du bien autour de nous avec nos talents. À l’époque, je ne pensais pas que je pouvais attirer des personnes bienveillantes. Je fais mon maximum pour être le plus gentil possible et la vie me le rend bien. »
Marwan Ouarab a réalisé son rêve de découvrir Los Angeles autrement que dans les jeux vidéo, un voyage incroyable qui l’encourage à rester positif. Épaulé par Karim Chouikri, un grand investisseur, le Rissois aspire à voir sa société reconnue d’utilité publique par l’État et milite pour que les assurances des victimes d’arnaques avancent les frais de recherches, au même titre que les honoraires d’avocat.
