Les éditions Ebla, fondée en 1992 à Montgeron, viennent de fêter leurs 30 ans. Retour sur cette aventure littéraire à la fois inclusive et pédagogique.
Des manuels scolaires, des fiches outils pour les enseignants, des romans et des livres jeunesse. En trois décennies, plus de 800 produits ont été imaginés et publiés par les éditions Ebla. Fondée en 1992 à Montgeron, cette maison d’édition indépendante tire son nom d’une ancienne ville syrienne où plusieurs milliers de tablettes ont été découvertes en 1974 par l’archéologue Paolo Matthiae. « Comme une grande bibliothèque à ciel ouvert », murmure Laurence Deguilloux. Aujourd’hui directrice éditoriale, elle est l’une des enseignantes à l’origine de cette belle aventure qui fête ses 30 ans. Car, au commencement, seul un petit groupe de professeurs des écoles existait : « Nous avions créé des outils et des fiches afin de rendre les élèves acteurs. Notre objectif était d’accompagner les enseignants débutants avec des démarches pédagogiques simples. Puis le projet a pris de l’ampleur, Kheir Alkhayer [ndlr : désormais directeur de l’entreprise] a cru en nous et nous a épaulés pour lancer la production de nos premiers manuels », se souvient Laurence.
« Perpétuer le goût de la lecture »
Toute l’équipe d’Ebla édition connaît alors des débuts « artisanaux » avec les démarchages téléphoniques, le porte-à-porte dans les établissements scolaires, les différents salons d’exposition et les envois de prospectus par La Poste. « C’est tellement plus facile maintenant avec les réseaux sociaux ! » Mais tout cet investissement porte ses fruits, puisqu’en 2001, l’éditeur pousse la porte de la littérature jeunesse. Un pari risqué alors qu’à cette époque on s’interroge déjà sur l’avenir du papier face à la montée du numérique. « Nous étions convaincus qu’il fallait donner le goût de la lecture aux enfants et perpétuer cette culture orale. Et puis, en nous diversifiant, nous avions la possibilité de rendre le savoir accessible à tous et de développer l’apprentissage à travers le plaisir », confie avec tendresse Laurence.
Car les éditions Ebla ont un objectif : inclure tout le monde et tous les âges. Et c’est d’ailleurs en étant à la fois aux côtés des enseignants, des élèves et des parents que l’entreprise montgeronnaise a su se démarquer de la concurrence et proposer un panel d’ouvrages très varié. De l’art créatif en maternelle, jusqu’à un mini guide pédagogique et illustré pour réussir ses stages, en passant par des fiches techniques pour rédiger ses lettres de motivation ou des histoires pour apprendre les onomatopées… il y en a véritablement pour tous les goûts ! A tel point que l’éditeur s’est tourné vers l’école inclusive.
Des livres adaptés à toutes les situations
Pour cela, l’équipe a collaboré avec une coordinatrice qui intervient dans les sections Ulis au collège. Une belle symbiose qui a donné naissance à un manuel à destination des enseignants puis d’un cahier d’exercices. Une version pour les écoles a aussi été déclinée par la suite. « On veut que nos livres soient faciles d’accès, que les enseignants se disent « C’est réalisable, je suis capable de le faire avec ma classe » ou « Cela m’a été utile, je sais comment faire ». On souhaite vraiment s’adapter à toutes les situations, d’où les guides pratiques sur les unités spéciales d’enseignement, le handicap, etc… D’ailleurs, deux de nos derniers ouvrages ont été réalisés avec une orthophoniste. Accessibles dès neuf mois, ils permettent aux plus petits d’assimiler les bruits et de travailler leur articulation, sans s’en rendre compte », détaille Julie Delker, en charge des réseaux sociaux et du marketing.
Et c’est d’ailleurs tout l’avantage de cette maison d’édition indépendante, être proche des auteurs et illustrateurs. Pouvoir suivre chaque création de produit avec la même énergie, la même passion et, surtout, le même amour. « Chaque livre a la même valeur, nous les aimons tous. C’est une très belle aventure et j’espère qu’elle durera encore plusieurs décennies car c’est un réel bonheur de voir les nouvelles générations se diriger vers la littérature », conclut Laurence.