Avant la présentation de la Patrouille de France ce samedi 18 mai au meeting aérien Le Temps des Hélices, Le Républicain de l’Essonne a eu la chance de s’entretenir avec un des pilotes de la Patrouille de France (PAF), le capitaine Jayson Troy, Athos 8, extérieur droit, dans sa 2e année au sein de la Patrouille de France.
Agé de 42 ans, le capitaine Jayson Troy est entré dans l’Armée de l’Air en 2003. C’est après un bac scientifique qu’il est entré dans l’armée. « J’ai eu une formation classique, j’ai commencé dans un escadron de chasse, à Cambrai, sur Mirage 2000 C RDI », explique-t-il. En 20 années de carrière, cet officier sous contrat est donc passé par des unités de combat, en école en tant qu’instructeur, puis à nouveau en unité de combat opérationnelle sur Rafale, à la base de Saint-Dizier, jusqu’à devenir instructeur sur Alphajet sur la base aérienne de Cognac.
Approchant de la fin de sa carrière, le capitaine Jayson Troy s’est lancé un nouveau défi, celui de devenir pilote de la Patrouille de France. « Pour moi, c’est un symbole, une manière de boucler la boucle. J’ai connu la Patrouille de France avant d’entrer dans l’Armée de l’Air, et c’est peut-être ce qui m’a donné envie de devenir pilote », confie-t-il.
Il a donc rejoint la Patrouille de France en 2024, une grande satisfaction bien sûr, mais également une grande responsabilité. « On représente l’Armée de l’Air et de l’Espace en France et à l’étranger. Nous représentons la France, mais également toute l’Armée, et ses carrières d’excellence et d’exigence. C’est ce qu’on s’impose pendant tout notre entraînement hivernal, en étant très exigeant avec nous-même ».
Car après avoir rejoint la patrouille, en tant qu’Athos 3, c’est-à-dire à l’intérieur pendant sa première année, le travail commence vraiment. Les journées des pilotes sont très précisément organisées. Comme dans le ballet aérien, le hasard et l’approximation n’ont pas leur place.
« ll faut savoir que, pendant la saison hivernale, nous faisons 10 vols par semaine, 2 vols par jour, les journées sont très rythmées. Nous nous retrouvons le matin, à 7h55 devant la salle de sport, le leader ouvre la porte, et nous débutons la journée par 20 minutes de réveil musculaire. Ensuite, nous briefons le premier vol de la journée, on décolle à 9h22 pour le premier vol d’entraînement. Après ce premier vol, nous avons une petite collation, on débriefe le premier vol, puis nous préparons un 2e vol d’entraînement qui décolle à 12h25. Au retour, c’est la pause déjeuner de 30 minutes au mess. Ensuite, nous revoyons le second vol, puis nous terminons la journée avec une séance de sport collectif d’une heure jusqu’à 17h », détaille-t-il.
Ce programme est répété du mois d’octobre jusqu’au mois de mai et le début de la saison des présentations de la Patrouille de France. A ce moment là, la machine doit être parfaitement au point. La partie technique des vols est en effet particulièrement ardue. « Pendant 6 mois c’est difficile, on a des doutes, on essaie de les contourner. On parle beaucoup entre nous, pendant nos entraînements au sol », confie le capitaine. « On pense patrouille à la maison, on a toujours la patrouille dans la tête, surtout en première année. C’est parfois difficile en 1re année de savoir où on en est dans les progressions, car on avance vers un objectif commun, et une formation une équipe ».
Et, pour ajouter à la difficulté, chaque année, les pilotes de la Patrouille de France changent de rôle. « La 1re année, on apprend à piloter dans la Patrouille de France. La 2e année, on commence à comprendre plus de choses, mais on change de poste… », pas question donc de se reposer sur ses lauriers. Toute cette expérience accumulée facilite évidemment la troisième année de présence au sein de la patrouille. Les pilotes s’appuient également sur Athos 9, le pilote remplaçant, qui est le seul à être dans sa 4e année au sein de l’équipe.
Une nouvelle figure présentée cette année
A ses challenges, s’ajoute donc celui de présenter chaque année une nouvelle présentation au public. « C’est vraiment une particularité de la Patrouille de France de repartir d’une feuille blanche chaque année », rappelle le capitaine. Les 71 ans d’héritage de la PAF et les 42 ans d’expérience sur Alphajet sont également un point d’appui pour les pilotes. « On reprend parfois certaines figures, on en crée aussi des nouvelles, et cette année nous proposons une surprise au public », annonce-t-il.
Pour la Patrouille de France, la participation au meeting aérien Le Temps des Hélices est la deuxième étape de leur saison, après leur participation au meeting aérien de Muret (31), le 11 mai dernier. Mais, il a une saveur particulière.
« La Patrouille de France fait partie de l’histoire de l’aviation, et nous sommes tous attachés à cette histoire. Nous sommes tous déjà venus à La Ferté-Alais. Je suis très heureux de participer à chaque fois. Je me souviens être venu enfant ici, j’ai vu les images avec le Concorde, les avions de ligne qui survolent le terrain. C’est un symbole ici, organisé par des passionnés, et nous sommes tous heureux de faire partie d’une des équipes de la Patrouille à participer ici », note-t-il.
Et malgré sa proximité avec la capitale et les aéroports, si les conditions météorologiques sont bonnes, la Patrouille de France peut y assurer du grand spectacle. « Nous sommes assez loin de Paris pour avoir une zone qui nous permet de faire tous les types de démonstration », insiste le capitaine Troy. D’autres meetings aériens en région parisienne sont parfois plus contraints.
Ce samedi et ce dimanche, les pilotes de la Patrouille de France seront, au plus bas, à 30m du sol pour certaines figures. Les séquences de voltige se déroulent à 100m d’altitude et au minimum à 230m du public. Un public qui aura évidemment les yeux rivés sur les Alphajet durant les 25 minutes du spectacle.
Une émotion du public qui touche les pilotes
Cette ferveur du public, les pilotes ne peuvent pas la ressentir pendant le vol, mais lorsqu’ils sont présents au sol et qu’ils rencontrent les femmes et les hommes, de tous les âges, les enfants, ils peuvent ressentir l’émotion générée par leur prestation.
« Il y a des gens qui me disent qu’ils ont pleuré en voyant notre évolution. C’est émouvant, de voir des personnes, parfois âgées, qui découvrent la Patrouille de France en vrai après l’avoir vu seulement à la télévision. Je me souviens d’une dame qui était absolument émerveillée. C’est toujours très gratifiant pour nous. Il faut dire que nous avons nous-même du mal à réaliser qu’on fait cela, c’est une expérience difficilement explicable ».
Une expérience professionnelle unique, qui marque à vie. « On a le sentiment de vivre quelque chose d’unique en équipe. Après, je pense qu’on garde le sentiment d’avoir appartenu à un groupe, et garder le souvenir de l’entraînement hivernal. Des émotions, on en a tout le temps, dans un sens comme dans un autre, il n’y a pas de demi-mesure. On a le sourire toute l’année, même quand on a des doutes. Etre dans la Patrouille de France, c’est le dépassement de soi, c’est grisant », conclut le capitaine Jayson Troy.