L’épandage et l’arrosage des espaces verts, issus des eaux usées, au cœur d’une visite de la station d’épuration de Baulne.
Le vendredi 4 janvier dernier, le Siarce (syndicat de gestion des eaux usées et des rivières) signait avec l’entreprise Saur une délégation de services publics (DSP) pour la gestion de la station d’épuration de Baulne. Six mois plus tard, mercredi 11 juillet, les élus du syndicat sont revenus sur le site pour découvrir les premiers changements et les projets en cours. Jacques Gombault, vice-président au Siarce, s’est dit « ravi de cette rencontre technique » et de voir « Saur respecter ses engagements », où la nouvelle centrifugeuse du site a été présentée aux élus, « pour un meilleur traitement des boues».
Seulement 0,6 % d’eaux usées réutilisées en France
Pierre Casteran, directeur délégué Ile-de-France chez Saur, aux côtés de Louis-Roch Burgard, président exécutif, a lui abordé « les valorisations des boues et des eaux usées traitées. Au Siarce, vous avez des idées, nous sommes votre fermier. »
La préservation de l’eau est devenue un enjeu majeur au XXIe siècle et le sujet revient sur la table à chaque épisode caniculaire, moment où sa raréfaction, même en France, est la plus visible. D’où cette volonté d’œuvrer pour réutiliser les eaux usées traitées, notamment. « En France, l’usage des eaux usées est très expérimental, reprend Xavier Dugoin, président du Siarce. La dimension urbaine, en direction des stades notamment, peut être développée. Le lavage des sols peut également être une piste. Des stations d’épuration sont déjà candidates, Baulne en fait partie. On pourrait avoir une utilisation rationnelle de cette ressource, car l’eau est un bien précieux, en danger. »
La France fait figure de mauvaise élève dans le monde sur ce dossier, avec seulement 0,6% des eaux usées réutilisées ! En guise de comparaison, l’Espagne est déjà à 14 % de réutilisation des eaux usées, Singapour à un tiers et Israël à 80 %. Lors de la deuxième séquence des Assises de l’Eau en juin 2019, le ministère a prévu de réduire de 10 % d’ici 2025, et 25 % en 15 ans, de prélèvements dans la ressource Eau. « Cette pratique peut être pertinente dans certains secteurs, assure le ministère de la Transition écologique et solidaire. La réglementation sera adaptée pour autoriser de nouveaux usages de ces eaux (nettoiement, arrosage d’espaces verts…) lorsqu’une qualité d’eau potable n’est pas nécessaire et que les risques sanitaires sont maîtrisés. Par ailleurs, un règlement européen clarifiera les conditions d’utilisation des eaux usées traitées pour l’irrigation. »
Le compostage pour l’épandage ?
Vincent Jauzein, ingénieur de recherche chez Saur, précise. « Aujourd’hui, l’irrigation en milieu agricole et l’arrosage des espaces verts en milieu urbain sont les deux seules utilisations autorisées en France pour les eaux usées traitées, assure-t-il. Dans le monde, c’est utilisé pour l’industrie, l’environnement mais aussi l’eau potable. Saur le fait déjà en France, à Noirmoutier par exemple pour l’irrigation des pommes de terre mais aussi pour l’arrosage des golfs des Mathes et de Royan. » Avant d’affiner sur le sujet du jour : l’Essonne. « Le lavage des voiries et l’alimentation du réseau incendie ne sont pas cadrés, poursuit Vincent Jauzein. Nous réfléchissons à ce qui peut être fait. Nous aimerions proposer des bornes vertes d’eaux usées traitées, à disposition du public, pour le former et accompagner la collectivité dans cet usage. » Un premier pas ?
Aussi, le Syndicat souhaite obtenir le label « Fertilisation Durable » pour sa filière boues. «860 tonnes de boues sont destinées à l’épandage, via un agriculteur de Valpuiseaux, commence Damien Boutot, responsable de la filière boues chez Saur. Aujourd’hui, nous rencontrons deux problèmes, avec le changement de réglementation en termes de stockage en bout de parcelles, ce qui n’est plus possible, et l’agriculteur va passer au bio, ce qui n’est pas compatible avec l’épandage. Alors, nous travaillons sur un compostage, entre les boues et des déchets verts, pour obtenir un épandage qui ne sent pas sur des parcelles agricoles, ce serait plus acceptable au niveau sociétal. On tend à aller vers un plan d’épandage avec du compostage. »
Retrouvez cet article dans nos éditions papier et numérique du jeudi 25 juillet.