Pendant 150 ans, l’asile psychiatrique de Perray-Vaucluse a accueilli les parisiens souffrant de maladies mentales. A l’occasion d’une visite organisée par l’office de tourisme de Paris-Saclay, le Républicain s’est rendu sur ces lieux chargés d’histoire.
Lorsqu’on emprunte son actuelle entrée principale, à deux pas de la gare RER de Sainte-Geneviève-des-Bois, l’hôpital du Perray-Vaucluse a indéniablement un aspect mystérieux. Presque intimidant. De par sa situation géographique tout d’abord : juché sur les hauteurs de l’immense domaine (126 hectares), l’entrée historique de l’hôpital ne dévoile, de si loin, qu’un petit bout de son apparat. Tout juste devine t-on la façade d’un bâtiment de style Haussmanien, et – pour ceux qui ont de bons yeux -, l’horloge qui la surplombe.
Vient ensuite l’âge et la fonction de l’établissement. Un asile psychiatrique, ouvert en 1869 pour accueillir les parisiens souffrant de maladies mentales. Autant de notions qui alimentent les fantasmes, bien aidées en cela par la culture populaire (le lieu fait d’ailleurs régulièrement l’objet de tournages de films, à l’image de la série américaine de zombies The Walking Dead, qui y a pris ses quartiers en début d’année). Vendredi 7 avril, cela n’avait donc rien d’une surprise de voir la visite du site, organisée par l’office de tourisme de Paris-Saclay et menée par Patrick Hottot, président de l’association des amis de Vaucluse et lui-même entré comme membre du personnel de l’établissement au début des années 70, afficher complet. Après un petit tour en voiture pour s’approcher des lieux, c’est en compagnie d’une vingtaine de curieux que le Républicain s’est ainsi plongé dans l’histoire de l’hôpital du Perray-Vaucluse.
Une chapelle bien cachée
Arriver devant le porche de l’hôpital, c’est déjà remonter le temps. A l’année 1869 tout d’abord, date à laquelle l’asile est officiellement inauguré, sous la houlette d’un Département disparu, celui de la Seine. Mais également aux deux guerres mondiales, dont l’établissement a gardé une trace visible, à travers deux plaques mémorielles installées sous le bâtiment principal, celui de la direction. Mais pénétrer dans l’enceinte de la structure, c’est également découvrir les petites histoires cachées derrière ces nombreuses constructions, qui semblent laissées à l’abandon. La symétrie parfaite de la cour principale (un côté pour les hommes, l’autre pour les femmes dans cet institut qui aura accueilli, à son maximum, 1900 patients). « Alsace », « Bretagne » et autres « Normandie » comme autant de noms donnés aux bâtiments. Mais aussi l’obligation pour le personnel d’habiter au sein même de l’hôpital, avec permission de sortie un dimanche tous les 15 jours et interdiction de flirts entre collègues, jusqu’en 1906. Ou encore – dans un registre moins burlesque – le cimetière de l’institution dans lequel reposent encore 2 000 âmes.
Un château en guise de dessert
Les trois heures de visite sont rythmées par les nombreuses constructions qui occupent le domaine. D’abord une grande chapelle, tour à tour transformée en cantine, en bibliothèque, en salle de radiographie ou même en salle des fêtes. Puis une ancienne écurie, une morgue, une station-service désaffectée (0,23 francs le litre, est-il affiché), mais aussi un immense château d’eau d’un million de litres, construit en 1935.
Une petite balade champêtre plus tard, on tombe nez-à-nez avec une petite « maison normande ». Une construction de 1895, destinée à accueillir les malades les plus riches, pour une somme de 5 à 10 000 francs l’année (contre 800 francs dans la structure originelle). Une expérience qui tournera court, puisque seuls trois patients l’occuperont, pour une durée moyenne de 45 jours et une sortie dans un état pire qu’à leur arrivée.
Clou du « spectacle », le château de Perray-Vaucluse et ses séquoias s’offrent à la vue des visiteurs. L’occasion pour le guide d’un ultime cours d’histoire et pour l’une des participantes de se remémorer les Noëls du personnel, qui se tenaient traditionnellement dans son enceinte.
Pour rappel, si les derniers patients ont quitté les bâtiments aujourd’hui désaffectés en 2016, le centre hospitalier de Perray-Vaucluse est toujours en activité. Il accueille désormais un Ehpad, l’Etablissement public de santé Barthélémy-Durand ou encore une Maison d’accueil spécialisée.
Pour les curieux souhaitant faire un petit tour – virtuel – des lieux, en attendant la prochaine visite, vous pouvez vous rendre sur le site de l’association des Amis de Vaucluse.
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