En souvenir de la Libération, une plaque commémorative inaugurée à Linas

A l’occasion des 80 ans de la Libération, la municipalité de Linas et l’association Patrimoine et traditions ont inauguré une plaque commémorative en l’honneur des six Linois disparus le 22 août 1944.

« Comme vous pouvez le voir, le carrefour de la Fontaine est toujours un point névralgique de la commune ! » Soulignant avec humour le passage régulier des voitures sur la rue de la Division-Leclerc, Michel Petit a proposé un petit voyage dans le temps, jeudi 22 août. En compagnie de Christian Lardière, maire de Linas, le président de l’association Patrimoine et traditions inaugurait en effet ce jour-là une plaque commémorative en mémoire des six victimes linoises du bombardement allemand du 22 août 1944. Un épisode témoignant « à la fois de la joie, mais aussi de la douleur » qui ont accompagné la Libération de la région parisienne, dont on célèbre en ce moment les 80 ans sur le territoire. Et comme beaucoup de communes de France qui n’ont pas été le théâtre d’une bataille particulière, Linas a également pris sa part dans le drame de la Seconde Guerre mondiale.

La « Grande rue »

Pour comprendre ce qui s’est déroulé le 22 août 1944, il est donc nécessaire de se replonger dans le contexte de l’époque. « A ce moment là, il apparaît évident que Paris sera libéré, souligne Michel Petit. Les questions sont de savoir quand, par qui et à quel prix ? » Effectivement, le débarquement allié du 6 juin a alors redonné une lueur d’espoir à tout un peuple. Pour les 1300 habitants du village de Linas, qui vivent sous l’occupation au rythme des rationnements et des tickets alimentaires, le mois d’août est accompagné d’une rumeur persistante : les troupes alliées se rapprochent. Elles seraient même déjà à Arpajon.

Sur ce qu’on appelle à l’époque la « Grande rue » [ndlr : aujourd’hui rue de la Division-Leclerc], on attend donc la suite des événements, à deux pas de la tour de Montlhéry et de l’autodrome, transformé en camp militaire. Dans cette rue se concentre l’essentiel de l’activité commerciale du village. Charcuterie, épicerie, boulangerie ou encore café y sont installés. Le 16 août, la quarantaine de soldats allemands restants à Linas quittent les lieux, signant la fin de l’occupation à proprement parler. Mais il faut encore que les soldats américains s’assurent qu’il n’y a plus d’Allemands à Montlhéry pour poursuivre leur avancée. Ce sera chose faite le 22 août, lorsque les FFI (Forces françaises de l’intérieur) installent un drapeau tricolore sur la tour de Montlhéry, signalant que la voie est libre.

Un hommage aux six disparus

Malheureusement, cette opération aura des conséquences dramatiques. « Sans doute en représailles, aux alentours de 19 heures, une batterie d’artillerie allemande stationnée au Rocher de Saulx-les-Chartreux tire plusieurs obus sur la tour de Montlhéry, sans l’atteindre », rappelle la plaque inaugurée ce jeudi. L’un de ces obus finira sa funeste course sur le carrefour de la Fontaine, causant la mort de six personnes : Anne-Marie Lavrat (61 ans), Charlotte Miette (27 ans), Colette Petit (9 ans), Ernestine Savéan (25 ans), ainsi que le boulanger Fernand Sinet (42 ans) et sa fille de deux ans, Jeannine.

En leur mémoire, c’est donc désormais une plaque commémorative qui s’est installée sur le carrefour de la Fontaine, accompagnée pour l’occasion de trois photographies d’époque et d’une exposition qui s’est tenue à la médiathèque ce week-end. Une occasion pour les Linois de célébrer cette petite histoire dans la grande et de « ne pas oublier que la liberté et la paix ont parfois le goût des vies sacrifiées ».

Robin LANGE
Robin LANGE
Journaliste dans le nord de l'Essonne. Il traite notamment les sujets de Paris-Saclay.