Digne héritier de la chanson française des Renaud, Brassens ou Thiéfaine, Gauvain Sers s’arrête le temps d’un concert au Plan de Ris Orangis le vendredi 5 octobre. L’occasion de découvrir le sympathique auteur de « Pourvu », qui pourrait bien vous faire passer « du rire aux larmes » avec ses chansons.
Comment se passe votre tournée marathon jusqu’ici ?
Gauvain Sers : Et bien ça se passe très bien, je suis heureux et ça me fait super plaisir, d’autant que c’est vrai que nous sommes partis pour une très longue tournée. Entre les premières parties de Renaud et mes propres représentations, on doit s’approcher des 160 concerts !
Pas de lassitude à l’horizon ?
Pas du tout ! J’arrive à m’octroyer des petites pauses, et ce qui est génial avec les concerts, c’est qu’ils sont toujours différents. De toute manière, être sur scène c’est vraiment ce que je préfère !
Comment décririez vous vos performances en live ? Assez différentes des versions studio certainement ?
Assez différents en effet, avec notamment les arrangements qui sont repensés pour l’occasion. C’est plus énergique, un peu plus rock peut-être que dans les versions studios. Je prend les concerts comme de vrais spectacles, avec des petits temps de parole où j’explique les chansons, des textes sans musique, un fil rouge en somme.
Une notion que l’on retrouve au sein de votre album d’ailleurs.
Oui c’est vrai, il y a ça aussi dans l’album, il faut croire que je parle vraiment beaucoup (rires)
Petite évolution dans les représentations, vous êtes désormais en groupe.
Oui ! Nous sommes cinq à présent, ce qui représente un peu l’étape suivante après avoir passé beaucoup de temps en duo avec Martial Bort. Cela amène un peu plus d’énergie et lorsqu’on se retrouve sur une grosse scène de festival par exemple, ça ne fait pas de mal!
Martial Bort qui vous accompagne justement depuis vos débuts en solo.
On s’est rencontrés il y a cinq ou six ans à un festival. Je jouais tout seul à l’époque et il accompagnait une chanteuse. On avait bien accroché et quand j’ai cherché quelqu’un pour m’accompagner j’ai directement pensé à lui, car j’adore sa manière de jouer. C’est un choix que je ne regrette pas car c’est c’est lorsqu’on s’est mis tous les deux qu’il y a eu une sorte de déclic, tout s’est bien enchaîné pour nous.
Vous avez connu votre premier succès avec le titre « Pourvu », et son clip réalisé par Jean-Pierre Jeunet. Vous qui êtes un grand amateur de cinéma, qu’est ce que ça fait d’être dirigé par un tel réalisateur ?
Ça fait tout bizarre ! Quand on se retrouve avec une équipe de long métrage pour un clip de cinq minutes, avec une cinquantaine de personnes sur le tournage c’est assez impressionnant. Jean-Pierre Jeunet est bien évidemment quelqu’un que j’adore et ça a été une super expérience artistique.
Après avoir pris un cours avec l’un des meilleurs, ne pensez-vous pas réaliser vous-même le prochain clip ?
Je ne peux pas réaliser, ça demande beaucoup trop de techniques que je ne connais pas, et d’expérience que je n’ai pas. Mais c’est vrai que j’ai beaucoup appris en le regardant faire, j’ai adoré l’observer. Mon truc ce serait plutôt l’écriture de scénario. Pourquoi pas à l’avenir…
A l’époque de ce premier morceau, vous avez beaucoup été comparé à Renaud. Maintenant que votre notoriété est plus forte, votre univers plus identifié, est-ce un soulagement de se détacher peu à peu de cette étiquette ?
C’est vrai qu’en sortant de nulle part et avec en plus le côté « première partie de Renaud », la filiation était vite faite pour les médias, qui ont pu identifier mon style. Cette partie « héritier » peut être un peu pesante sur le long terme, même si c’est un artiste que j’adore et que j’admire évidemment. C’est également bien de pouvoir maintenant tracer ma propre route et développer mon univers en me détachant un peu de cette influence.
« La musique marche par cycle, et on est en ce moment dans un cycle plus urbain »
Qu’est-ce que vous prenez le plus de plaisir à écrire ? Les chansons légères, voire humoristiques comme « Pourvu », ou les textes plus engagés à la « Hénin-Beaumont » ?
J’aime bien les deux ! C’est vraiment important pour moi de varier les sujets et les émotions, de passer du rire aux larmes, même si je n’ai pas beaucoup de chansons très gaies (rires). Dans un album, je ne ferai pas douze chansons engagées car c’est chiant à la longue. De la même manière, douze chansons légères, c’est chiant aussi. C’est une question d’équilibre.
Vous représentez en quelque sorte une chanson française « traditionnelle », qui a bien du mal à se faire une place aujourd’hui avec l’essor spectaculaire du rap et de la musique urbaine.
C’est dommage mais il est vrai que ce n’est pas en vogue. Je pense que la musique marche par cycle et en ce moment, on est dans un cycle plus urbain. Mais il y a toujours une place pour le genre. La preuve avec le public de mes concert, très présent et content de retrouver ce genre de choses. Après tout, cela fait partie de notre patrimoine et de notre culture. Le son est une affaire de période et j’essaye de garder mon style, même si dans mon prochain album il y aura quelques choses un peu plus modernes.
Qu’est ce que vous écoutez à titre personnel ?
Ce n’est pas un secret, j’écoute principalement de la chanson française (rires). Les classiques Jacques Brel, Hubert-Félix Thiéfaine ou Alain Souchon par exemple. Côté étranger, il y a le dernier album de Mc Cartney, mais aussi du Neil Young ou Bob Dylan. Ce que j’écoute en général, ce sont plutôt des choses pas très connues : Baptiste Hamon, Govrache ou Clio (avec qui il a effectué un duo sur son album, ndlr). En musique un peu urbaine, j’aime bien BigFlo et Oli en ce moment. Je trouve leur écriture assez fine.
Vous parliez d’un nouvel album en préparation. Où en êtes-vous ?
Ça avance bien ! Je suis en phase d’enregistrement et je suis assez content. Bien sûr il y a plus d’interrogations que le premier car il y a plus d’attente, fatalement. J’essaye de suivre mon instinct et faire des chansons qui me touchent moi. Ne pas trop y penser dans l’ensemble sinon il y a de quoi devenir fou !
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- Gauvain Sers, en concer le vendredi 5 octobre, à 20h, au Plan.
Tarifs entre 18 et 27 euros. Réservation sur le site du Plan.