Portrait en Essonne : Abel Jeudon, ami des reptiles engagé pour le climat

Abel Jeudon s’est engagé dans la protection des reptiles dès l’âge de 12 ans. Six ans plus tard, il se mobilise toujours pour cette cause qui lui tient à cœur et multiplie les actions pour alerter sur le réchauffement climatique.


Le petit Abel a bien grandi et son association voit les choses en grand. Jeune bénévole à la SPA de Chamarande, il crée à seulement 12 ans un refuge destiné aux reptiles, aux amphibiens et aux invertébrés à Etampes. Avec le soutien de son père, passionné par les serpents et de deux amis de rugby, il fonde en mars 2018 la Junior association SOS P’tites Bêtes. Six ans ont passé et il est le seul du trio fondateur à être toujours présent. Avec plus de 90 adolescents et jeunes adultes membres, il sauve, protège et fait adopter des serpents, des tortues ou encore des lézards.


Fondateur d’une association rare et utile


Elles ne sont qu’une dizaine d’associations en France à recueillir ces NAC, ces nouveaux animaux de compagnie comme le Refuge des tortues en Haute-Garonne où Abel a effectué de nombreux stages bénévoles. SOS P’tites Bêtes est la seule en Essonne. Parmi les adhérents, on retrouve uniquement des jeunes âgés de 11 à 20 ans, c’est le principe d’une Junior association, un regroupement de jeunes par des jeunes. Ils prennent soin d’animaux exotiques, parfois maltraités, par méconnaissance ou bien par pure cruauté. Ils sont abandonnés sur rendez-vous quand le propriétaire fait bien les choses ou laissés devant le portail sans fournir un seul renseignement sur leur passé… L’association d’Abel leur offre un refuge douillet et leur trouve un foyer aimant et responsable.


Fraîchement majeur depuis cet été, le jeune Etampois est actuellement étudiant à distance en première année de licence de philosophie à Toulouse. Dès le début du collège, il développe une passion avec les textes du célèbre vétérinaire Norin Chaï qui défend l’idée que les humains ont des leçons de sagesse à apprendre des animaux. Pour aller plus loin, l’étudiant se forme à Rennes avec le philosophe Frédéric Lenoir et son association Savoir être et vivre ensemble pour animer des initiations à la philosophie dès le plus jeune âge. Ce parcours de réflexion l’encourage à faire un pas de plus en faveur de la préservation des reptiles et à se professionnaliser.


Donner de la voix pour un avenir serein


A la rentrée 2024, il prévoit de mettre sa formation universitaire en suspens et compte intégrer un BTS Gestion et protection de la nature. Ce diplôme lui permettra de devenir gestionnaire d’espaces naturels, garde nature ou animateur en sensibilisation à l’environnement. Une mission qu’Abel Jeudon fait déjà de manière bénévole. « Je n’ai pas une seule journée sans associatif, je peux avoir un rendez-vous, une formation, un atelier, ensuite, je rentre chez moi, je fais le tour des animaux pour les nourrir et les soigner avant de répondre à toutes les demandes par message », énumère-t-il.


En plus de protéger les fameuses p’tites bêtes, il s’engage pour les êtres humains, les jeunes générations. Il est membre actif de Youth for Climate France, un mouvement de jeunesse pour la justice climatique et sociale regroupant des collégiens, des lycéens et des étudiants. Il est aussi animateur pour la Fresque du climat, une association qui sensibilise le plus grand nombre aux enjeux climatiques à travers des ateliers pédagogiques. Une activité importante aussi du côté d’Etampes pour les jeunes qui luttent contre les préjugés que subissent les reptiles.


Des petits groupes d’adhérents prennent la parole pour ces animaux silencieux et incompris dans le cadre de sessions sensibilisation. Ils se déplacent avec leurs petits protégés là où ils sont demandés, cela peut se dérouler dans des établissements scolaires, des entreprises ou encore des musées dédiés à la nature. Etant mineurs, les jeunes conférenciers peuvent compter sur des parents volontaires pour les véhiculer.


Le symbole d’une jeunesse à prendre au sérieux


En plus de ces interventions, les adhérents se relaient tous les quinze jours pour nourrir et soigner les pensionnaires du refuge. Il y a six ans, on comptait une dizaine de terrariums dans un coin du sous-sol aménagé de la maison du père d’Abel. Aujourd’hui, c’est toute la surface qui est occupée par une quarantaine d’animaux à l’adoption.


En octobre 2023, il est élu co-président du Conseil d’administration du réseau national des Juniors Associations, ce qui lui permet de donner de la force à l’engagement de la jeunesse. « Je n’aurais pas su que je pouvais créer une association sans un affichage dans une ville de campagne normande, se souvient-il. Si les jeunes n’ont pas conscience qu’ils peuvent créer ou adhérer à une association, ils ne peuvent pas en avoir envie. C’est important de médiatiser ce dispositif et c’est ce qu’on fait dans le réseau ! » Abel Jeudon fait également partie de l’association de Palaiseau “Tes potes engagé.e.s” qui valorise la détermination des jeunes citoyens avec des vidéos témoignages.


Six ans après avoir fondé son refuge, il est bien conscient des difficultés rencontrées quand on est un mineur bénévole : « Il faut savoir qu’une Junior association a deux ans d’espérance de vie en moyenne et SOS P’tites Bêtes fête ses six ans cette année. Mon grand-père pensait que je ne pourrais pas être bon à l’école si je m’engageais et pourtant j’ai eu mon bac avec mention tout en faisant une dizaine d’heures de bénévolat par semaine. L’éducation populaire est complémentaire à l’éducation scolaire : ce que je vis dans l’associatif me sert dans ma vie de jeune adulte. »


  • Plus d’infos sur les besoins de l’association p.22.
Aurélie Corvisy
Aurélie Corvisy
Journaliste dans le Sud de l'Essonne. Elle travaille au sein de la rédaction depuis 2019. Pour lui proposer un sujet d'article sur son secteur : [email protected].