Essonne : le témoignage bouleversant d’une enfant maltraitée à découvrir au Salon du Livre de Dourdan

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La couverture du livre qui raconte l'enfance brutale de Nadia.

Lors du salon, sera présenté le livre de Véronique Bouyenval sur l’histoire de Nadia Héron. Cette dernière, une Dourdannaise, est une enfant maltraitée qui a été prise en charge par la DDASS dès son plus jeune âge.

Aujourd’hui, Nadia a 50 ans, est mariée et a deux enfants. Elle travaille à la mairie de Dourdan et pour ceux qui la croisent sans la connaître, c’est une femme comme les autres, avec une vie “normale”. Cela n’a hélas pas toujours été le cas, Nadia a vécu une enfance terrible et seule sa volonté de s’en sortir et les rencontres qui ont jalonné son parcours lui ont permis de s’en sortir.

Hospitalisée une première fois à 6 mois

Une vie comme celle de Nadia, il y en a hélas d’autres, mais elle a choisi de la raconter, non pas pour que l’on s’apitoie sur son sort, mais pour changer le regard des gens et donner de l’espoir à ceux qui souffrent. «Aujourd’hui j’ai 50  ans et ma vie, c’est 25  ans de malheur et 25  ans de bonheur», résume Nadia.

Un constat qui fait frissonner, mais ce résumé n’est rien à côté de ce qu’elle a vécu. Dès sa naissance, le 8  avril 1974, Nadia est la victime de violences et de sévices en tous genres. Des violences effectuées par sa mère. A 6  mois, le manque de soin et la dénutrition sont déjà constatés par les services médicaux. A 11  mois, des traces de multiples fractures au crâne, des lésions multiples sont constatées par un médecin.

Pendant neuf mois, elle sera suivie dans un centre héliomarin pour se rétablir. Retour à la maison et, quatre mois plus tard, nouvelle hospitalisation. Après son rétablissement, elle est confiée à la DDASS et placée dans un foyer en Essonne. Ce n’est hélas pas la fin de l’histoire. Elle retournera chez ses parents, sera à nouveau la victime de violences, retournera à l’hôpital et ainsi de suite.

Ce n’est qu’en 1987 que, craignant pour sa vie après que sa mère l’ait menacée de la tuer, qu’elle se confie à la principale du collège où elle est alors scolarisée. C’est la fin des violences, mais pas celle des difficultés. « Le regard des autres quand on est une enfant de la DDASS et une arabe, c’est dur», souffle-t-elle. De par son témoignage, c’est ce regard qu’elle veut changer. «Je veux mettre en avant les mains tendues, les regards bienveillants», insiste Nadia.

De par sa réussite, elle affirme aussi clairement que, malgré les boulets aux pieds, on peut s’en sortir, on peut accomplir quelque-chose dans sa vie. «Hélas, nous ne naissons pas tous égaux », témoigne-t-elle. Le cadre familial, celui qui aurait dû la protéger et favoriser son épanouissement, a failli la tuer.

Alors que ses amis proches lui disaient d’écrire son histoire depuis des années, ce qu’elle avait commencé à faire par bribes, sa rencontre avec Véronique Bouyenval, une institutrice dans l’école de ses enfants, a mis cet ouvrage en route. Véronique a mis en mot l’histoire de Nadia. Intitulé “Nadia, une enfance volée”, le livre a été terminé le 31  octobre dernier.

La dure réalité présentée sans fard

Nadia a tout partagé. Le récit est souvent difficile à lire. Comment ne pas être touché par ce qu’elle a vécu quand elle était une enfant. «C’est parfois trash, mais je voulais que ce soit écrit, c’est ce qui s’est passé », avoue Nadia. Il y a aussi les notes d’espoir « des foyers et des familles exceptionnels». Mais ce qui est exceptionnel est, par définition, une exception…

Il y a des souvenirs qui l’ont marquée, cette maman qui lui offrait un pain au chocolat à la sortie de l’école, cette vieille dame qui lui avait tricoté un bonnet quand elle faisait les marchés. Des petits gestes qui font du bien.

Pour s’en sortir, il n’y avait qu’une solution. «J’ai bossé comme une chienne pour m’en sortir. Il n’y a pas de mystère, une main tendue c’est bien, mais c’est pour un temps, pour une semaine. Pour s’en sortir, il faut travailler», assure-t-elle.

Aujourd’hui, le travail a payé pour Nadia. Mais qu’on ne se leurre pas, ce livre, ce n’est pas juste un exutoire et une manière d’exorciser le passé. La souffrance, les cicatrices, celles du corps et celles de l’esprit ne s’effaceront pas et ne s’effaceront jamais. «Cela fait partie de moi», ajoute-t-elle.

Elle ne se souvient pas des dessins animés du mercredi, elle se souvient de la peur, la déco vintage de son enfance, ce n’est que le rappel de ce qui servait à la frapper.

Désormais, Nadia est heureuse de la vie qu’elle mène, de ses enfants et de son parcours. Difficile de qualifier cette vie autrement que d’une réussite lorsque l’on regarde d’où elle vient. Mais elle veut encore accomplir des choses. Avec la même volonté de se battre pour s’en sortir qu’elle a chevillé au corps, elle veut se battre pour les autres.

L’argent récolté par ce livre sera ainsi remis à l’association “L’enfant bleu”, et surtout, Nadia entend bien être la porte-parole de ceux qui souffrent en silence. D’ores et déjà, une chose est sûre, après avoir lu ce livre, sa voix résonnera encore longtemps en vous.

• Nadia Héron sera présente au Salon du Livre et des Auteurs de Dourdan avec Véronique Bouyenval ce samedi 18 novembre de 14h à 16h. L’ensemble de la recette des ventes du livre ira à l’association L’Enfant Bleu, Enfance Maltraitée. Le livre est disponible sur Amazon : https://www.amazon.fr/Nadia-enfance-volée-Véronique-Bouyenval/dp/2958004732/