Le chercheur en linguistique Guillaume Leduey appelle les Essonniens à se mobiliser pour soutenir la communauté eyake à apprendre leur langue maternelle.
Pour Guillaume Leduey, ce projet de toute une vie « dépasse sa propre personne ». Avec une campagne participative en ligne, ce chercheur en linguistique espère reprendre les cours de langue eyake sur place, en Alaska.
Depuis mars 2011, ce Botignacois travaille sur la préservation de la culture d’une communauté native du Grand Nord persécutée en 1867. « Les Russes ont été les premiers à coloniser l’Alaska, ils l’ont vendue aux Américains qui ont imposé l’anglais à l’école et interdit l’utilisation de la langue eyake, une certaine honte est née parmi les locuteurs », précise le chercheur en linguistique.
Marie Smith-Jones, la dernière personne dont c’était la langue maternelle est décédée en 2008. Avant qu’elle soit « en sommeil», le linguiste Michael Krauss a fait de l’eyak son objet d’études. Il a échangé avec six natifs et mis sur papier les mots de cette langue de tradition orale. Guillaume Leduey l’épaulera et conviera les Eyaks volontaires à retrouver leur culture à travers des camps à but linguistique.
Une langue riche en sonorités
En décembre, la première édition du dictionnaire de la langue eyake avec la traduction en anglais sera envoyée à un éditeur pour permettre au plus grand nombre d’avoir une base écrite avec l’alphabet latin. « C’est une manière de parler très gutturale, en France, nous avons toute la littérature mais, pour les Eyaks,
tous les textes et les légendes se transmettaient à l’oral, explique Guillaume Leduey. Tout un système a donc été élaboré avec des lettres minuscules et majuscules pour maîtriser ses sons atypiques à l’écrit. »
De nombreux Eyaks domiciliés à présent sur la côte sud de l’Alaska et aux Etats-Unis ont participé à des cours auprès de Michael Krauss avant son décès en 2019 et de Guillaume Leduey qui prend le relais. Des cours sur Zoom ont été organisés en raison d’un manque de financement et de l’arrivée de la pandémie de covid-19.
« La langue eyake est prête à être réveillée, mais il me faut des financements pour concevoir des leçons de grammaire adaptées à tous les âges et à tous les niveaux », interpelle le Botignacois. Il a lancé le 2 décembre une campagne sur le site Patreon où chaque internaute peut donner un euro symbolique ou plus par mois selon ses possibilités. Une bonne action en période de Noël pour soutenir un projet essentiel pour une communauté à l’autre bout du monde.
• Pour soutenir ce projet : https://www.patreon.com/eyak