Fontenay-le-Vicomte : avec leurs yeux d’enfants

Cinq Fontenois racontent leurs souvenirs d’enfance. Des propos réunis dans l’ouvrage « Fontenay Autrefois. Des habitants racontent les Années 1944-45 et suivantes », écrit par Mona Bisson.

Un saut dans le temps. Une invitation à fermer les yeux et à découvrir le Fontenay-le-Vicomte au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Sous l’égide du Foyer rural, des figures historiques du village racontent leurs souvenirs d’enfance. « La mémoire fonctionne, c’est rassurant », plaisante Jean-Louis Blétel, l’un des témoins. A ses côtés, Nelly Deanoz, Jean Dufour, Jean-Claude Collonville et Emilienne Millet.

« On les voit partir les uns après les autres »

A l’initiative du projet, on retrouve Jean-Marc Blanquart, président du Foyer rural. « Quand je suis arrivé à Fontenay il y a 22 ans, j’ai très bien été accueilli, assure-t-il. Mais depuis 3-4 ans, on les voit partir les uns après les autres. Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose, voir qu’il y a eu quelque chose dans ce petit village. »

Lui est venu l’idée de mettre sur papier la mémoire de ceux qui ont grandi et vécu dans le village. Sous la plume de Mona Bisson, biographe, « on apprend comment ils ont vécu cette période de l’Occupation puis de la Libération, précise-t-il. Notamment que le château de Fontenay a été réquisitionné par les SS pour en faire un centre de remise en forme. On apprend aussi qu’ici, ils n’ont jamais manqué de rien, car ils ont vécu en autarcie. »

Figure incontournable du village, Jean-Louis Blétel a joué les superviseurs, et a partagé ses « souvenirs d’enfance qui remontent à l’exode, en 1939. Nous ne sommes plus que cinq ou six dans le village à avoir vécu la Libération et l’Occupation allemande. » Ses souvenirs sont intacts. « Je reviens sur les Dominicains du monastère d’Etiolles qui sont venus aider les agriculteurs, commence-t-il. Je parle de la vie scolaire en 1947 et 1948, et je fais le tour des sept fermes qui existaient pendant l’Occupation. » Un ouvrage agrémenté de photographies.

« Un village qui n’a rien d’ordinaire »

Jean-Louis Blétel revient également sur une Libération que les Fontenois ont attendu un peu plus longtemps que leurs voisins… « Les Américains ont oublié Fontenay-le-Vicomte pendant 24 heures pour aller de Ballancourt à Chevannes, ils voulaient aller au plus vite pour couper la route des Allemands après Paris, reprend-il. Fontenay a été libéré 24 heures après le reste, comme Mondeville. »

A part son église, Mona Bisson, biographe lissoise, avoue qu’elle ne connaissait pas Fontenay-le-Vicomte. « C’est un village qui n’a rien d’ordinaire, par son histoire et celle de ses habitants, souffle-t-elle. En peu d’années, ils ont connu une évolution fulgurante dans leur mode de vie. A la fin de la Guerre, certains ont vu arriver l’eau courante et le modernisme. Cela a changé leur vie, mais pas leurs valeurs. Ce qu’ils ont reçu de leurs parents transpirent dans leurs témoignages. »

Au fil des enregistrements, lancés en décembre 2018, des liens forts se sont noués. «Cette expérience m’a passionné, j’ai été accueilli à bras ouverts, assure Mona Bisson. Je leur ai serré la main en entrant, mais beaucoup m’ont fait la bise en sortant. Avec ces conditions, je sais que le livre sera une réussite. Quand ces personnes parlent, le récit est vivant et fiable. Ces souvenirs sont gravés en eux. Nous avons attaché une grande importance à ce que ce ne soit pas des « On dit », que ce soit le reflet de la réalité. » Une seconde édition est déjà dans les tuyaux.

Un lancement annulé, mais bientôt reprogrammé

Vendredi 20 mars, le Foyer rural avait planifié une séance de dédicaces pour promouvoir ce livre. Mais le Covid-19 est passé par là. « Nous allons la reprogrammer, tout comme la sortie du livre », précise Jean-Marc Blanquart. Il est possible d’en réserver en contactant le Foyer rural. Contact par mail via le site internet ou via leur page Facebook.

Retrouvez cet article dans nos éditions papier et numérique du jeudi 2 avril.