Essonne : un Domaine d’exception à Méréville

Le château du domaine vît naître ses premières fondations au Moyen-Âge. Il sera par la suite détruit, reconstruit, rasé et rebâti pour finalement s’inscrire au XVIIIe siècle comme un lieu de paix et de somptuosité.

Acheté en 1784 par Jean-Joseph de Laborde, marquis de Méréville et richissime banquier du roi Louis XV, le domaine fera l’objet de travaux et d’aménagements titanesques. La modification de la trajectoire de la rivière de la Juine est sans aucun doute l’exemple le plus édifiant. Initialement linéaire, elle sera totalement remodelée à l’idée du propriétaire dans une volonté de « magnifier » la nature. Durant 10 ans, 400 ouvriers oeuvreront sans relâche pour lui donner cette forme ondulée et sinueuse qu’on lui connaît aujourd’hui.

« Tout est artificiel ici, la forme de la rivière, les chemins, même les grottes », indique Odile-Marie Tombarello, responsable scientifique et chef de projet des jardins patrimoniaux au domaine de Méréville.

François-Joseph Bellanger puis Hubert Robert furent les architectes chargés de créer ce parc romantique et pittoresque où l’on souhaite la nature « irrégulière ». En adéquation avec la mode en vigueur de l’époque des jardins anglo-chinois, le parc se composait de différentes fabriques, certaines déplacées aujourd’hui.

Un domaine ancré dans le coeur des Mérévillois

Nombre d’anecdotes sont à conter sur le domaine depuis sa création, mais une semble sortir du lot. Lorsque Laborde fût appelé à la guillotine en 1794, les habitants de la ville, désespérés, firent tout leur possible pour prouver la bonté du marquis et sa différence notable d’avec les autres nobles de l’époque, en vain. Quand la marquise revint deux ans plus tard, elle retrouva le domaine dans le même état qu’elle et son mari l’avait laissé, entretenu soigneusement par les Mérévillois. Cet évènement démontre l’attachement qu’avaient les habitants pour les propriétaires et le domaine qui était ouvert sur le village par une quinzaine de portes.

Le château et les jardins tombèrent toutefois en ruine au fil du temps, malmenés par divers propriétaires successifs. Racheté par le département de l’Essonne en 2000, il fait actuellement l’objet de différentes études.

Pour Odile-Marie Tombarello, « Le château a simplement été sauvé des eaux, mais les travaux de restauration dureront de nombreuses années. Ils coûteront beaucoup d’argent ». Pour les jardins, « l’argent alloué servira en premier lieu à restaurer le système hydraulique de la rivière qui est envasée de toute part ».

  • Barbara Ejenguele