Officialisée le jeudi 20 avril, l’Association contre les mariages gris et bébés papiers revendique près de 1 000 membres sur Facebook. Cécile Gourion-Sab, de Vigneux-sur-Seine, en est la vice-présidente et Marie*, qui habite St-Pierre-du-Perray, est une des membres.
Savez-vous ce qu’est un mariage gris ? On utilise ce terme quand l’un des époux trompe l’autre sur ses véritables sentiments et intentions. Dans l’idée de sensibiliser, mais aussi d’accompagner (notamment juridiquement) et de soutenir ces personnes arnaquées sentimentalement parlant, des victimes ont décidé de s’unir et de créer l’Association contre les mariages gris et bébés papiers. Lancée officiellement le jeudi 20 avril, celle-ci revendique près de 1 000 membres sur Facebook et une soixantaine sur Whatsapp.
Marie*, 33 ans, de St-Pierre-du-Perray, fait partie du cercle. « J’ai rencontré le père de mon enfant à l’église« , raconte la mère d’un petit garçon. Tout se passait bien avec cet homme originaire d’Afrique centrale, quand, au bout de 15 jours de relation, les choses se gâtent. Enceinte, la trentenaire se serait faite insultée. Mais par amour, elle reste. « A quatre mois de grossesse, il reconnaît l’enfant. » Elle raconte que c’est lui qui désirait un bébé, mais elle indique qu’il ne le verra que de rares fois. « Il a eu ce qu’il voulait, un titre de séjour provisoire« , conclue la victime. En effet, conformément à la législation en vigueur, « l’étranger, père ou mère d’un enfant français mineur, se voit délivrer de plein droit une carte de séjour temporaire d’une durée d’un an« . Mise à l’écart par sa famille, elle trouve refuge dans l’association.
« On est fortement traumatisées, démunies, pas reconnues et isolées« , fait savoir la Vigneusienne Cécile Gourion-Sab, vice-présidente de l’association et victime d’un mariage gris, dont une plainte pour violences doit être jugée prochainement en appel. C’est sur Facebook qu’elle a rencontré celui avec lequel elle est, pour le moment, encore légalement mariée. Après plus de deux ans de conversations en ligne, puis deux ans d’allers et retours entre l’Algérie et la France, elle finit par l’épouser. A son retour sur le sol français, elle remarque un changement de comportement chez son compagnon, qui est resté en Algérie. « Il faisait pression pour que j’accélère la procédure d’obtention du livret de famille pour que lui ai le visa« , se souvient Cécile. Selon le ministère de l’Intérieur, « le conjoint algérien d’un Français se voit délivrer un certificat de résidence de 10 ans après un an de mariage« .
« Pour les papiers, ils sont prêts à tout«
Une fois son compagnon arrivé en France, la descente aux enfers continue. « Mon état mental se dégradait de plus en plus« , témoigne cette femme de 53 ans qui a tenté de se suicider à deux reprises. Leur vie de couple était inexistante, les discussions aussi. « Une fois, il est parti pendant cinq semaines sans me donner aucune nouvelle. Il n’appelait pas et ne me répondait pas au téléphone. » En mai 2021, après deux ans de mariage, elle décide de demander le divorce. Une séparation qui n’était pas dans les plans de son compagnon, au vu de l’épisode de violences qui a suivi. Bilan : 45j d’ITT pour Cécile, qui s’est retrouvée en fauteuil roulant pendant trois mois. « C’est la lune de miel, puis les problèmes, puis de nouveau la lune de miel quand ils se rendent compte qu’ils risquent de perdre. Pour les papiers, ils sont prêts à tout », résume la vice-présidente. « Nous ne sommes pas contre l’immigration, mais contre les escroqueries« , tient à préciser Cécile.
Aujourd’hui, Cécile Gourion-Sab s’investit pour elle et pour les autres victimes. « Les gens n’osent pas en parler, ils ont honte. On veut qu’ils prennent la parole […] Je pense qu’on se fait piéger car on n’est pas assez prévenues. »
Hommes comme femmes, vous pouvez joindre l’association à [email protected] ou rejoindre le groupe Facebook « Mariage gris. combats et soutiens ».
* Prénom, âge et ville ont été modifiés.