Rugby [dans le rétro, 4/4] : L’échec de Vannes en 2016

Le RC Massy-Essonne dispute ce dimanche (19h au stade Jules-Ladoumègue) contre le SC Albi la demi-finale retour de Nationale. Battus 21-9 à l’aller, les Massicois doivent s’imposer d’au moins treize points pour décrocher leur billet pour le ProD2. S’ils y parviennent, ce serait la quatrième montée du club à ce niveau en dix ans.
Jusqu’à samedi, nous vous proposons de remonter le temps à travers les quatre précédentes épopées du RCME en demi-finales de Fédérale 1.
Après la tragédie de Périgueux en 2011, la montée historique contre Lille en 2012 et la double confrontation victorieuse contre l’US Tyrosse en 2014, notre quatrième et dernier volet est consacré à l’échec de Vannes en 2016.

« Jamais deux sans trois », lançait Thomas Girard à l’issue de la victoire contre Nevers (17-14) en barrages d’accession à la ProD2, le 1er mai 2016 à Orléans. L’arrière du RCME faisait bien sûr référence aux deux montées précédentes en 2012 et 2014. Mais l’adage ne s’est pas vérifié, les Massicois butant sur le Stade Vannetais en demi-finales.

A l’image du demi de mêlée Grégory Coudol, le RCME s’est extirpé des griffes de Nevers en barrages. ©Bata Gluvacévic

Pour la première fois, les phases finales de Fédérale 1 sont divisées en deux tableaux différents : un pour l’accession en Pro D2 et l’autre pour le trophée Jean-Prat et le titre de champion de France. Parmi les équipes qui postulent à la Pro D2, seuls les six clubs les mieux classés sont qualifiés pour les phases finales, les deux meilleurs étant directement qualifiés pour les demi-finales. Seulement deuxièmes de leur poule derrière Soyaux/Angoulême, les Massicois sont contraints de passer par un barrage. Et les joueurs de Didier Faugeron, arrivé en cours de saison passée pour tenter de maintenir le RCME en ProD2, ne partent pas favoris contre Nevers, considéré comme l’ogre de la Fédérale 1 de par son budget, le plus gros du championnat.
Mais les partenaires de Christophe Desassis ont déjoué tous les pronostics. « Il y a eu une remise en cause après la claque reçue à Angoulême (13-32, le 20 mars 2016). A l’entraînement, les joueurs ne se sont pas épargnés pour préparer ce barrage », expliquait Stéphane Gonin, l’entraîneur des trois-quarts. Le stage de trois jours à Granville effectué deux semaines plus tôt aura été bénéfique. « On s’est retrouvés entre nous. On a fait une belle soirée entre joueurs comme on sait le faire à Massy. Une ambiance de dingue qui a ressoudé l’équipe », confiait Grégory Coudol.

Massy battu sur le fil à domicile

Malheureusement, les Massicois n’ont pas réussi à enfoncer le clou contre Vannes. Invaincus à domicile, les joueurs du trio Faugeron-Gonin-Didebulidze se sont inclinés sur le fil, le 8 mai 2016, sur un essai de Gwenaël Duplenne dans les arrêts de jeu (31-32). Auteur d’un triplé, l’ailier breton avait été le bourreau des Essonniens avec l’ouvreur-buteur Jean-Baptiste Claverie (17 points). « Il fallait faire un écart avant d’aller à Vannes. On n’a pas réussi mais Vannes n’a qu’un point d’avance, rappelait Thomas Girard. A nous de rectifier le tir pour créer l’exploit en Bretagne. » Les Vannetais se montraient d’ailleurs prudents avant le match retour. « On ne peut pas encore exploser de joie. La confrontation se joue sur deux matchs mais nous sommes à 80 minutes de quelque chose de grandiose », s’enthousiasmait le capitaine et demi de mêlée breton, Clément Payen, l’un des deux anciens massicois présents sur la pelouse avec Christian Stoltz, lui aussi prudent : « Rien n’est encore fait. Nous avons réussi à gagner ici, pourquoi Massy ne réussirait-il pas une telle performance chez nous ? »

Massy entrevoit la montée une demi-heure avant une deuxième période catastrophique

Les Massicois ont entrevu la montée e ProD2 durant une petite demi-heure grâce à un essai du 3e ligne Clément Ancely. ©Bata Gluvacévic

Les Massicois et leurs supporters, qui avaient fait le déplacement dans le Morbihan une semaine plus tard, ont entrevu l’exploit durant une quarantaine de minutes. François Guionnet affichait même une belle confiance à la mi-temps. « On va le faire ! », lançait le président du RCME. Massy menait alors 13-6 grâce notamment à un essai de Clément Ancely avant de vivre une deuxième période catastrophique. En deux minutes, les Vannetais renversaient la vapeur. Alors que Claverie venait à peine de réduire la marque sur pénalité, les Bretons reprenaient les commandes sur un essai assassin d’Anthony Bouthier (ndlr : aujourd’hui international français à Montpellier, Top 14) après un rush de 80 mètres le long de la ligne de touche (13-16, 52e). « Le match bascule à ce moment-là, analysait Stéphane Gonin. On commet une grosse erreur défensive qui les remet dans le match. Et après, on a été incapables de revenir car leur 10 s’est mis à tout réussir. » Auteur de trois drops, Claverie assurait définitivement la victoire de Vannes (13-25) et la montée en ProD2.

François Guionnet (à gauche) en compagnie de Didier Faugeron et du sénateur-maire Vincent Delahaye, quelques minutes après la défaite à Vannes. ©Bata Gluvacévic

Alors que sur la pelouse du stade de la Rabine, les spectateurs vannetais fêteent leurs héros, les Massicois regardent, désabusés, ces scènes de liesse qu’ils ont connues dans un passé récent lors de la montée historique en 2012 et la double confrontation victorieuse contre Tyrosse en 2014, avant de regagner un à un, têtes basses, les vestiaires. « C’est dur de terminer comme ça mais notre adversaire était plus fort ce soir (ndlr : samedi 14 mai), reconnaissait le pilier géorgien Davit Ashvetia (41 ans), qui jouait son dernier match sous les couleurs massicoises après sept saisons au club (145 matchs). J’ai connu une belle histoire avec Massy, notamment les deux montées en ProD2. Il nous a manqué peut-être de la cohésion pour atteindre notre objectif. » Viktor Didebulidze, le coach des avants, faisait également ses adieux après dix saisons au RCME dont huit comme entraîneur. « J’espère que Massy saura rebondir la saison prochaine », lançait l’ancien international géorgien après la rencontre.
Il a été entendu puisque les Massicois décrochaient une troisième montée en ProD2 en 2017 en terminant premiers de la poule Elite de Fédérale 1. Rendez-vous ce dimanche soir pour la quatrième en dix ans !

Aymeric Fourel

Aymeric Fourel
Aymeric Fourel
Rédacteur en chef adjoint des Sports au Républicain de l'Essonne.