René Dosne, l’homme qui dessinait les incendies

Grâce à ses croquis en 3D, le colonel a couvert de nombreux sinistres en France et à l’étranger. Il a formé les sapeurs-pompiers du Sdis de l’Essonne lors d’un stage de dessin opérationnel, du 17 au 21 mai.

Un carnet, un crayon à papier et trois feutres : un noir pour les traits, un gris pour les fumées et un orange pour le feu. Son équipement ne ressemble pas à celui des autres sapeurs-pompiers. Sa mission aussi est bien différente. Lui, est croqueur de feu. A 72 ans, le colonel René Dosne mène une double vie depuis un demi-siècle. Graphiste et illustrateur indépendant le jour, il intervient sur de nombreux sinistres la nuit pour croquer les bâtiments et « aider les secours à mieux visualiser les lieux ». Un sens de l’observation hors pair qui lui permet de créer, en 1964, le métier de dessinateur opérationnel pour les pompiers de Paris. Cette profession, il a su l’adapter et l’améliorer au fil des années pour répondre aux besoins des secours. Des fax en noir et blanc qu’il envoyait depuis sa voiture dans les années 90, aux photographies en couleur qu’il communique aujourd’hui à la salle opérationnelle grâce à son smartphone, le colonel Dosne a connu d’importantes innovations.

Les sapeurs-pompiers du Sdis de l’Essonne ont participé à un stage.

« Il faut être très rapide et précis »

Cette histoire d’amour avec les sapeurs-pompiers débute dès son plus jeune âge, lorsqu’il vit à Paris. « Je voyais les camions de pompiers en allant à l’école, boulevard Saint-Antoine. J’étais fasciné… Jeune étudiant, je continuais de dessiner leurs véhicules. Un professeur m’a alors conseillé d’écrire au commandant des pompiers de Paris pour obtenir l’autorisation d’aller dessiner à la caserne. On m’a dit oui ! Tous les jeudis j’étais là-bas », se souvient celui qui a effectué son service militaire au sein de la brigade de Paris en 1965. Il devient ensuite réserviste et ses croquis « intéressent les sapeurs-pompiers ». « Ils étaient utiles pour comprendre l’espace et voir où le feu pouvait se propager. Lorsque je dessine, je dois faire apparaître tout ce que l’on ne voit pas, c’est pour ça que je vais au plus près des flammes, confie le colonel, qui rend ses croquis en dix minutes. Il faut être très rapide, nous n’avons pas de temps à perdre. Le dessinateur opérationnel doit aussi anticiper l’évolution de l’incendie. »

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