Ecrivain et journaliste, Jean Rolin est un habitué des récits de voyage. Dans son nouveau livre intitulé « La Traversée de Bondoufle », son nouveau périple le fait passer par l’Essonne.
A la recherche de la limite entre la ville et la campagne, Jean Rolin est parti en vadrouille dans l’Ile-de-France, faisant une « ellipse autour de Paris», essayant toujours de rester à 25-30km de la capitale. Au cours de son périple, qui a pris 9 mois, il est passé par l’Essonne traversant successivement plusieurs de ses communes.
Saclay, Massy, Chilly-Mazarin, Paray-VieillePoste, Longjumeau, Villierssur-Orge, Brétigny-sur-Orge, Le Plessis-Pâté, Fleury-Mérogis, Bondoufle, Lisses, Corbeil-Essonnes et Boussy-Saint-Antoine sont ainsi évoquées par l’auteur au fil de ses pérégrinations.
L’atmosphère de la vie quotidienne
Pour l’Essonnien qui les parcoure chaque jour, « La Traversée de Bondoufle » renferme une multitude de détails, des petites choses que ceux qui vivent ou travaillent côtoient chaque jour sans forcément les voir.
Bref, au fil des pages, c’est l’atmosphère de la vie quotidienne que l’on peut ressentir, comme devant le food truck situé dans la zone de la Marinière à Bondoufle, « d’où émane une agréable odeur d’huile de friture », et où se retrouvent les hommes et femmes qui travaillent dans les entreprises toutes proches. Lors du passage de Jean Rolin, ils sont une quinzaine à être présent. «Il règne dans ce groupe, où les gens s’appellent par leurs prénoms, une atmosphère de convivialité prolétarienne », constate ainsi l’auteur.
Une description que Monique, qui tient ce food truck avec son frère Christian depuis 30 ans, découvre lors de notre venue. «Ici, c’est la classe ouvrière qui vient», confirme-t-elle. Une classe ouvrière aux origines et aux croyances multiples, mais qui se rassemble chaque jour devant ce commerce pour reprendre des forces et faire une pause. Ce n’est pas sans fierté qu’elle a donc découvert les mots de Jean Rolin, «nous ne savions pas qu’on parlait de nous dans ce livre, mais c’est très gentil», ajoute-t-elle.
C’est par hasard également que la Ferme de la Pouletterie du Plessis-Pâté a découvert que l’on parlait d’elle, quand la Maison Russe de Sainte-Geneviève-des-Bois lui a offert le roman. Anastasia Pierpont-Colibet, l’agricultrice, en remerciait vivement l’auteur « pour son appréciation et son clin d’œil».
Une évolution sous nos yeux
« La Traversée de Bondoufle », c’est également le constat de l’évolution de l’Essonne, dans sa population, son habitat, ou sa vie économique. Ainsi, Jean Rolin a découvert durant ces 9 mois les plateformes logistiques qui sont de plus en plus présentes dans un département comme l’Essonne. Il note ainsi la présence de celle d’Amazon, «la plus grande de cette entreprise sur le territoire français».
Il constate également l’importance de la route dans la vie quotidienne quand, passant sous la CD19 au niveau de Fleury-Mérogis, il ne peut que constater qu’il s’agit d’une « de ces départementales que son emprise et son débit apparentent à une autoroute ».
Le long de ces routes, de zones d’activités en friches industrielles où les panneaux « locaux disponibles » sont nombreux, de l’autoroute A6 au « gigantesque chantier du site de maintenance et de remisage de la ligne 14- sud du Grand Paris-Express», de l’EHPAD à l’entrée de Villiers-sur-Orge aux grands ensembles de Massy ou aux zones pavillonnaires un peu partout, l’Essonne défile sous nos yeux.
Une Essonne hétérogène également dans sa population, celle des jardins familiaux à Ballainvilliers, celle des ouvriers des zones industrielles, « La Traversée de Bondoufle », c’est une loupe qui nous montre le vrai visage de notre département, un territoire de transition, un territoire de friction, un territoire en constante évolution.
• La Traversée de Bondoufle de Jean Rolin, aux éditions P.O.L. Prix 19 €.