Le Juvisien Nobel Boungou-Colo (35 ans) est un véritable globe-trotter de la balle orange. Des voyages qui l’ont récemment emmenés en Arabie Saoudite pour y porter les couleurs d’Al-Khaleej.
« Nobel, il a beaucoup d’égo. Il sait ce qu’il veut et ce qu’il ne veut pas. » Comme le fait savoir Kamel Dib, l’un de ses premiers entraîneurs à l’Alerte Juvisy, Nobel Boungou-Colo (35 ans) est un joueur de caractère. Un aspect que le basketteur essonnien a pu développer sur le parquet du gymnase Jules-Ladoumègue de Juvisy-sur-Orge. « J’ai commencé avec l’Alerte en cadets départementaux. Notre coach de l’époque [ndlr : Yassine Rafai] était un joueur de la N3. Il a vu que j’avais des qualités. Il m’a pris sous son aile en m’apprenant quelques trucs, comme dunker, se souvient celui qu’on surnomme « Nobeezy ». L’année suivante, on monte une équipe en région et je découvre en même temps les entraînements avec la N3. J’avais du mal à marquer. C’était très dur d’être avec les grands. Ils me faisaient pleurer (rires). Mais ça a été une bonne chose pour moi, car ça m’a permis de rattraper mon retard ».
Un souvenir confirmé par le principal intéressé. « Il avait un énorme potentiel. Je ne lui donnais rien. Je lui faisais faire des exercices jusqu’à ce qu’il réussisse. Il a beaucoup progressé durant cette période », abonde ainsi Yassine Rafai, son ex-entraîneur et coéquipier de l’Alerte Juvisy. « Il a commencé tard le basket à l’âge de 15 ans. Il n’avait pas du basket plein les mains, mais pour sa grande taille, il savait courir. Il était très mobile. Mais avec de l’entraînement et de la volonté, il a réussi à rattraper son retard », explique de son côté Ilyas Yildiz, ancien coéquipier de Nobel Boungou-Colo.
Premier trophée avec Juvisy
En compagnie de Yassine Rafai et Ilyas Yildiz, Nobel Boungou-Colo va marquer l’histoire du club juvisien. Le 6 mai 2006, l’Alerte Juvisy (N3) s’impose (90-78) contre Toulouges (N2) en finale du Trophée Coupe de France sur le parquet du Palais omnisports de Paris-Bercy. « C’était lors de ma troisième année au club en cadets. J’étais le petit jeune de l’équipe et je jouais quelques minutes de temps en temps. Pour cette finale, j’ai dû rentrer cinq minutes et je claque un dunk ! C’est un bon souvenir pour moi, car en plus, on gagne le trophée. Mais je retiens surtout de cette année la force de cette équipe. C’était très fort avec Sophian et Yassine (Rafai), Vincent Michel, Jacques Touck ou encore Ilyas (Yildiz). Avec eux, j’ai progressé à vitesse grand V. »
Nobel Boungou-Colo termine son chapitre essonnien avec ce titre avant de prendre la direction de Blois puis du centre de formation d’Orléans. « J’avais une connaissance là-bas. Je lui ai dit, “j’ai quelqu’un pour toi, je pense que ça va le faire, explique Kamel Dib, l’ancien-entraineur de l’Alerte Juvisy qui a gardé contact avec l’ailier de 2,02 mètres. Il a passé les tests et a réussi à intégrer le centre de formation. » La carrière du Franco-Congolais prend son envol : Hyères-Toulon, Le Mans puis le Limoges CSP où le Juvisien réalise le « back to back » 2014-2015.
« Frédéric Forté a cru en moi »
« J’ai passé quatre ans à Limoges. Le regretté président Frédéric Forté a cru en moi à l’époque. C’était incroyable de vivre deux titres de champion de France avec ce club dans lequel le public est omniprésent. J’ai écrit une belle partie de mon histoire là-bas, confie le basketteur, qui a gardé des attaches et un œil attentif quant à la situation du Limoges CSP. Ça fait beaucoup de peine de voir ce qu’il se passe là-bas. À l’époque, quand j’y étais, on était dans les tops clubs. Et de voir Limoges redescendre à ce niveau avec toutes les histoires d’argent, de dirigeants, d’effectif… C’est franchement triste. Je souhaite à Limoges de se relever mais l’écart se creuse et j’ai peur que cela soit compliqué pour la suite ».
Après son passage à Limoges, l’ailier shooter essonnien exporte son talent à l’étranger dans les rangs du Khimki Moscou en Russie. « Après le premier titre à Limoges en 2014, j’avais déjà des envies de partir. Contractuellement, c’était compliqué. Mais ce qui m’a vraiment poussé à partir, c’est le fait de voir partir mes amis comme Adrien Moerman. Avec Fréjus Zerbo, on était les derniers rescapés de l’équipe de 2014. J’avais de plus en plus d’appels pour aller à l’étranger. Je voulais savoir jusqu’où je pouvais aller en termes de niveau, lance Nobel Boungou Colo qui entre alors dans une nouvelle dimension. Le Khimki Moscou est le club le plus puissant dans lequel j’ai joué. Sur le plan financier mais aussi sportif avec des grands joueurs comme Alexey Shved et un grand coach, Dusko Ivanovic. » Avec cette pression supplémentaire, les premiers mois du Juvisien sont difficiles.
« L’entraîneur m’a fait comprendre qu’il fallait que je montre pourquoi il m’avait recruté. Et puis un jour, j’ai le déclic contre Kuban où je mets 21 points. Ça lance ma saison. »
Après un an en Russie, Nobel Boungou Colo met ensuite le cap en Espagne, à Séville, avant de rejoindre l’Italie et le Fiat Torino où il remporte la semaine des AS et la Coupe. « Je gagne deux trophées, mais toute l’année, on s’est battu pour se maintenir en championnat, se rappelle « Nobeezy », qui a connu un petit burn-out après son passage en Italie. Je n’avais plus envie de jouer au basket. Je n’avais aucun manque. Pendant six mois, je ne touche plus le ballon. J’en avais marre. J’avais aussi un petit dégoût de ce qui tourne autour du basket. J’avais désactivé mes réseaux sociaux. J’avais besoin de souffler. »
A la recherche de nouvelles cultures
Après s’être entraîné du côté du Paris Basketball, Nobel Boungou-Colo se relance en 2019 avec les Métropolitans 92 (avec notamment une sortie remarquée en Leaders Cup au cours de laquelle il inscrit 32 points) et retourne dans la foulée en Liga ACB (Espagne) – « le meilleur championnat du monde », dixit NBC – pour porter la tunique du Joventut Badalona. Après cette pige espagnole, Nobel rentre en France et fait le chemin inverse : au Paris Basket-ball tout d’abord, puis aux Metropolitans avant d’enchaîner avec Orléans puis Antibes. « Après cela, j’ai dit à mon agent Olivier Mazet que je voulais repartir à l’étranger. C’est comme ça que j’ai eu l’offre d’Al Khaleej en Arabie Saoudite. Je voulais jouer dans un pays et un nouveau championnat. Le basket que je connais, j’en ai fait le tour. Le haut-niveau, la pression… J’ai assez donné, je voulais voir autre chose. »
Jouer jusqu’à 40 ans ?
Avec 20 points de moyenne en une dizaine de matchs, Nobel Boungou-Colo se régale désormais en Arabie Saoudite. « C’est un basket en développement. On est dépendant des Saoudiens, car les clubs ont droit à trois étrangers et deux sur le terrain. J’ai acquis de l’expérience et je suis là pour apporter mon savoir-faire et tenter de maintenir le club en première division », lance celui qui soufflera bientôt ses 36 bougies et qui espère bien jouer jusqu’à ses 40 ans, si les blessures l’épargnent. D’ici là, le globe-trotter aura sans doute l’occasion de découvrir de nouvelles ambiances, de nouveaux modes de vie et de nouvelles aventures. Et ne croyez pas que “NBC” en a fini avec sa découverte du monde, en compagnie de la balle orange. Dernière tentation en date ? L’Amérique du Sud. Pour Nobel, il ne reste plus qu’à souhaiter un « buen viaje » (*).
Jérémy Andrieux
(*) : bon voyage.
Nobel BOUNGOU-COLO
35 ans ; né à Brazzaville (République du Congo) le 26 avril 1988. 5 sélections avec l’équipe de France.
• Carrière (ailier)
Juvisy (2005-2006), Blois (2006-2007), Orléans (2007-2009), Hyères-Toulon (2009-2011), Le Mans (2011-2012), Limoges CSP (2011-2016), Khimki Moscou (RUS, 2016-2017), Séville (Espagne, 2017), Torino (ITA, 2018), Metropolitans 92 (2019), Joventut Badalone (ESP, 2019), Paris Basketball (2019-2021), Metropolitans (2021), Orléans Loiret (2022), Sharks Antibes (2023), AL Khaleej (ARS, depuis septembre 2023).
• Palmarès
Double champion de France Pro A avec le Limoges CSP (2014, 2015) ; champion de France Pro B avec le Limoges CSP (2012) ;
vainqueur du match des champions avec le Limoges CSP (2012) ; vainqueur de la Semaine des AS (2018) et de la Coupe d’Italie (2018) avec le Fiat Torino ; quatre participations au All-Star Game LNB (2012, 2013, 2014, 2015) ; MVP en 2013.