Portrait : Jérôme Foscolo, le futsal pour se reconstruire

Handicapé après un tragique accident, Jérôme Foscolo (41 ans) dédie sa deuxième vie au Diamant Evry Futsal.

« Ce n’est pas la PlayStation. Il n’y a pas de deuxième partie. » Jérôme Foscolo est un miraculé. Le 5 mai 2007, alors qu’il attendait tranquillement le bus avec son frère Kévin, avenue Aristide-Briand à Athis-Mons, un énorme container d’environ cinq tonnes s’est désolidarisé d’une remorque avant de pulvériser l’arrêt de bus. Si son frère fut lourdement touché au pied, Jérôme a malheureusement perdu ses jambes et un œil dans ce tragique accident de la voie publique. « Les médecins disaient à mes parents : « Le grand, on espère, mais ça va être compliqué » Ce qui m’a sauvé, c’est que j’étais en très bonne condition physique. J’avais un corps de demi-fondeur. Les médecins disaient que mon corps était une machine. Grâce à ça, j’ai gardé toutes mes capacités motrices, confie Jérôme Foscolo qui était promis à une belle carrière de footballeur, mais aussi dans le futsal. Je devais signer au Red Star, à l’époque en CFA, et jouer en même temps pour le Créteil Futsal qui était en série 1. »

Mais le destin en a décidé autrement. « J’ai beaucoup pleuré. Pendant au moins deux heures. J’avais besoin d’extérioriser. Mais j’ai vite accepté ma situation. Je suis un miraculé, car je suis encore en vie », appuie l’Evryen de 41 ans qui a voulu être acteur de sa vie, plutôt que la subir. Après un an de galère à l’hôpital et en centre de rééducation spécialisé, Jérôme Foscolo a pu remarcher à l’aide de prothèses. « La première fois que je me suis mis debout, j’avais les larmes aux yeux. C’est comme si j’avais gagné la Coupe du monde, sourit l’Essonnien, doté d’une incroyable force mentale. Le 5 mai 2007 restera une triste date anniversaire, mais je n’ai pas envie que ma vie se résume à ce fait divers. Je me suis relevé et j’ai essayé de trouver des objectifs qui ont du sens. »

Un Diamant qui brille de mille feux
En mai 2009, un nouveau club essonnien de futsal voit le jour avec comme créateur la famille Foscolo. Les deux fils, Jérôme et Kévin, ainsi que le père Eric, ancien athlète de haut-niveau à Viry-Chatillon. Diamant, le chat de la famille, participe également à l’aventure en donnant son nom au club : le Diamant Evry Futsal. « Tout le monde a participé, sourit Jérôme Foscolo qui ne se voyait pas ailleurs qu’à Evry pour mener à bien ce projet. On est des « ressortissants » d’Evry. J’ai pris ma première licence à l’AS Evry. C’est notre ville de cœur. » Entraîneur de l’équipe première masculine en plus d’être directeur sportif du club évryen, Jérôme Foscolo est en parallèle employé par l’université d’Evry où il est employé administratif au SUAPS. Il coache aussi les équipes universitaires évryennes de futsal. « Je voulais absolument garder du lien social. En tant que coach, je m’y retrouve même si je suis beaucoup plus patient qu’au début ! C’était dur d’être sur le banc et de ne rien pouvoir faire. De se dire que l’on aurait pu faire mieux ou différemment. Mais encore une fois, j’ai la chance d’être là. Je profite », développe le dirigeant du Diamant, qui ne cesse de faire évoluer son club.

Avec plus de soixante titres masculins, féminins et handisport, le Diamant Evry Futsal rayonne en Ile-de-France, mais aussi dans l’Hexagone. L’an passé, l’équipe masculine -qui avait acquis son billet pour la D2 en remportant son barrage contre Beaucaire -aurait dû se trouver au sein de l’anti-chambre de l’élite français du futsal. Malheureusement, des soucis administratifs l’en ont empêché. « On reviendra plus fort, balaye Jérôme Foscolo qui voit grand pour l’une des associations phares de la ville d’Evry-Courcouronnes. Chez les filles, on veut continuer d’être la meilleure équipe de la région et de se qualifier pour le top 4 national. Chez les hommes, on veut faire monter l’équipe en D2 et la stabiliser à ce niveau. On souhaite aussi développer l’équipe handisport et maintenir ce lien social. »

Des objectifs que Jérôme Foscolo et sa famille veulent atteindre tout en gardant l’esprit familial qu’ils ont instauré au sein du club. « C’est un aspect important en plus de celui de profiter de la vie. Maintenant, j’ai une vie différente à cause de mon handicap. Mais j’aurais très bien pu ne jamais être ici. Il faut profiter de chaque instant dans la joie et la bonne humeur. »

Jérémy Andrieux

Jérémy Andrieux
Jérémy Andrieux
Journaliste sportif pour le Républicain de l'Essonne.