Nicolas et Fanny Pacaud, originaires de St-Germain-lès-Corbeil, sont parents de deux enfants qui avaient 4 et 8 ans, lorsqu’ils sont partis vivre outre-Atlantique. Nicolas revient sur cette aventure et encourage les personnes qui souhaiteraient faire le grand saut.
« On voulait relever de nouveaux défis. » C’est avec cet état d’esprit que la famille Pacaud a pris la décision, en 2016, de quitter son domicile à St-Germain-lès-Corbeil pour aller vivre outre-Atlantique. Nicolas, sa femme Fanny et leurs deux enfants, ont voulu mettre le cap sur la Floride. « La première fois qu’on est allé en vacances là-bas c’était en 2013. C’était un coup de cœur, on a voulu y vivre« , explique Nicolas, qui est né en Suède et est arrivé en France à l’âge de 8 ans. Afin de préparer leur départ, le couple engage un professeur particulier pendant un an et demi. « On n’avait pas pratiqué l’anglais depuis l’école. Nous n’avions pas le vocabulaire, ni l’oreille. Les expressions, la syntaxe, la prononciation… Beaucoup de choses sont différentes. »
Lors d’un séjour en 2014, ils en profitent pour rencontrer des avocats spécialistes de l’immigration. Pour obtenir leur visa entrepreneur/investisseur, ils devront dépenser au moins 100 000 dollars dans une entreprise américaine. « J’étais à mon compte dans l’impression depuis 7 ans et Fanny était aide-soignante au CHSF« , déclare Nicolas. « On a racheté un restaurant d’entreprise, qu’on a revendu quelques années après […] C’était un peu compliqué. C’est une branche avec des horaires importants et des clients pas toujours reconnaissants du travail fourni derrière« , juge l’homme de 43 ans. Installés dans la ville de Boca Raton, ils enchaînent alors les petits boulots : Nicolas travaillera notamment dans le service à la clientèle ou encore dans la conduite de limousines. Fanny, elle, apprendra le français à une famille avant d’être embauchée par l’école où sont scolarisés leurs enfants.
Ils créent leur société pendant la pandémie
Âgés de 4 et 8 ans quand ils sont partis, leur adaptation a été plus ou moins rapide. « Pour notre fils ça a été très vite. Il était en maternelle et en trois mois il parlait anglais. Pour notre fille, qui est plus timide, ça a bien pris six mois. Elle est arrivée chez les grands et était victime de moqueries de la part de ses camarades. Après une discussion avec la directrice, le problème a été très vite réglé. » Et la suite de leur histoire est justement liée à l’éducation. Alors que leurs enfants étaient inscrits dans une école franco-américaine, le couple avait des difficultés à trouver des livres et produits éducatifs en français. C’est donc suite à leur expérience qu’ils ont créé, en février 2020, la société My Bulle Toys, qui leur permet de vendre des livres et jouets éducatifs « avec une touche française« .
Ils commencent leur activité avec un site Internet avant d’acheter une boutique en août 2021. « On est beaucoup plus libre ici […] L’entrepreneuriat est plus valorisé […] Il y a une vraie différence de mentalités. » Leur activité fonctionne plutôt bien : le site Internet a fait son effet pendant la pandémie, malgré les difficultés de livraison, et la boutique physique a trouvé ses clients. En novembre dernier, ils se sont lancés dans les foires aux livres dans des écoles franco-américaines ou avec un programme d’immersion en français.
« Avec du travail et de la persévérance, on est toujours récompensé »
Sept ans après avoir quitté la France, Nicolas dresse le tableau des avantages et inconvénients. Cette dernière catégorie est alimentée par la nourriture qui diffère, le coût élevé des mutuelles de santé, la présence des armes, l’absence de boulangeries ou encore celle « du côté historique » du Vieux Continent. « Il n’y a pas de vieilles pierres. Corbeil [ndlr, le couple a grandi à Corbeil] n’était pas une très jolie ville mais quand j’y retourne, j’apprécie l’âme de la ville« , détaille Nicolas. Côté positif, le père de famille note des taxes moins importantes en Floride, une diversité impressionnante d’activités pour les enfants et un meilleur climat. Globalement, la qualité de vie dépendrait de la situation. « Si vous avez une situation stable, c’est mieux qu’en France […] Mais si vous avez des difficultés financières, vous êtes livrés à vous-mêmes, l’Etat ne vous soutiendra pas. » Il encourage tout de même ceux qui désireraient partir. « Avec du travail et de la persévérance, on est toujours récompensé.«