Portrait en Essonne : Thierry Citron, le chef d’orchestre du pastel

Thierry Citron est pastelliste et agriculteur. Il préside le salon Art et Matière 91 qui présente tous les ans peintures, sculptures, estampes et photographies.

 

Fin octobre, le pastelliste Thierry Citron, a exposé une vingtaine de tableaux au Japon, dans le quartier chic de Ginza à Tokyo. Plus tôt dans le mois, l’enfant de Maisse a proposé, comme chaque année, un stage de pastel à l’hôtel des Pins à Murol en Auvergne. Ses élèves étaient originaires d’Aquitaine, de Lorraine, mais aussi de Belgique. Son art passionne, sa pédagogie enchante.

 

Le pastel lui colle à la peau des doigts. Thierry Citron apprécie ce médium qui lui permet de travailler sur le motif, en extérieur et de pouvoir superposer les couleurs sans avoir à les diluer. C’est d’ailleurs une de ses signatures sur ses tableaux, il compose couche après couche ses dessins à l’aide d’un fixatif. Le pastelliste réalise une centaine d’œuvres dans l’année. Il s’intéresse à tout : les foules, les paysages en bord de mer, la musique, les jardins, les natures mortes… « Je ne recopie jamais de photos, je mêle l’abstraction et la figuration », indique-t-il.

Les tableaux en cours de Thierry Citron.

 

L’autodidacte donne chaque semaine des cours à Maisse, à l’étage d’un corps de ferme réhabilité en atelier d’artiste et appartenant à sa famille depuis plusieurs générations. Sur plusieurs chevalets, des tableaux en cours : des bateaux, des foules, des portraits. Thierry Citron a toujours vécu à Maisse, il est né dans la maison familiale et a continué l’exploitation agricole il y a plus de 40 ans. Producteur de céréales, de légumineuses et de graines oléagineuses, sous l’impulsion de son chef de culture, Gilles Roussin il a converti les champs à l’ agriculture biologique il y a près de six ans. Les dernières générations de la famille Citron ont toujours vécu dans le sud de l’Essonne, à Boigneville puis à Maisse, deux villages du parc naturel régional du Gâtinais français, un territoire qu’il chérit. 

Attaché à la commune de Maisse

Brigitte Duteil et Thierry Citron avaient déjà 50 ans lorsqu’ils se sont mariés en 2000. Chacun de leur côté, ils s’impliquent dans la vie locale avec le comité de jumelage de Milly-la-Forêt et ses environs – Morsbach pour Brigitte, professeure de lettres, normande de 73 ans et l’association Maisse- Histoire et Patrimoine pour Thierry, agri-artiste maissois de 70 ans. « Thierry est multi-casquettes : il aime la peinture, la musique, l’histoire, il a une mémoire phénoménale. Il est très cultivé, très fidèle à ses engagements et envers ses amis, souligne son épouse. C’est quelqu’un qui aime la continuité, il n’apprécie pas du tout les ruptures. C’est pour ça que nous vivons à Maisse.  » Le couple vit près de la ferme familiale et dans la maison voisine, il accueille une grand-mère et sa petite-fille, ukrainiennes, qui ont fui l’horreur de la guerre. La jeune fille âgée de dix ans est scolarisée à Maisse et suit les cours de pastel de Thierry Citron.

Fils unique né le 17 juin 1953, Thierry Citron a développé son goût pour l’art et le beau auprès des membres de sa famille. Sa mère excellait dans la couture et créait de beaux vêtements. Du côté paternel, c’est son grand-oncle Fernand Citron qui a su captiver le jeune Thierry avec ses photographies sur la vie à la campagne. Les œuvres de Fernand sont visibles du grand public à l’écomusée de Boigneville.

Enfant, Thierry Citron était un élève plutôt calme et taciturne. Souffrant de crises d’asthme et de bronchites à répétition, le jeune Thierry était souvent absent à l’école. C’est au lycée François 1er de Fontainebleau qu’il développera une passion pour l’art. Son professeur d’arts plastiques et d’histoire de l’art, Georges Galipon, lui transmet les bases du dessin et de l’accord des couleurs. Ses premiers tableaux, toujours en possession de Thierry Citron, sont réalisés à la plume et à l’encre de Chine. 

Ses indispensables : le pastel et la musique

A 25 ans, il reçoit sa première boîte de pastel et très vite, il achète de nouvelles couleurs. « J’ai vite compris qu’il me fallait de nouvelles nuances, confie-t-il. Il faut avoir une gamme complète, c’est comme au piano. » Le Maissois peint toujours en musique. Dans son atelier, il compose ses tableaux sur les notes de grands noms de la musique. Thierry Citron apprécie particulièrement Johann-Sebastian Bach, grand compositeur allemand de l’ère baroque. « Il est ma lumière, c’est comme un guide qui m’inspire », précise l’artiste. En plus de s’épanouir dans l’art du pastel, le ténor amateur aime chanter. D’ailleurs, il préside le Chœur du pays d’Etampes Exultate. L’association a été créée il y a 30 ans par un de ses grands amis, Jean Belliard, disparu en 2021. Depuis, la chorale perdure avec son nouveau chef Benjamin Woh. Le dimanche 17 décembre, à 16h, Exultate et l’ensemble choral des Portes de l’Essonne chanteront à l’église Saint-Martin d’Etampes des extraits d’Alceste de Christoph Willibald Gluck (événement gratuit).

 

Thierry Citron préside aussi l’association Art et Matière 91, à l’origine d’un salon d’arts annuel sur cinq communes du sud de l’Essonne qui fêtera ses 50 ans en 2025. A la tête de l’association de 1976 à 2014, il monte les salons chaque année, quitte le collectif pour se consacrer à son travail personnel, puis finit par reprendre le flambeau en 2021 pour maintenir ce salon de proximité qui lui tient à cœur. « On cherche à réunir une grande diversité de styles, c’est un plaisir de recevoir de grands artistes dans cette région aux confins de l’Ile-de-France », sourit l’amateur d’art. 

 

Les peintures et les sculptures sont exposées à la salle polyvalente de Maisse, l’art animalier est à Boigneville, l’estampe est présentée à Gironville-sur-Essonne, la photographie s’expose à Prunay-sur-Essonne et l’institut médico-professionnel de la fondation Léopold-Bellan, partenaire de l’association, expose les créations de ses jeunes dans ses propres locaux à Vayres-sur-Essonne. Cette année, la 48e édition aura lieu du 27 janvier au 4 février. Le salon Art et Matière regroupe 80 artistes ainsi que les enfants des écoles de Maisse et Courdimanche qui présentent une version junior. Les invités d’honneur sont le peintre passionné Jean-François Larrieu, la sculptrice spécialiste du raku Florence Lemiegre, la graveuse Annie Rosès connue pour ses estampes en noir et blanc et le photographe humaniste Claude Breteau, président de Mémoire et Patrimoine vivant à Corbeil-Essonnes.

 

Aurélie Corvisy
Aurélie Corvisy
Journaliste dans le Sud de l'Essonne. Elle travaille au sein de la rédaction depuis 2019. Pour lui proposer un sujet d'article sur son secteur : [email protected].