Le prêtre de la cathédrale Saint-Spire est un féru de l’histoire des villes et des villages du département.
Frédéric Gatineau fait partie de ceux qui savent parler en public, captiver l’attention et la conserver jusqu’au bout. Il a soif d’apprendre, car il « a conscience qu’il ne sait pas tout » et que « le savoir est sans fin ». L’homme, qui vient de fêter ses 58 ans le 9 août, est prêtre à la cathédrale Saint-Spire à Corbeil-Essonnes depuis trois ans. Il affectionne tout particulièrement cette commune où toutes les cultures se mêlent au sein de la paroisse. Depuis plus d’une décennie, il est aussi président de la Société historique et archéologique de l’Essonne et de l’Hurepoix (SHAEH), fondée en 1894. Il s’agit de la plus ancienne association dédiée à l’histoire et au patrimoine du département.
Franck Senaud, artiste-peintre et professeur d’Histoire de l’Art et des Idées, a fait appel à lui pour l’élaboration de son livre « Dessein d’Essonne », qui retrace l’histoire de l’architecture dans le département entre 1790 et 1968. « C’est le seul qui a une connaissance concrète de l’Essonne, confie l’auteur. Il fait les liaisons entre les périodes historiques. C’est un faiseur de liens très précieux ! » Le père Gatineau a par ailleurs écrit la postface du livre.
L’aventure au bout de chaque rue
Né dans une famille d’agriculteurs peu pratiquante à Brouy, village de moins de 200 habitants du sud de l’Essonne à la limite du Loiret, il est le dernier d’une fratrie de quatre enfants. Il a côtoyé les rangs de l’école de Blandy avant d’aller au collège et au lycée de Guinette à Etampes.
Dès le plus jeune âge, il éprouve un grand intérêt pour la foi catholique et « l’histoire de tout près ». Frédéric Gatineau veut devenir prêtre et connaître le passé des rues, des bâtiments et des églises qu’il explore. Il se rend vite compte que le patrimoine de proximité est riche : « Je dirais même exceptionnel ! Et j’ai eu la chance d’être à une époque bénie où je passais mon temps libre dehors à vélo autour de Brouy et d’Etampes ».
L’Essonne dans la peau
C’est vers l’âge de 10 ans qu’il lit son premier bulletin de la SHAEH. L’association met en lien les associations historiques locales, intervient dans des conférences et publie des bulletins de plus ou moins 100 pages à destination du grand public curieux et des chercheurs. L’ensemble des ouvrages est consultable aux Archives départementales de l’Essonne et le numéro 93 sort cet automne. Les ouvrages mettent en avant les villes et les villages de l’Essonne, leurs édifices, les sites préhistoriques, les châteaux, la vie de personnalités publiques, mais aussi celle des agriculteurs et des habitants. Dans les dernières publications, Frédéric Gatineau parle des travaux des églises au XVIIIe siècle. En parlant de rénovation d’église, il a longtemps échangé avec le peintre Philippe Lejeune sur la manière de représenter Saint-Michel en train de peser les âmes sur un vitrail de l’église Notre-Dame d’Etampes.
Frédéric Gatineau prend sa carte d’adhérent à la SHAEH à 24 ans, sans imaginer qu’il en serait un jour le président. Comme son père natif de Brouy, il aime raconter des histoires et être en contact avec les gens. Alors il partage ses trouvailles. Au fil de ses balades, il se passionne pour l’Essonne. Le département, né en 1966, n’a pas d’ouvrage sur son histoire globale. L’ecclésiastique rêve donc de voir la création d’un musée départemental. « Connaître ce qu’il y a autour de soi est un plus dans la vie. On porte ensuite un regard différent sur ce qui se passe, affirme-t-il. Nous avons un département récent avec des paysages très variés et des gens de toutes les tendances. L’Essonne porte le nom d’un confluent, d’une rivière qui tient sa source de deux cours d’eau, nous représentons une convergence et nous pouvons être fiers ! »
Prêtre et historien
En attendant qu’un musée sorte de terre, Frédéric Gatineau a fait le choix, il y a trente ans, de se lancer dans une collection de livres qui évoquent l’Essonne depuis l’année de création du département. Il en possède plus de 30 000. Il n’a pas de livre préféré, « cela dépend du moment et de l’humeur ». Ce grand lecteur arpente souvent les brocantes, c’est l’homme qui vient jeter un œil dans les cartons de livres et demande : « Avez-vous des ouvrages qui parlent d’une commune en Essonne ? ». Cela peut-être un roman, une bande dessinée, une biographie, des correspondances… Il prend le temps de tout lire et la bibliothèque prend de plus en plus de place. Il a heureusement trouvé un nouvel espace. Le signe que la collection peut perdurer !
Avant de devenir prêtre à Corbeil-Essonnes en 2020, il a orchestré les messes à Dourdan durant 6 ans, à Etampes pendant 8 ans et à Longpont-sur-Orge près de 14 ans. Il prône le vivre-ensemble, la paix et l’ouverture d’esprit. Le dimanche 17 septembre, à l’occasion des Journées européennes du Patrimoine, Frédéric Gatineau organise une balade de 2h30 “sur les traces des églises disparues du Vieux Corbeil”. Pas besoin de réservation, rendez-vous à 14h devant la mairie de Corbeil-Essonnes !