À Bondoufle, Claude Offroy est le cœur battant de l’Association Folklore, une organisation qui récolte chaque année des fonds pour soutenir un foyer de jeunes filles sur les hauts plateaux du Vietnam.
« Généreuse, lumineuse, bienveillante et remplie d’une énergie qui ne s’épuise jamais, telle est Claude ». C’est ainsi que ses copines de la danse folklorique la décrivent. Avec son sourire chaleureux et son regard turquoise étincelant, Claude incarne la joie de vivre.
À 74 ans, cette femme dynamique reste infatigable. Entre course à pied, marche, gymnastique volontaire et danse folklorique, elle entretient une forme dont tout le monde rêve à son âge. La danse est inscrite dans son histoire familiale. Enfant, elle s’imprégnait déjà de cette passion auprès de ses parents, amateurs de compétitions de danses de salon. Chaque été, les vacances en famille en Bretagne ont renforcé son lien avec les rondes traditionnelles, un héritage qu’elle perpétue avec enthousiasme aujourd’hui à Bondoufle, ville où elle vit depuis bientôt 50 ans.
Claude Offroy est née le 11 mars 1950 à Choisy-le-Roi. Elle fait 33 ans de carrière dans l’industrie pharmaceutique Rhône-Poulenc à Vitry-sur-Seine, qui sera par la suite fusionnée pour intégrer le groupe Avantis, puis Sanofi, nom connu à présent. Elle est arrivée dans l’entreprise après avoir raté son baccalauréat. Sa mère qui travaille au laboratoire demande à la direction si elle peut recruter sa fille. Avec des facilités en sciences naturelles, en physique et en chimie, elle entame des études du soir en plus du travail la journée et son rôle de maman avec deux enfants nés avec deux ans d’écart. Il lui aura fallu 8 ans pour obtenir l’équivalent d’un bac+5 et devenir chercheuse. « Quand je faisais mes études, c’était pour m’amuser et à chaque nouveau diplôme, j’ai évolué dans ma carrière, mais je n’ai jamais aimé le métier, on était loin du respect du développement personnel des employés : 3min25 de retard dans le mois alors que je restais une heure de plus chaque soir et je perdais ma prime d’assiduité. Heureusement, on s’amusait quand même dans le labo », se souvient-elle.
Il aura fallu attendre les années 1990 pour que la société recrute un responsable de formation et là, c’est la révélation. « Il avait l’air tellement humain comparé aux autres, je trouvais son métier incroyable, alors j’y suis allée au culot en disant qu’avec mon parcours, je pouvais être précieuse et je lui ai demandé de m’apprendre son métier, explique-t-elle. Deux ans plus tard, j’étais responsable de formation et je n’ai pas regretté ce métier une seule minute. Je trouvais une certaine liberté que je n’avais pas dans mon travail de fourmi en laboratoire, je menais mon métier comme je l’entendais. »
Claude Offroy finit par ouvrir sa propre société de consultante en coaching professionnel à l’âge de 50 ans, JVB Conseil. Depuis plus de 20 ans, elle encourage le plus grand nombre à suivre sa propre voie, pas en fonction des parents ou des copains, mais selon ses envies. Elle intervient dans les entreprises qui la sollicitent pour encourager les employés à se former et évoluer loin de la monotonie. « Quand on vient me voir, je dis toujours : pense d’abord à toi ! Et ce n’est pas parce que tu es bon en chimie que tu deviendras un grand savant ou que travailler dans le domaine te plaira, appuie-t-elle avec conviction. C’est ce que j’ai répété à mes trois petites-filles, faites ce que vous avez envie, même en stage de troisième ! »
Le folklore au service de l’éducation
Son travail chez Rhône-Poulenc lui a permis de voyager dans les quatre coins du monde : en Europe, aux Etats-Unis et en Asie. Le Vietnam était un rêve pour son mari Daniel qui s’enchante de voir les frontières du pays s’ouvrir enfin. Lors d’un voyage organisé avec le comité d’entreprise en 1997, le couple découvre le pays et souhaite découvrir des villages authentiques, loin des lieux touristiques. C’est ainsi que deux ans plus tard, Claude, son mari et leurs amis ont pu faire la connaissance d’enfants qu’ils ont parrainé pour leur permettre d’aller à l’école. Ils sont bouleversés et souhaitent s’investir au-delà du parrainage. Au Vietnam, des minorités sont en marge de la société, notamment les ethnies Bahnar et Jaraï, concentrées dans les hauts plateaux de la région du centre-sud. A Kon Tum, une communauté catholique scolarise des jeunes filles, en partie issues de ces minorités. Claude Offroy décide de créer une association de danse folklorique, dont les cotisations et les dons lors des soirées de danse sont reversés.
Au démarrage, l’Association Folklore de Bondoufle ne comptait que 8 membres. Aujourd’hui, elles sont une vingtaine à avoir adopté la personnalité de Claude. « Le folklore, c’est avant tout un groupe convivial. Tout le monde peut danser : il suffit de se donner la main », souligne la fondatrice et présidente de l’association. Dany a rejoint l’association en 2018, confirme : « Je n’ai pas eu de mal à m’intégrer dans le groupe, elles sont devenues des copines, on prend soin des unes des autres, on fête les anniversaires, c’est convivial ! Claude est une nana vachement engagée, très dynamique et fédératrice. » « A chaque cours, elle écoute et s’enquiert de notre santé et notre moral. C’est important pour elle ! », ajoute son amie Marie-Noëlle.
Un internat ouvert à Kon Tum en 2011
Les adhérentes sont plus qu’un groupe de danseuses, elles soutiennent une bonne cause, celle de subvenir aux besoin des jeunes filles du foyer de Kon Tum. Grâce à leur investissement, la communauté a construit en 2011 un internat pour accueillir les jeunes filles en âge d’aller au collège et au lycée. Elles y sont nourris, logées et blanchies et ainsi, proches des établissements scolaires, dans lesquels les Bahnar et les Jaraï sont enfin acceptés. « Comme dit sœur Inocentia, on n’envoie pas un enfant à l’école le ventre vide et c’est ce qu’on fait », sourit Claude. La première fois qu’ils sont venus voir la communauté, les enfants ont vite pris ce qui était dans les valises arrivées de France, chargées de produits d’hygiène et d’affaires scolaires. « Je me souviens que la première fois que nous sommes venus, la sœur Inocentia nous a dit : vous êtes venus, ne nous abandonnez pas, c’était il y a 25 ans, nous sommes toujours là et maintenant, les enfants nous préparent une grande fête à chaque fois », précise la Bondoufloise.
Pour financer la construction de ce foyer, Claude et ses amis ont organisé une première fête de danse folklorique à Bondoufle. Cela ne s’est jamais arrêté depuis. L’Association Folklore a permis aux sœurs et aux jeunes filles d’avoir au sein de l’école des livres scolaires, des jeux en plein air, des machines à coudre, une bibliothèque, une infirmerie et une moto pour faciliter les trajets. Une fois le foyer construit, les dons ont permis d’aménager les locaux avec des chambres et de financer les fournitures scolaires comme des uniformes et des ordinateurs.
Claude Offroy s’apprête à passer le flambeau de JVB Conseil, mais son action pour Kon Tum ne faiblit pas. À chaque visite, elle retrouve les jeunes filles. Grâce à l’association, le foyer accueille aujourd’hui 105 pensionnaires, offrant un avenir à celles qui étaient autrefois exclues.
Ainsi, Claude Offroy prouve que, même depuis une petite ville de l’Essonne, on peut changer des vies à l’autre bout du monde, une danse après l’autre.
Pour aider l’association folklore de Bondoufle, vous pouvez envoyer un don via ce lien.