Portrait : Ania Mouravnik, une game designer yerroise sollicitée de Paris à Miami

Née à Moscou, Ania a su conjuguer son parcours au savoir-faire russe pour se développer dans le milieu de l’escape game.

Le 17 septembre, l’escape game Secret Jeegs accueillait ses premiers clients à Draveil. En poussant les portes des quatre différentes salles, les participants se retrouvent immergés dans un laboratoire secret. Les locaux, ceux de l’ancienne mairie, ont été totalement transformés pour les besoins du jeu d’évasion. Parmi les différents acteurs du projet, on trouve Ania Mouravnik, une game designer yerroise. C’est elle qui est à l’origine, entre autres, du développement des scénarii proposés chez Secret Jeegs. Début octobre, elle a pris le temps de nous raconter son histoire, son lien avec la Russie, sa passion pour les jeux vidéo, son expérience avec les escape game ou encore la création de ses sociétés.

Ania pousse son premier cri à Moscou (Russie), le 29 juin 1989. Ses parents arrivent en France en 1991, à l’explosion du bloc soviétique. Après quelques mois passés dans le Val d’Oise, la famille s’installe à Montgeron, au Moulin de Senlis. « C’était humide et froid. Il y avait beaucoup d’immigrés du bloc soviétique« , se souvient la femme de 33 ans. Inscrite au lycée de la ville, Ania obtient son baccalauréat puis prend la direction de la capitale pour ses études supérieures, avant de revenir à Montgeron, appelée par « la verdure« . Pendant ses trois années d’études, elle fréquente l’ISART Digital, école des métiers du jeu vidéo, un sujet qui la passionne.

Les escape game, une activité très développée en Russie

« Les jeux vidéo ont toujours fait partie de ma vie« , lance celle qui affectionne particulièrement ceux de construction et d’action. Lors de sa troisième année d’étude, Ania intègre la toute nouvelle filière proposée par son établissement : le web design. « C’était un mélange de design et de programmation, avec du HTML, des jeux flash et le côté graphique. »

En décembre 2014, elle découvre les escape game à Moscou, où elle revient régulièrement. A en croire la game designer, l’activité s’est très vite développée sur le territoire russe. « Trouver un local est très simple, le coût du game master est faible, les salles sont réservables 24h/24 et les Russes sont en avance sur la programmation électronique. » Celui auquel participera Ania ne la transcendera pas mais il provoquera le déclic. « Il était nul. Le lieu n’était pas dépaysant, les énigmes étaient basiques, il n’y avait pas de musique… » A son retour en France, Ania se met à chercher une salle. Le 1er février 2015, elle ouvre à Paris son escape game « Team-time ». L’endroit dispose de deux salles,  les scenarii ont été inspirés d’un autre escape game russe, dont Ania a gardé contact avec l’équipe. Le succès est au rendez-vous. « Pendant les vacances de décembre, on était complet de 10h à minuit. »

Deux sociétés créées

Au gré des rencontres, les missions se multiplient pour Ania. Elle travaille de plus en plus avec les Russes d’Escape room doctor, qui deviennent ses fournisseurs. « On écrit le scénario général, puis je le traduis en russe et eux le mettent en place. Ils chargent tous les éléments dans un semi-remorque et ça part en France, Suisse, Belgique… Une de nos salles vient d’ouvrir à Miami par exemple ! » En plus de ce travail sur le scénario, Ania accompagne de A à Z le gérant dans le lancement de son escape game (recherche de local spécifique, installation du décor, du mobilier, de l’électronique…). En 2021, elle s’associe avec Arthur Perier, pour la création de leur société InGame design. « Avec cette entreprise, on s’est diversifié. On propose de la réalité virtuelle, de la chasse au trésor, des jeux ludo-éducatifs, des jeux préventifs… »

Actuellement, Ania travaille au développement d’un jeu d’évasion en forêt, avec cabanes et éléments dans l’eau. La boucle semble bouclée pour celle qui, à sept ans, dessinait déjà des labyrinthes avec énigmes.

_______________________________________________________________________ Le saviez-vous ?

« Mon domaine est très vaste, c’est juste une manière de présenter… », nous expliquait Ania. En effet, après avoir discuté avec elle, c’est ce qu’on a conclu du métier de game designer, tellement ses interventions sont diversifiées. Ainsi, on peut retrouver son travail dans le milieu de l’œnologie, avec la création de salles éphémères et d’énigmes autour des vins. Mais aussi dans celui de l’écologie avec les collectivités qui cherchent à inculquer des réflexes plus verts à leurs employés. « Quand tout est « gamifié », ça intéresse beaucoup plus les gens.« 

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