Entrepreneure engagée dans le domaine du développement durable, Carole Riehl porte l’ambition de changer les pratiques de la filière de l’optique pour les rendre en phase avec les attentes d’aujourd’hui et de demain.
Loin des effets de mode, il y a des personnes pour qui le développement durable, l’action pour préserver l’environnement et les ressources de la Terre sont une évidence. C’est le cas de Carole Riehl. Cette habitante de Saint-Cyr-sous-Dourdan a toujours été sensible à ces sujets. « J’ai toujours aimé la nature, mais je n’avais jamais fait la corrélation avec mon travail », confie-t-elle.
Mais au fil du temps, les petits détails du quotidien, les petites choses qui pourraient sembler anecdotiques s’accumulent. La vision d’une marée de déchets dans l’océan Indien lors d’un voyage aux Maldives pour aller à la rencontre de dauphins fait partie de ses images qui ont marqué Carole. Toutes ces découvertes, ces mini-prises de conscience l’ont poussé à s’engager, d’abord avec son blog les Lunettes écologiques pour inciter les professionnels à élargir leur gamme de produits et les porteurs de lunettes à devenir de vrais consomm’acteurs. En 2019, elle crée finalement le label Optic for Good, ouvert aux fabricants de montures et, depuis 2021, aux opticiens.
Faire prendre conscience de la filière des enjeux futurs
Aujourd’hui, 11 marques sont labellisées par Optic for Good ainsi que 23 opticiens se trouvant en France ou dans des pays francophones. « Mon but, c’est de fédérer les personnes qui partagent les mêmes valeurs que moi. Avec eux, je souhaite créer une communauté de confiance et faire avancer ces valeurs vers le consommateur », souligne-t-elle.
Son humilité l’en empêche sûrement, mais c’est une véritable révolution culturelle que Carole Riehl essaie d’impulser dans le domaine de l’optique en prônant ce développement durable au quotidien, dans chacune des actions des acteurs de la filière. « Pour l’instant, c’est une notion nouvelle dans notre métier », avoue-t-elle. Chez les plus grands acteurs du domaine, il peut exister la tentation de la communication d’affichage, ou du greenwashing, mais elle sait qu’avec Optic for Good elle a un large espace pour agir.
En effet, sur les 12 000 opticiens, environ, qui ont pignon sur rue en France, la moitié sont des indépendants. C’est vers ceux-là que Carole Riehl veut mener son action. Et il y a tellement de choses à faire chez un opticien pour travailler durablement. Les choix des montures dans la gamme proposée à ses clients, le nettoyage des lunettes, l’attention à la consommation électrique, la réduction des déchets…
« Optic for Good peut motiver les acteurs de la filière à aller plus loin et plus vite », Carole Riehl
Evident, « mais un opticien porte son attention sur le mois en cours, et l’évolution de son chiffre d’affaires par rapport à l’année précédente ». Entrepreneuse, Carole Riehl défend globalement une autre manière de consommer et de vendre. « Un produit durable, c’est un achat investissement. Cela signifie aussi que l’opticien doit faire évoluer son discours auprès de son client », ajoute-t-elle. Au professionnel de distinguer le client qui sera réceptif à un tel discours. Cela nécessite une démarche intellectuelle au-delà de l’acte de vente et de se projeter dans le « slow marketing », faire passer un message profond et sincère et qui a du sens.
Vu de l’extérieur, l’ambition portée par Carole Riehl et Optic for Good peut sembler être un Himalaya dont le sommet semble très loin. « Même si ma communauté est petite, aujourd’hui chacun de ses membres se sent moins seul. Je vois le changement s’opérer et lors de ma participation au mondial de l’optique, le SILMO Paris, j’ai pu avoir beaucoup d’échanges et de questions de professionnels », indique-t-elle. Et si certains sont dubitatifs et ne voient qu’une tendance marketing, ils sont de plus en plus nombreux à prendre conscience de l’enjeu qui se pose à chacun d’entre-nous.
Elle entend bien doubler le nombre de marques et d’opticiens labellisés par Optic for Good d’ici la fin de l’année, et, à l’échéance 2025, c’est un développement à l’échelle européenne qui est l’objectif. « Ensemble, nous pouvons avoir un impact plus fort, et Optic for Good peut valoriser les créateurs et motiver les acteurs de la filière à aller plus loin et plus vite », conclut Carole Riehl.