Anciens pros devenus entraîneurs, ils racontent un moment marquant de leur carrière de joueurs. Cette semaine, David Fanzel, l’entraîneur de l’équipe féminine du FC Fleury 91, revient sur l’exploit réalisé avec le FC Gueugnon contre le Paris Saint-Germain en finale de la Coupe de la Ligue 2000.
Après avoir participé à la montée du FC Gueugnon en D1 durant la saison 1994-1995, David Fanzel, l’actuel entraîneur des féminines du FC Fleury 91, a fait partie de la grande épopée du club forgeron lors de la Coupe de la Ligue 2000 avant de raccrocher les crampons à 33 ans.
Si le Stade de France restera à jamais associé à la Coupe du monde 98 et à la victoire des Bleus d’Aimé Jacquet, l’enceinte sportive de Saint-Denis est aussi le théâtre des finales des deux coupes nationales. Et il en est une qui a marqué le football français : la finale de la Coupe de la Ligue entre le Paris-Saint-Germain et le FC Gueugnon, le 22 avril 2000. Ce soir-là, les Forgerons vont réaliser un authentique exploit contre les Parisiens de Jay-Jay Okocha. Vainqueur 2-0 grâce à des buts de Marcelo Trapasso (65e) et Sylvain Flauto dans le temps additionnel, Gueugnon sera le premier et unique club de D2 à remporter la Coupe de la Ligue en vingt-six éditions.
« Le match parfait »
« On a fait le match parfait le jour-J, se souvient David Fanzel, l’un des quatorze Gueugonnais à avoir disputé cette finale. Toutes les planètes étaient alignées ce soir-là. Même si on réalise un exploit, la victoire est méritée. On a fait un bon match. On a joué sans pression. L’entraîneur, Alex Dupont, n’arrêtait pas de nous dire « N’ayez pas de regrets à la fin ». » Point de regrets pour les Bourguignons qui, à l’image de leur gardien, Richard Trivino, vont réaliser un match énorme. « On a montré les valeurs du FC Gueugnon, combativité, solidarité. On n’a rien lâché. On avait aussi une équipe insouciante qui attaquait. Offensivement, on avait de bons joueurs comme Amara Traoré (ndlr : meilleur buteur de D2 cette saison avec 17 réalisations) », s’enthousiasme David Fanzel. Le latéral droit n’a pas ménagé ses efforts durant toute la rencontre face à Laurent Robert. « Contre ce genre de joueur, les premiers duels sont décisifs. Je n’allais pas très vite mais j’ai d’autres qualités. J’ai fait du Fanzel (sourire). J’ai mis quelques tampons d’entrée pour lui montrer qu’il allait vivre une soirée difficile. »
Après l’ouverture du score, Paris pousse pour égaliser. En vain. C’est même Gueugnon qui double la mise dans les arrêts de jeu avant que l’arbitre délivre tout un peuple. « Au coup de sifflet final, je suis tombé par terre, se souvient David Fanzel. On ne se rend pas tout de suite compte de l’exploit, on est juste heureux d’avoir gagné et d’avoir donné du bonheur à tout le monde, à sa famille, à ses amis présents au Stade de France. » Parmi eux sa mère, son fils de 7 ans, son ex-femme et son frère Laurent qui avait affrété un bus et une camionnette du club d’Amnéville (Moselle) dont il était le président pour emmener une centaine de proches à Saint-Denis.
Blessé au genou six mois plus tôt
Une joie immense qui fait remonter tous les sacrifices d’une carrière. « Mon frère aurait dû devenir professionnel à Sochaux mais il a dû reprendre l’entreprise familiale à la mort de mon père en 1971 », confie, ému, David Fanzel. Un père italien arrivé en France dans les années 50 pour trouver du travail. « Mes parents m’ont donné le goût de l’effort. Ça m’a nourri durant toute ma carrière. » Une carrière professionnelle qui va donc s’achever en apothéose sur la pelouse dyonisienne.
La communion avec les Gueugnonnais
« Je n’avais jamais rien gagner. Pour un joueur comme moi qui n’a joué que 70 matchs en D1, c’était exceptionnel », lance le coach de Fleury, qui se rappelle des trois jours de fête qui ont suivi, d’abord à Paris, avec un passage par le Lido et quelques plateaux télé, puis à Gueugnon où la communion avec les habitants dans un stade Jean-Laville plein (15 000 personnes) a été « magique » et reste « inoubliable » comme cette dernière saison si particulière. « A l’intersaison 1999, j’avais prolongé au Mans, avant de finalement résilier mon contrat. Trois jours après, je signe à Gueugnon où j’avais gardé de très bons contacts avec les dirigeants depuis mon premier passage (1993-1996), mais le jour de mes 33 ans, le 9 novembre, je me fais les croisés à Laval. Je pensais me faire opérer et que ma saison était terminée mais je n’avais qu’une rupture partielle. J’ai été absent deux mois avant de connaître six derniers mois de folie. » Gueugnon gagne à Marseille en 16e de finale de la Coupe de France (4-3) avant de perdre aux tirs au but en 8e à Nantes, futur lauréat, puis remporte la Coupe de la Ligue et finit 5e du championnat, ratant de peu une nouvelle accession. « Mais entre la montée en D1 (1996) et cette Coupe de la Ligue, j’ai connu mes plus beaux moments de footballeur. Vingt ans plus tard, on en parle encore avec mes anciens coéquipiers. On a fêté les dix ans de ce titre en 2010 et on devait se retrouver l’an dernier pour fêter les vingt ans mais le Covid en a décidé autrement. Ça ne nous a pas empêché d’organiser un « apéro Zoom ». J’espère qu’on pourra faire une vraie fête cet été. »
Aymeric Fourel
David Fanzel vu par Yannick Chandioux
« On l’appelait « papy » »
« David a laissé une très belle image de ses deux passages à Gueugnon. Il aura marqué l’histoire du club sans aucun doute. » L’ancien milieu de terrain Yannick Chandioux, qui a fait l’essentiel de sa carrière chez les Forgerons, ne tarit pas d’éloges sur son ancien coéquipier et ami de vingt ans qu’il a connu au centre de formation gueugnonnais. « Il y logeait, moi j’étais un jeune pensionnaire de 18 ans qui venait de passer pro. David était assez proche des jeunes à partir du moment où l’on était respectueux et travailleur. On l’appelait « papy ». On n’était pas de la même génération (ndlr : ils ont neuf ans d’écart) mais on est toujours restés en contact. » Désormais entraîneurs en D1 Arkema, les deux amis se sont croisés à deux reprises. « Je l’ai battu une fois avec Dijon quand il était à Metz et il m’a battu cette saison avec Fleury. Le 13 mars à Dijon, lors du match retour, ce sera donc la belle et l’occasion de boire une bière et de refaire le monde », sourit Yannick Chandioux.
A.F.