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    Le jour de gloire (1/4) : Malaga se souvient de Dorado

    Anciens pros devenus entraîneurs, ils racontent un moment marquant de leur carrière de joueurs. Pour le premier rendez-vous de notre série, rencontre avec Emmanuel Dorado, l’entraîneur de Sainte-Geneviève Sports Football, qui revient sur son titre de champion d’Espagne de Division 2 avec Malaga lors de la saison 1998-1999.


    Titulaire en charnière centrale avec Malaga lors de la saison 1998-1999, Emmanuel Dorado, l’actuel entraîneur de Sainte-Geneviève Sports, aura marqué l’histoire du club andalou. Champion d’Espagne de Deuxième division cette année-là, il a contribué à sa remontée dans l’élite.

    « Je suis fier de la première partie de ma vie. Avec le temps, je me rends compte que j’ai été un privilégié. » C’est avec un large sourire et les étoiles pleins les yeux que Emmanuel Dorado se remémore « l’une des plus belles saisons » de sa carrière. Lors de l’intersaison 1997-1998, Emmanuel Dorado – 25 ans à l’époque – débarque à Malaga, en D2 espagnole, en provenance d’Alméria, qui évoluait au même niveau. Malaga, club historique de la péninsule ibérique, compte quelque 22 000 socios et d’importants moyens économiques. Et pourtant, Emmanuel Dorado a bien failli ne jamais porter les couleurs bleu céleste et blanche. « La veille de signer à Malaga, Levante me contacte et me propose le double de ce que j’allais gagner. Mais je m’étais déjà engagé avec Malaga et j’ai tenu mon engagement », se rapelle Dorado. Le défenseur central formé au Paris-Saint-Germain a réalisé une saison pleine, disputant trente-deux matchs sur quarante possibles. Dorado s’inscrit comme un titulaire indiscutable de la défense andalouse.

    Convoité par La Corogne
    A tel point qu’il aurait pu quitter Malaga pour le Deportivo La Corogne (D1 Espagne) dès le mercato hivernal. « Le dernier soir du mercato, ma valise était prête pour aller à La Corogne. Jusqu’à 23h59, le transfert était en bonne voie… et puis cela ne s’est pas fait. Malaga s’est montré trop gourmand dans les négociations, révèle Dorado, qui garde un sentiment mitigé de ce transfert avorté. D’un côté, je regrette car j’aurais pu découvrir la D1 avec La Corogne qui, à l’époque, était un très grand club. De l’autre, je ne regrette pas car j’ai vécu des grandes émotions lors de la deuxième partie de saison avec un titre de champion. »

    Emmanuel Dorado et ses partenaires avaient paradé dans les rues bondées de Malaga pour fêter le titre. ©DR

    Lors de cette épopée certains matchs ont marqué plus que d’autres la mémoire d’Emmanuel Dorado. Notamment une rencontre en début de saison face à Majorque (2-1) où l’ancien Parisien avait fait preuve d’une grande maîtrise défensive. Le défenseur central malaguène avait complètement fait déjouer le duo offensif Albert Luque/Diego Tristan.
    « C’est le match qui a fait de moi un titulaire à Malaga. Il y avait beaucoup d’attente autour de moi concernant cette rencontre. J’ai répondu présent et j’ai marqué des points pour la suite », se souvient-il avant d’évoquer un autre match clé de cette saison. Celui du titre contre Albacete (3-2). « La ville attendait ça depuis des années. La Rosaleda (ndlr : le stade de Malaga) est entrée en fusion. Il y a eu un envahissement de terrain. à l’époque, je l’avais vécu de façon normale. Mais avec le recul, je suis vraiment impressionné. Plus de vingt ans après, on m’en parle encore. Quand je reviens à Malaga, il m’arrive que l’on m’interpelle dans la rue car on me reconnaît ! A croire que je n’ai pas trop changé (rires) ! Je regrette vraiment d’avoir relativisé quelque chose qui était fabuleux ! »

    Plusieurs jours de fête
    Avec cinq points d’avance sur la réserve de l’Atlético Madrid, Malaga termine la saison 98-99 avec le costume de champion de D2. Un résultat qui permet aux Andalous de retrouver la première division, neuf ans après l’avoir quittée. « On a rendu des milliers de personnes heureuses. Lors de la parade en bus dans les rues de Malaga, c’était incroyable. Il y avait tellement de gens que l’on s’entait le bus bouger. On s’est dit qu’il y allait avoir des morts ! On vivait un truc de fou ! » En guise de remerciement, le président de l’époque avait offert un cadeau spécial à Emmanuel Dorado et ses partenaires. Une montre Breitling© frappé de la mention « Montée 98/99 Malaga CF ». « Je la porte souvent. C’est l’un des objets qui comptent dans ma vie. Cette montre me rappelle ce que j’ai accompli dans ma carrière. »

    Jérémy Andrieux


    Emmanuel Dorado vu par Brahim Thiam

    « Un défenseur rugueux mais dans les règles de l’art »

     

    Coéquipier d’Emmanuel Dorado lors de son passage à Malaga, le défenseur central Brahim Thiam garde un très bon souvenir de l’actuel entraîneur de Sainte-Geneviève. « C’était un défenseur central rugueux mais dans les règles de l’art. Un très bon coéquipier. Il avait beaucoup de qualités défensives en étant à l’aise balle au pied. Il était dur sur l’homme mais toujours avec des interventions propres. » L’ex-joueur du Red Star, d’Istres ou encore de Caen retient également de nombreuses qualités humaines chez Emmanuel Dorado. « Cette année-là, on était les deux Français du vestiaire. Manu arrivait d’Almeria et moi de Levante. On a passé beaucoup de temps ensemble car on habitait à seulement 500 mètres l’un de l’autre. On a fait plusieurs sorties ensemble comme aller au resto ou boire un petit coup, se rappelle l’ex-consultant de BeIN Sports. C’est un type génial. Un mec qui est fidèle et droit. C’est pour ça qu’il réussit en tant qu’entraîneur. D’ailleurs, sans faire injure à Sainte-Geneviève, je pense que Manu a les qualités pour entraîner un club de plus haut niveau. »

    J.A.

    Jérémy Andrieux
    Jérémy Andrieux
    Journaliste sportif pour le Républicain de l'Essonne.