Shirine Boukli (FLAM 91) se prépare depuis trois ans pour décrocher le titre olympique dans la catégorie des -48kg, ce samedi à l’Arena du Champ de Mars de Paris.
Cécile Nowak, Cathy Fleury, Marie-Claire Restoux dans les années 90. Lucie Decosse, Emilie Andéol, Clarisse Agbégnénou plus récemment. Ces six judokates françaises ont toutes en commun un titre olympique. Shirine Boukli espère les imiter ce samedi. La pensionnaire du FLAM 91 fait partie des prétendantes au titre chez les moins de 48 kg. « Devenir championne olympique, c’est un rêve, le plus beau de mes rêves. Pour un sportif, il n’y a rien de plus beau », confie Shirine Boukli qui, en cas de victoire finale, serait la première médaillée de l’équipe de France de judo. Ce serait « stylé », sourit la triple championne d’Europe. Le film idéal serait même de gagner par ippon en finale. »
Eliminée au premier tour des Jeux de Tokyo, en 2021, la native d’Aramon (Gard) a su vite rebondir depuis en décrochant une première médaille mondiale — l’argent — à Doha (Qatar) l’an passé avant de remporter un troisième titre européen à Montpellier en novembre dernier. « Shirine a un tempérament de gagnante, apprécie Kilian Le Blouch, son entraîneur au FLAM 91. Après Tokyo, elle s’est tout de suite remise au travail et est revenue assez vite à la compétition pour montrer qu’elle était la leader de sa catégorie et étouffer la concurrence. » Pari réussi puisque le comité de sélection de la Fédération française de judo lui a renouvelé sa confiance pour les Jeux de Paris à l’issue des championnats d’Europe 2023. « Ça m’a enlevé un poids. Je n’étais plus obligée de prouver que j’étais la meilleure. C’était rassurant car je pouvais préparer officiellement les Jeux. On a besoin de temps pour préparer cette échéance. Avant Tokyo, j’étais en concurrence avec Mélanie Clément jusqu’à la fin. » Elle y a sûrement laissé de l’énergie. « Il y a trois ans, Shirine manquait d’expérience. Elle a aussi connu des défaillances dans la gestion de ses émotions. Elle est tombée sur une roublarde (ndlr : la Serbe Milica Nikolic) qui l’a eue au jeu des pénalités. Maintenant, cela ne pourrait plus arriver car Shirine reste focus sur son judo », commente Kilian Le Blouch.
Une revanche avec la Japonaise Tsunoda ?
Celui qui l’a pris sous son aile depuis 2016 a vu sa protégée évoluer au fil des années. « Elle n’a pas énormément changé dans son caractère. Elle est toujours aussi fraîche, souriante et disponible mais elle sait ce qu’elle veut. Elle a assez vite compris que le sport de haut niveau était la place forte de l’égoïsme. Elle a fait le tri dans son entourage, elle a créé son staff (lire ci-dessous) et elle a surtout quitté l’Insep. Un choix fort. Il a fallu parfois batailler pour imposer nos choix d’entraînement et de compétition auprès de la Fédération. Mais après une très grosse préparation, Shirine sait qu’elle peut jouer la médaille d’or. » Cinquième mondiale, la vice-championne du monde 2023 pourrait retrouver sur sa route (en quart de finale) la Japonaise Natsumi Tsunoda (4e) qui l’avait battue lors de cette finale. La seule confrontation entre les deux jeunes femmes à ce jour. On espère une revanche samedi 27 juillet à l’Arena Champ-de-Mars, théâtre du tournoi olympique, avec au bout le titre pour Shirine Boukli.
Aymeric Fourel
La Dream team de Shirine
Depuis sa défaite au 3e tour des mondiaux de Tachkent (Ouzbékistan) en 2022, Shirine Boukli a pris son destin en mains, décidant de quitter l’Insep (ndlr : Institut national du sport, de l’expertise et de la performance) pour la préparation physique. « J’ai voulu être encore plus dans un travail individualisé, donc je suis partie avec mon club (ndlr : FLAM 91). Et pour la technique, je suis restée avec Séverine (Vandenhende). J’ai voulu changer plein de choses sur ma manière de m’entraîner car je sentais qu’il y avait certains aspects qui ne me correspondaient pas. À certains niveaux, j’avais besoin d’un travail plus spécifique et de m’aérer l’esprit, de sortir du cadre de l’Insep », raconte la triple championne d’Europe des moins de 48 kg.
Avec Kilian Le Blouch, le directeur sportif du FLAM 91, Alexandre Iddir et Louis Masy, des entraîneurs du club, elle a trouvé son bonheur. « Kilian donne tout pour me rendre meilleure et pour que je devienne championne olympique. Je lui dois tellement aujourd’hui. Quant à Louis et Alex, ils sont toujours là si j’ai besoin de quoi que ce soit lors des séances d’entraînement, confie Shirine Boukli. Ils sont aussi très importants pour mon épanouissement personnel. On rigole beaucoup ensemble. » Une équipe de garçons que Arnaud Berthier, le directeur du club, et Simon Soubiran, son agent, complètent. « Je connais Arnaud depuis longtemps. C’est un « chouette » gars. Simon est très important pour mon équilibre. Il s’occupe de la partie sportive mais aussi privée, notamment pour m’aider avec mes parents. Chacun apporte sa pierre. C’est ce que j’aime dans ce club. On a créé une petite famille. C’est ma dream team. »
A.F.