Retenu en individuel et en équipe, le médaillé de bronze des derniers championnats d’Europe des moins de 73 kg rêve d’un double podium olympique.
Pour Joan-Benjamin Gaba, la saison 2023-2024 est celle des grandes premières : premier titre de champion de France (en novembre) chez les moins de 73 kg, première médaille individuelle dans un grand championnat international (en avril) et première participation aux Jeux olympiques (il entrera en lice ce lundi à l’Arena Champ-de-Mars). Une sélection accueillie avec fierté et soulagement après plusieurs mois à batailler à l’entraînement sur les tatamis de l’Insep et dans les compétitions internationales où il a fallu parfois se relever après quelques désillusions. Mais cette sélection n’est surtout pas un aboutissement pour le pensionnaire du Judo club Chilly-Mazarin/Morangis. « Je suis déterminé à tout donner. J’y vais pour gagner. Ce n’est pas tout de le dire, il faut le faire aussi. Ma médaille de bronze aux derniers championnats d’Europe a été un déclic. Ça m’a donné beaucoup de confiance. Je me sens légitime d’aller décrocher une médaille aux JO. J’ai atteint un niveau qui va me permettre de montrer de belles choses lors de ces Jeux. » Le judoka de 23 ans a notamment beaucoup progressé sur l’aspect mental. « Le judo se joue beaucoup dans la tête. Aujourd’hui, je suis beaucoup plus concentré lors de mes combats. » Ce qui ne l’a pas empêché de se faire surprendre lors des derniers mondiaux (éliminé au 2e tour) en mai dernier à Abu Dhabi (Emirats Arabes Unis). « Il a perdu de peu contre un médaillé olympique (le Brésilien Cargnin) en ayant pas très bien combattu. Il a manqué de folie mais il ne faut pas oublier qu’il a enchaîné très vite entre les Europe, où il a contribué au titre par équipe contre la Géorgie, et les mondiaux », analyse Baptiste Leroy, l’entraîneur de l’équipe de France masculine de judo.
35e au ranking olympique, le natif de Sèvres (Hauts-de-Seine) aura toutefois fort à faire pour aller chercher un podium individuel. « Sur une journée, Joan peut battre les meilleurs. Il l’a fait en équipe notamment aux championnats d’Europe de Montpellier où il a battu le Géorgien Lasha Shavdatuashvili, triple médaillé olympique, qui a obtenu l’or en 2012, rappelle l’ex-directeur sportif du FLAM 91. Depuis ses années juniors, il a beaucoup progressé. Il avait un judo “foufou”, maintenant il est plus cadré. Il peut attaquer debout, au sol, à droite, à gauche. Il est de plus en plus compétitif. » Hasard du tirage au sort, il retrouvera le Géorgien (8e mondial) dès le 1er tour ce lundi (à partir de 10h30).
Vice-champion du monde par équipe depuis 2021
S’il ne parvient pas à monter sur la “boîte” dans sa catégorie de poids, Joan-Benjamin Gaba aura une autre chance lors de la compétition par équipe mixte (le samedi 3 août). Une épreuve qui lui a permis de noircir les premières lignes de son palmarès (quatre fois vice-champion du monde entre 2021 et 2024) et dans laquelle la France est championne olympique en titre. Une performance qui marque la belle osmose entre les garçons et les filles de l’équipe de France, même si on a tendance à encenser davantage Clarisse Agbegnenou et ses coéquipières. Ce qui a le don d’agacer gentiment les Bleus. « On a à cœur de montrer qu’on est là nous aussi les garçons. C’est un challenge. A nous de le relever », lance Joan-Benjamin, qui espère imiter Shirine Boukli, médaillée de bronze en moins de 48 kg, samedi. Ce fan de rap — il écoute Burna Boy, La Mano 1.9, Future — écrit à ces heures perdues quelques morceaux qu’il envoie à sa sphère privée. Peut-être une future reconversion une fois qu’il aura raccroché le kimono et l’uniforme de la Marine Nationale qu’il a rejoint cette année.
Aymeric Fourel