Les championnats d’Europe de judo ont parfaitement débuté pour l’équipe de France, et en particulier pour les Essonniens de la FLAM qui décrochent deux des trois médailles françaises de la première journée : l’or pour Shirine Boukli (-48 kg) et le bronze pour Kilian Le Blouch (-66 kg).
Et dire qu’elle ne devait pas participer à ces championnats d’Europe. Remplaçante au moment de l’annonce de la sélection fin octobre, Shirine Boukli a finalement été retenue à la suite du forfait de Fanny-Estelle Posvite (-78 kg) pour cause de blessure à l’épaule. Une chance que la jeune (21 ans) pensionnaire de la Force Longjumeau Alliance Massy 91 n’a pas laissé passer jeudi sur les tatamis de l’O2 Arena de Prague (République Tchèque). Après s’être débarrassée en quarts de la finale de la numéro un mondiale de la catégorie des moins de 48 kg, la Kosovare Distria Kranisqi, la vice-championne du monde junior a poursuivi sur sa lancée en décrochant le titre de championne d’Europe aux dépens de la Serbe Andrea Stojadinov, championne d’Europe junior il y a deux semaines à Porec (Croatie). Shirine Boukli n’aura mis qu’une quarantaine de secondes pour dominer son adversaire sur un étranglement. Une technique empruntée à Amandine Buchard, numéro un mondiale des moins de 52 kg. « Elle décroche le titre dès sa première participation à un championnat d’Europe senior. C’est énorme », s’enthousiasme Sébastien Nolésini, le président de la FLAM, qui avait prédit, il y a une semaine, un troisième titre continental pour son club après ceux remportés par Francis Damier (-90 kg) en junior et Laura Fuseau (+78 kg) en espoir à Porec. Et ce dernier voit même plus loin : « Elle peut-être championne olympique car, sauf blessure, elle ira aux Jeux. » Mélanie Clément, sa concurrente chez les Bleues, n’a en effet pris que la 5e place. En 2016, son camarade de club Walide Khyar avait créé la surprise en devenant champion d’Europe chez les moins de 60 kg alors qu’il n’était pas le numéro un tricolore, ce qui lui avait permis d’être sélectionné pour les Jeux de Rio.
Si Boukli suit une belle trajectoire (victoire au Grand Slam de Düssedorf, 2e au Grand Prix de Tel-Aviv, 5e du Grand Slam de Paris et de Budapest, et ce dès sa première année chez les seniors), ce n’est pas le cas de son camarade de club qui est encore passé au travers, éliminé dès son entrée en lice par le Grec Karakizidi. Fort heureusement pour lui, son rival, Luka Mkheidze n’a pas fait mieux.
Kilian Le Blouch, « un exemple d’abnégation »
Cette première journée aura aussi été marquée par la médaille de bronze de Kilian Le Blouch chez les moins de 66 kg. A 31 ans, l’ancien double champion de France (2012, 2014) décroche son premier podium dans un grand championnat international. Joint par téléphone, il n’en revenait toujours pas de l’issue de la journée : « Shirine réalise une performance incroyable et moi je prends une médaille qui concrétise tous mes efforts au niveau international depuis des années. » Pour Sébastien Noésini, Kilian, qui vient d’être papa pour la première fois, est « un exemple d’abnégation ». Il l’a prouvé lors du combat pour la 3e place contre le Serbe Strahinja Buncic. Alors qu’il menait le combat (waza ari), son adversaire le surprend sur le gong pour égaliser. Mais le directeur sportif de la FLAM ne s’est pas démobilisé et a su aller chercher la victoire dans le golden score. « Comme à son habitude, il a encore montré beaucoup d’engagement et de cœur. J’ai l’impression qu’avec les années, il se bonifie », constate Sébastien Nolésini. De bon augure à quelques mois des Jeux pour lesquels il est pratiquement assuré d’être sélectionné. En attendant, il va pouvoir profiter de sa petite Lila-Nour, née le 10 septembre dernier, les compétitions ne reprenant pas avant janvier prochain.
Aymeric Fourel