Jacques-Charles Fombonne est président de la Société protectrice des Animaux (SPA) depuis cinq ans. Il rappelle que l’acte d’adopter un animal doit être mûrement réfléchi.
Le Républicain : L’année dernière, 16 457 animaux (chiens, chats, NAC et équidés) sont entrés dans les refuges de la SPA entre le 1er mai et le 31 août. Ce triste record a été dépassé cet été avec 16 498 animaux recueillis. Est-ce que les demandes d’adoption ont été au rendez-vous ?
Jacques-Charles Fombonne : Le bilan de l’été 2023 est équivalent à l’an passé, mais nous notons une baisse des adoptions de 5,2 % par rapport à 2022. On n’a pas eu de pic d’adoption à l’arrivée du printemps comme on en a l’habitude, ce qui fait que nous avons attaqué l’été avec des refuges déjà arrivés à saturation. Au 31 août, on a 7 994 animaux en refuge, soit 2,4 % de plus que l’année d’avant.
Le Républicain : Quelle est votre réaction face à cette diminution des demandes ?
Jacques-Charles Fombonne : On est, entre guillemets, plutôt satisfaits de voir que les potentiels adoptants prennent le temps de faire une analyse de leurs dépenses avant de s’engager. L’alimentation animale a augmenté de 18 % en deux ans, les frais vétérinaires ont bondi aussi. Adopter un animal doit être un acte réfléchi. Il faut savoir qu’aujourd’hui, subvenir aux besoins d’un chien en bonne santé coûte en moyenne 1 200 euros avec la nourriture, les accessoires, les rendez-vous médicaux, le toilettage, la pension durant les vacances et c’est un peu moins pour un chat. Cela reste des budgets conséquents que les personnes avec des petits salaires ne peuvent pas se permettre. C’est pour cela que ce sujet des finances du foyer, tabou mais primordial, est abordé au moment de la demande. Il est essentiel de réfléchir à quoi ressemblera sa vie dans les semaines et les mois à venir : est-ce que l’animal sera seul la journée ? Est-ce qu’un déménagement est prévu ?, etc.
Le Républicain : Comment l’inflation impacte-t-elle les 64 refuges de la SPA ?
Jacques-Charles Fombonne : Nos plus grands postes de dépense sont les personnels, les frais vétérinaires et la nourriture. Nous avons des équipes salariées, dont 56 vétérinaires. Quand il n’y a pas de cabinet sur place, on va dans des cliniques extérieures. En 2021, un animal recueilli coûtait à la SPA 620 euros. En 2023, on atteint les 950 euros, soit une hausse de 53,2 %. A noter que nous sommes une association et qu’on ne vit que grâce à la générosité des donateurs.
Le Républicain : A quoi ressemble une année dans un refuge de la SPA ?
Jacques-Charles Fombonne : La première opération grand public, c’est le week-end d’adoption autour de la Saint-Valentin. Entre février et mai, les entrées et les sorties se rejoignent. On organise des journées portes ouvertes mi-mai pour encourager les familles à adopter. Durant les vacances d’été, on recueille des animaux dont les propriétaires n’ont pas suffisamment réfléchi… En 2023, on a battu un record avec plus de 10 000 animaux recueillis entre nos refuges et nos familles d’accueil. Ces nombres ne comptabilisent pas les animaux que l’on n’a pas pu prendre, qui sont restés en fourrière et qui ont fini euthanasiés ou ceux sur nos listes d’attente jusqu’à septembre avec des propriétaires irresponsables. On a constaté une augmentation significative des maltraitances animales avec notre formulaire de signalement. Lors des portes ouvertes début octobre, on espère faire de la place pour accueillir de nouveaux pensionnaires qui, on l’espère, n’ont pas été abandonnés dans la rue.
Le Républicain : A partir du 1er janvier 2024, les animaleries n’auront plus le droit de vendre des chiens et des chats. Est-ce une bonne nouvelle ?
Jacques-Charles Fombonne : C’est une bonne chose, car cela va freiner les achats compulsifs en animalerie. On n’achète pas un animal comme on achète une paire de chaussettes. Ce changement peut aussi encourager les ventes entre particuliers sur Internet et dans ce cas-là, la situation risque de devenir incontrôlable.