Hakim Djaziri, un djihadiste repenti devenu dramaturge

Hakim Djaziri est auteur de « Désaxé », qui se joue le 27 janvier à 20h30 à l’espace culturel marcoussissien Jean-Montaru. Une pièce dont le récit résonne avec son propre parcours.

Le Républicain  : Le départ de l’Algérie vers la France, la radicalisation et le Djihad sont des sujets qui vous parlent ?

Hakim Djaziri : Les trois-quarts de la pièce découlent de mon histoire. J’ai quitté l’Algérie à 14 ans. J’ai connu le mouvement de radicalisation tabligh à la fin des années 90. Je voulais partir au Yémen.

L. R. : Comment avez-vous connu le mouvement ?

H. D. : Via une association musulmane qui organisait des actions sociales dans la cité des 3000 à Aulnay-sous-Bois (93). J’avais l’impression de faire du bien. Rapidement, on nous a fait suivre des cours théoriques autour du Coran, puis des prêches sur les Occidentaux qui viennent chez nous.

L. R.  : Quel message voulez-vous faire passer ?

H. D. : Avec ce parcours de vie, je remets le sujet dans sa complexité. J’écris des spectacles pour qu’à la fin, il y ait discussion et pas juste émerveillement.  L’islam n’est utilisé que comme prétexte dans cette histoire. Les personnes qui se radicalisent viennent de tous horizons et le font en rejet de la société.

L. R. : Le récit donne la parole à vos parents à travers des lettres…

H. D. : Ce sont celles qu’ils m’ont écrites pendant ma radicalisation. J’avais coupé les ponts avec eux. Je voulais leur rendre hommage et surtout montrer que parfois, la force de l’amour ne suffit pas.

L. R. : Comment vous êtes vous détaché de la radicalisation ?

H. D. : Avec le théâtre. Un jour, je passais devant celui d’Aulnay et j’ai été happé par la liberté qui régnait dans la salle. Dans le mouvement, on nous apprend que les arts sont pêchés. La transition a duré sept mois, je devenais schizophrène, jusqu’à me taper la tête contre le mur. C’était dur, mais ça m’a permis de revivre.