Depuis ce matin, jeudi 11 mai, près de 80 % des enseignants du collège Sonia-Delaunay sont en grève. Face aux violences entre élèves et celles subies par les professeurs, ils réclament notamment la création d’un poste de CPE et trois postes et demi d’assistants d’éducation.
C’est à coups de timbales, de casseroles et de tambour, que les professeurs du collège Sonia-Delaunay de Grigny ont décidé de manifester leur mécontentement. Vers 11h ce matin, à l’entrée de l’établissement résonnaient les appels à l’aide du personnel. « Qu’est ce qu’on veut ? Des surveillants en supplément !« , scandaient ainsi une quinzaine de professeurs, devant le regard parfois interrogé des passants et des élèves.
Thomas Roger est professeur d’histoire-géographie. Cela fait trois ans qu’il enseigne à Sonia-Delaunay. Si l’envie d’être muté dans un autre établissement ne lui a pas – encore – traversé l’esprit, il espère voir bouger les choses rapidement. « Ce que nous demandons c’est que le collège soit inscrit dans le dispositif « politique de la ville ». A Grigny, deux établissements en profitent et grâce à cela, ils bénéficient de CPE et de personnels encadrants supplémentaires, c’est ce que nous voulons également« , explique-t-il. Avant d’ajouter : « On ne nous donne pas les moyens suffisants pour aider les élèves. On se sent délaissés et cela se répercute sur le comportement des élèves mais également l’offre d’enseignements qu’on peut leur proposer. » En effet, depuis quelque temps, les cours d’allemand ont disparu et le latin est assuré par un professeur de lettres anciennes.
« Les enfants sont livrés à eux-mêmes »
Un peu plus loin, sur le trottoir, un groupe de parents d’élèves discute. Le fils d’Anne-Madeleine est en classe de troisième. « Dans un peu plus d’un mois, c’est le brevet des collèges et mon fils va le passer avec des lacunes forcément !, s’insurge-t-elle. Les enfants sont livrés à eux-mêmes. Nous sommes très inquiets. »
« Ce n’est plus de l’inquiétude, à ce niveau-là, la situation devient une priorité, la coupe alors Fouzia Settahi, vice-présidente de la FCPE Essonne. Nous voulons les mêmes chances pour tous les élèves, et ici, rien n’est fait. Le nombre d’élèves augmente tandis qu’il y a moins de professeurs. Aujourd’hui, les enfants sont 30 par classe. S’il y avait des CPE supplémentaires, ils auraient le temps de jouer les médiateurs mais aujourd’hui, c’est impossible. » Des CPE en plus serait une chose mais les demandes des contestataires vont également plus loin. Ils réclament la création de trois postes et demi d’assistants d’éducation et le classement de l’établissement en « politique de la ville ».
Un courrier envoyé à Patrick Kanner par Philippe Rio, maire de la ville
A Delaunay, le nombre d’expulsions d’élèves bat des records ajoute Fouzia Settahi, une manière « de déplacer les problèmes », explique-t-elle. Alors pour tenter de résoudre la situation le plus rapidement possible, le maire de la ville, Philippe Rio s’est joint au rassemblement. Celui qui considère le combat mené comme « tout à fait juste » a par ailleurs écrit au ministre de la Ville, de la Jeunesse et des sports. « Il m’a répondu et le dossier aurait été transmis à la ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Najat Vallaud-Belkacem. Ce qui se passe à Delaunay est une absurdité administrative« , conclut-il.
En effet, près de 80 % des élèves de l’établissement sont issus des quartiers faisant partie du dispositif « politique de la ville », mais le collège, lui, n’y est pas intégré. « Si le collège était déplacé de 60 mètres après l’autoroute (vers la Grande Borne, ndlr), Delaunay serait répertorié« , explique l’édile.
Si une réunion a eu lieu le jeudi 4 mai avec la Direction académique des services de l’éducation nationale (Dasen), les délégués du collège n’ont pas pour autant été satisfaits. « Le collège, sera, peut-être, doté d’un demi-poste de CPE à la rentrée 2017. Seulement c’est encore largement insuffisant pour enrayer la violence qui s’est installée au sein du collège et à sa sortie. La Dasen n’entend pas les demandes des professeurs et des familles« , explique dans un communiqué la FSU et sympathisants.