Arrivée cet hiver au FC Fleury 91, l’attaquante Valérie Gauvin (26 ans) souhaite donner un nouvel élan à sa carrière après plusieurs expériences à l’étranger. Ce samedi (13h30), la buteuse des Bleues croisera le fer avec Montpellier, son ancien club en France où elle a découvert la Ligue des Champions. Avant de la jouer l’an prochain avec Fleury ?
« Elle va nous apporter une alternative offensive. C’est un bon point de fixation avec un bon jeu de tête. » Fabrice Abriel, l’entraîneur du FC Fleury 91, le sait. En enrôlant l’internationale française (17 buts en 37 sélections), le club floriacumois – toujours en course pour une historique qualification en Ligue des Champions – ajoute une corde de plus à son arc. Attaquante puissante, fiable dans son jeu en remise et dans le domaine aérien, elle ne rechigne jamais à aller au combat, notamment dans les tâches défensives. Un style de jeu qui rappelle celui d’un certain Olivier Giroud, le numéro 9 des Bleus et de l’AC Milan (Italie). « Il doit en avoir marre de la comparaison, sourit la native de Saint-Clotilde (Réunion). Moi, ça ne me gêne pas. Au contraire, c’est plutôt flatteur d’être comparée à un joueur de ce calibre. » Si l’attaquant français est en pleine bourre avec les « Rossoneri », qualifiés pour les demi-finales de la Ligue des Champions, la période est plus compliquée pour Valérie Gauvin. Depuis son arrivée dans l’Essonne le 28 décembre 2022, l’ex-buteuse d’Everton (D1 Anglaise) n’a en effet joué que deux matchs en D1 Arkema, pour dix petites minutes. La faute à un manque de rythme et quelques pépins physiques. « Physiquement, je me sens bien. Je retrouve petit à petit des sensations (ndlr : elle l’a prouvé avec la réserve de Fleury (R1) avec qui elle a inscrit un quintuplé). J’aimerais avoir plus de temps de jeu, mais ce sont les choix du coach », confie Valérie Gauvin, heureuse de retrouver les pelouses européennes après un exil de six mois outre-atlantique.
L’Angleterre puis les États-Unis
Ces dernières saisons, la joueuse de 26 ans a ainsi goûté au “soccer” aux Etats-Unis. D’abord au North Carolina Courage, puis au Houston Dash, deux clubs de NWSL (D1 États-Unis). « Je ne regrette pas d’être allée là-bas, car c’était un rêve. J’ai pu poursuivre l’apprentissage de l’anglais. Je retiens surtout Houston, puisque je n’ai pas joué la moindre minute à North Carolina. À Houston, on a pu marquer l’histoire du club en nous qualifiant pour la première fois de l’histoire de la franchise en play-offs. On a aussi pu jouer devant près de 39 000 personnes. C’était incroyable », se souvient Valérie Gauvin, qui a également foulé durant deux saisons (11 buts en 35 matchs) les terrains de Premier League avec Everton, en Angleterre. Lors de sa première année avec les Toffees, Valérie Gauvin et ses coéquipières parviennent à se hisser en finale de la mythique Coupe d’Angleterre à Wembley, le temple du football. Une finale remportée après prolongations par Manchester City, malgré le but égalisateur de l’attaquante essonnienne. « Même si le résultat n’est pas au rendez-vous, j’ai eu la chance de jouer cette coupe et de disputer un match à Wembley. C’était impressionnant, même si je suis un peu déçu de l’avoir joué dans un stade vide à cause de la Covid », souffle l’attaquante, qui ne regrette pas son passage à Everton. Même si ça a été plus dur lors de la deuxième saison avec les blessures, j’ai pu voir la ferveur du foot anglais et évoluer dans les mêmes infrastructures que les garçons avec des pelouses… De vrais billards ! »
Des Petits AS aux terrains de foot
Bien avant les billards anglais et la ferveur étatsunienne, Valérie Gauvin a entamé son ascension à une échelle plus modeste. « J’aime tous les sports, souligne l’attaquante originaire de Mirande (Gers), ville de sa première licence fédérale. J’ai commencé à jouer au football lorsque j’étais à l’école primaire. Je jouais avec les garçons à chaque fois que j’avais du temps libre pendant les récréations. Un jour, un ami qui jouait dans le club de Mirande m’a demandé si ça m’intéresserait de jouer avec lui dans son club. J’ai fait un essai et puis ils m’ont demandé si je voulais jouer pour le club. C’est comme cela que tout a commencé. » En parallèle du ballon rond, Valérie Gauvin s’essaye au judo, mais enchaîne surtout les aces et les coups droits au tennis. Classée 30/1 « mais de niveau 15/1 », souffle-t-elle, la Réunionnaise de 26 ans a d’ailleurs failli participer au tournoi des Petits AS de Tarbes. Un tournoi de référence mondial chez les minimes, qui a révélé de grands joueurs comme Rafael Nadal.
« Le jour de mon entrée en lice aux Petits AS, j’ai eu un énorme dilemme. J’avais un match de foot en même temps que celui de tennis. J’ai décidé d’aller au foot et de déclarer forfait au tennis. Mais en arrivant au foot, il avait tellement plu que le terrain n’était pas praticable. Finalement, j’ai annulé pour rien. J’ai essayé de faire reporter le match, mais mon adversaire de l’époque n’a jamais voulu », regrette la néo-essonnienne. Une expérience tennistique qui aura tout de même laissé des traces. Notamment une admiration pour Roger Federer, « un joueur hors pair, très fort dans sa gestion des émotions. » Un caractère de champion qui aura probablement inspiré Valérie Gauvin. « C’est vrai que je suis très dure avec moi-même, appuie-t-elle. J’ai un fort caractère, mais c’est surtout que je n’aime pas l’injustice. » Un constat que ne renie visiblement pas ses ex-coéquipières. « C’est vrai qu’elle a son petit caractère. Si elle pense comme ça, elle ne pense pas autrement !, plaisante Maéva Clémaron, ancienne floriacumoise (2017-2019) et partenaire de jeu de Valérie Gauvin en Angleterre. Il nous est arrivé d’avoir des débats sur le terrain, mais après l’entraînement, c’était fini. Et que ce soit dans la vie ou sur la pelouse, c’est une bonne chose d’avoir du caractère ! “Valou” est quelqu’un de fondamentalement gentille. C’est une bonne personne qui est généreuse, à l’écoute. Une personne sur qui tu peux compter. »
Montpellier, premier contrat pro
Forte de cette mentalité, Valérie Gauvin intègre le centre de formation du Toulouse Football Club. Elle a alors 12 ans. Quelques années plus tard, la carrière de la buteuse – par ailleurs passionnée d’émissions comme 90’ enquête – débute en première division lors de la saison 2012-2013 avec le club de la Ville Rose. En 2014, elle rejoint le Montpellier HSC pour y signer son premier contrat professionnel. Un club de la Paillade dont elle défend les couleurs pendant six ans (67 buts en 109 matchs) et qu’elle retrouvera donc ce samedi (13h30), cette fois-ci du côté des adversaires. « Ça va me faire bizarre, lance la Réunionnaise de 26 ans. Je garde un très bon souvenir de mon passage là-bas. C’est le club qui m’a lancé en pro. J’ai pu jouer deux finales de Coupe de France et la Ligue des Champions. » Un club qui lui a aussi permis de porter le maillot de l’équipe de France dès 2015, année qui marque sa première sélection avec les Bleues, le 23 octobre contre les Pays-Bas (défaite 1-2). L’aventure se poursuivra avec la Coupe du monde 2019 en France, avec deux buts à la clé pendant la compétition, avant que la France ne soit éliminée en quarts de finale. Valérie Gauvin fréquentera ensuite l’équipe nationale jusqu’en novembre 2021, date de sa dernière convocation. Et qui sait, l’avenir la mènera peut-être à nouveau vers les terrains d’entraînement de Clairefontaine ? « J’aimerais revenir en sélection. C’est dans un coin de ma tête », assure en tout cas Valérie Gauvin. Un retour en sélection qui pourrait passer par une qualification avec Fleury pour le Tour préliminaire de la Ligue des Champions.
Jérémy Andrieux