Président du Sainte-Geneviève Football Club depuis trente ans, Jean-Claude Murmann s’interroge sur son engagement.
Le Républicain de l’Essonne : « A dix journées de la fin, Sainte-Geneviève est relégable (12e du groupe B). Êtes-vous inquiet ?
Jean-Claude Murmann (président du Sainte-Geneviève Sports) : Pas inquiet. Mais préoccupé, oui ! Il reste dix matchs mais le sixième n’est qu’à cinq points… On peut encore s’en sortir, mais on sait que ça va être compliqué. Je suis surtout préoccupé par les deux derniers matchs où l’on n’a vraiment pas été bons. On n’est pas épargné par les blessures, car aujourd’hui, on a six joueurs sur le flanc. Il y en a trois qui ne devraient pas rejouer d’ici à la fin de saison comme Noui Laïfa (ménisque), Kévin Miriézolo (tibia-péroné) et Moustapha Kanté (cheville). Tout ça fait que c’est compliqué.
Le Rép. : Est-ce que les mauvais résultats (1 victoire en 7 matchs) de Sainte-Geneviève fragilisent la position d’Emmanuel Dorado en tant qu’entraîneur principal ?
J.-C.M. : Il n’est pas du tout fragilisé. Il a ma confiance à 1 000 %. Et aussi celle du directeur sportif Jean-Claude Fernandès. En plus d’être le coach, « Manu » est un ami. Je sais qu’il a été approché par d’autres clubs, mais un jour, il m’a dit : « Président, je ne te laisserai jamais tomber ».
Le Rép. : Que pensez-vous de la refonte du championnat de N2 qui verra cinq clubs par poule et les deux moins bons onzièmes descendre au lieu de trois l’an passé ?
J.-C.M. : C’est une refonte qui est faite pour éliminer les petits clubs et conserver dans l’élite des équipes qui ont des moyens trois fois supérieurs aux nôtres. C’est une certitude. Et ça sera pareil l’année prochaine avec cinq descentes en plus des deux plus mauvais onzièmes des quatre poules. Ça va faire mal. Donc, malheureusement, la refonte pénalise les petites équipes. Et elle pénalise Sainte-Geneviève dont le fonctionnement est arrivé au bout.
Le Rép. : Qu’entendez-vous par votre « le fonctionnement est arrivé au bout » ?
J.-C.M. : Cette année, on a un budget de 780 000 euros. On ne peut pas lutter avec d’autres équipes qui ont des budgets beaucoup plus élevés. À Sainte-Geneviève, le joueur le mieux payé prend 1200 euros par mois. Il y a des joueurs dans cette division qui ont entre 2 et 5 000 euros. Ainsi, on ne peut pas lutter ! On est un club purement amateur. On s’entraîne trois fois par semaine et le soir. Sur les seize clubs de la poule il n’y en a que deux qui s’entraînent le soir. Le reste c’est en journée. Donc, ils s’entraînent comme des pros. Mais pour faire ça, il faut payer ! Malheureusement, je pense que notre système est au bout. Les mecs viennent s’entraîner après le boulot, alors tu ne peux pas être performant. Je dis que c’est plus Sainte-Geneviève mais c’est « Lourdes ». On ne fait que des miracles. Pour lutter dans ce championnat, il faudrait un budget de 1,5 million d’euros et pouvoir s’entraîner la journée. Mais j’ai beau retourner le problème dans tous les sens, ce n’est pas possible.
Le Rép. : Quel est l’avenir du club ?
J.-C.M. : L’avenir, c’est de trouver un président fortuné. Aujourd’hui, on se bat avec nos moyens, on essaye de se débrouiller mais, maintenant, si tu n’as pas d’argent, c’est compliqué. Il faut quand même savoir que le département de l’Essonne nous soutient à hauteur de 70 000 euros mais qu’au mois de janvier on nous a dit que l’on n’aurait que la moitié, à savoir 35 000 euros. Sauf que le budget était déjà fait depuis le mois de juillet. Il a fallu trouver 35 000 euros en urgence. Pour moi, ce qu’a fait le Département avec leur nouvelle politique du sport pro, c’est du manque de respect. A présent, je ne sais pas trop de quoi est fait l’avenir. En tout cas, sportivement, on va se bagarrer pour obtenir notre maintien. »
Propos recueillis par Jérémy Andrieux