A la tête du compte Frenchcarstoys, Félicien Michaut photographie des voitures miniatures, mises en scène dans des conditions étonnantes. Un projet artistique qui a trouvé son public.
«J’ai toujours été intéressé par l’image. Par le concept de saisir le moment présent. Enfant déjà, je souhaitais devenir caméraman. Mais tout le monde me disait qu’il fallait d’abord passer par la photographie. Alors j’ai un peu lâché le côté scolaire, et je me suis lancé dans l’aventure. » Assis à la table du salon de sa maison montgeronnaise, Félicien Michaut discute avec entrain.
De sa passion pour la série de science-fiction Star Trek (« Je suis incollable sur le sujet. Cela remonte à l’enfance, j’ai été scotché dès les premières secondes de la série, que je j’ai passées à remonter la dentelle du dessus de la télévision, pour voir passer le vaisseau. Ca ne sert pas à grand chose, mais je suis capable d’en débattre pendant des heures », plaisante t-il). De son végétarisme ou encore de son expérience « décevante » de la politique, lui qui s’est présenté – sans succès – au sein d’une petite liste aux dernières élections municipales.
Mais la passion la plus prégnante chez le quinquagénaire (« le même âge que la Renault 5 », précise t-il), ce sont ses voitures. Non pas qu’il possède une ribambelle de bolides rutilants dans son garage (pour l’anecdote, il conduit une Duster 2). Non, la collection de Félicien compte des centaines – il a arrêté de compter après 600 – de voitures en modèle réduit. « Je ne collectionne que les voitures françaises, de toutes les époques, souligne Félicien Michaut. Je ne m’y connais pas particulièrement en mécanique car ce que j’aime avant tout, c’est ce côté culturel, l’histoire de ces voitures qui se mêle bien souvent aux histoires personnelles des gens. »
« Un aspect Amélie Poulain »
Depuis six ans, celui qui a passé son enfance dans le Périgord a amené sa passion à un tout autre niveau. C’est en effet à cette date qu’il lance son compte Frenchcarstoys sur les réseaux sociaux. Une plateforme qui lui permet d’allier son amour des voitures miniatures et ses formations de photographe et webmaster. « Dans les années 80, je prenais déjà des photos de petites voitures, en argentique à l’époque. Mais ce n’est qu’en 2016 que l’on m’a poussé à me mettre sur Instagram, car cela pouvait aussi intéresser d’autres gens ».
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Les débuts sont frustrants. Se cantonnant à son jardin comme seul décor pour mettre en scène ses pièces de collection, le public ne se manifeste pas immédiatement. « Pendant plusieurs mois, je me suis un peu cherché artistiquement, reconnaît-il. Puis j’ai commencé à sortir de mon jardin. A mettre mes voitures en scène dans les villes, devant des monuments. J’ai voulu jouer sur le côté carte postale, avec un aspect Amélie Poulain. » Et tout comme le film de Jean-Pierre Jeunet, le projet Frenchcarstoys prend soudain son envol. Tout particulièrement à l’étranger. Jusqu’à un jour dépasser la barre symbolique des 10 000 abonnés. Il en a aujourd’hui plus du double, rien que sur Facebook.
Toujours une voiture dans sa poche
Mais alors, comment expliquer ce succès ? « Je pense que ce qui intéresse les gens dans mon travail est la même chose que ce qui m’intéresse moi : ces voitures disparaissent. Les gens finissent par les bouder, car les véhicules anglo-saxons sont beaucoup plus exposés dans la culture populaire. Il y a des kilos de miniatures de 4L en vente, mais très peu de voitures françaises récentes. Et c’est malheureux car malgré tout, nos voitures sont pour beaucoup d’entre nous des madeleines de Proust qu’on a plaisir à redécouvrir. ».
Une chose est certaine, l’artiste photographe n’a pas fini de réjouir les pupilles des amateurs. Après avoir effectué ses premières expositions en Essonne et à Châteauroux – d’où est originaire sa compagne – et dans l’attente de ses prochaines dates qu’il espère nombreuses, Félicien poursuit son projet artistique et se rêve, pourquoi pas, à la tête d’une petite galerie une fois la retraite venue. Une chose est sûre : le photographe aura toujours une voiture dans sa poche. Car après tout, « on ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve ».