L’arrivée potentielle d’une grande enseigne nationale de boulangerie au cœur du lotissement du Bois-Bourdon est vu par la municipalité comme une menace directe vers les boulangeries de proximité de la commune.
Or, la ville qui fait partie des 222 communes retenue dans le dispositif Action Cœur de Ville du gouvernement, s’y oppose fermement. Le maire Bernard Laplace vient donc de saisir ce mardi 27 juillet le ministre chargé de la Ville, du Logement et de la Cohésion des territoires pour que ce projet ne puisse pas aboutir.
« Il est hors de question pour moi que ce projet puisse aboutir », annonce clairement Bernard Laplace, qui veut se faire ici le défenseur « des 222 communes retenues dans le dispositif Action Cœur de Ville qui pourraient se retrouver face au même problème ». Un problème qui ferait de ce plan de redynamisation des centre-villes du gouvernement à la fois un coup d’épée dans l’eau et un gaspillage d’argent public.
Le maire est d’autant plus en colère que la mairie n’a jamais été contactée à propos de ce projet. Depuis plusieurs semaines, un promoteur construit un bâtiment voué à accueillir des enseignes commerciales et lorsque le permis de construire a été délivré, les enseignes pouvant s’y installer étaient encore inconnues.
C’est seulement il y a quelques jours, via un intermédiaire, que la ville a appris la possible installation dans ces locaux de l’enseigne nationale Boulangerie Ange. Si le maire est favorable au développement économique, il refuse que celui-ci se fasse au détriment des boulangeries traditionnelles.
Le problème c’est que « juridiquement rien ne permet à ce jour de refuser l’installation de cette enseigne », affirme-t-il. Le législateur est d’ailleurs conscient de la situation puisque depuis quelques semaines, la loi ELAN permet au Préfet de suspendre les projets risquant de déstabiliser le tissu des commerces de proximité en CDAC, soit quand ils sont d’une surface d’un minimum de 1000m2 à proximité des Opérations de revitalisation territoriale (ORT).
Le problème aujourd’hui c’est que le périmètre des ORT n’est pas encore arrêté et qu’en l’espèce cette possibilité offerte au Préfet ne s’appliquerait pas la surface concernée étant de 900 m2. Il a donc saisi le ministre afin que celui-ci s’oppose à ce projet alors que la loi semble laisser un vide dans ce type de situation.
« Les opérations de revitalisation territoriale ne sauraient être totalement efficaces à la dynamisation des centres-villes si les collectivités retenues dans le dispositif Action Cœur de Ville ne disposent pas de droit de regard sur l’emplantation de surfaces inférieures à 1000m2, il y a là un vide réglementaire qui risque de conduire à de nombreux contentieux », affirme-t-il.
Il demande donc au ministre d’intervenir afin que ce projet ne puisse pas aboutir à Etampes, ainsi que la mise en place d’un dispositif permettant aux collectivités de s’opposer à l’ouverture d’une grande enseigne commerciale. En attendant, la ville a rendez-vous avec les porteurs de ce projet début septembre et a bien l’intention de leur expliquer leur inébranlable opposition.
Informé hier, mardi 27 août en fin d’après-midi, de cette situation, le député Franck Marlin a également marqué sa franche opposition à l’installation de cette enseigne à Etampes. « Je considère qu’il n’est pas acceptable d’envisager l’installation d’un nouveau boulanger sur le site, tout comme il ne serait pas envisageable de prévoir l’arrivée d’un nouveau boucher par exemple », martèle le député.
Le député égratigne également le maire affirmant de part sa « modeste expérience de maire (…) qu’un partenariat positif avec un aménageur est souvent possible et compatible avec l’intérêt général ». Un aménageur que le député va demander à rencontrer dans les meilleurs délais à sa permanence.
Franck Marlin envisage déjà le lancement d’une pétition en ligne et un appel au boycott des enseignes de bouche qui s’installeraient au Bois-Bourdon si aucun changement de stratégie de l’aménageur ne se profile. Une démarche à laquelle il est prêt à s’associer avec le maire Bernard Laplace. A suivre.