C’est une première. Jeudi 21 février, les trois collèges de Grigny ont mené une manifestation de concert pour dénoncer le manque de moyens.
Les enfants grignois seraient-ils condamnés ? Face à la réalité accablante des chiffres de l’éducation de la ville, il y a de quoi se poser la question. « Seulement 25 % des élèves vont jusqu’au baccalauréat contre 80 % à l’échelle nationale, et 50 % sortent du système scolaire sans diplôme », a fait savoir le maire, Philippe Rio. Pour la première fois à Grigny, les représentants des trois collèges (Pablo-Neruda, Jean-Vilar et Sonia-Delaunay) ont organisé, de concert, une manifestation le jeudi 21 février. Ils étaient réunis devant le centre culturel Sidney-Bechet.
« Cela fait 20 ans que Grigny est prioritaire… », s’exprime Véronique, une professeure de Pablo-Neruda, au mégaphone. Deux décennies que la ville est une Zone d’éducation prioritaire et, pourtant, rien ne semble s’améliorer. Bien au contraire.
Plus d’élèves et moins de dotations horaires
Les professeurs des collèges font face à une augmentation des élèves et une baisse des dotations horaires. « Sur le département, 1 168 élèves supplémentaires sont attendus à la rentrée 2019, mais nous n’avons que 96 heures de travail en plus, ce qui équivaut à un professeur pour 225 élèves », explique Virgile Pottier, enseignant au collège Sonia-Delaunay. « Nous sommes contraints de faire des demi-groupes. Est-ce qu’on propose la même éducation aux collèges parisiens ? », s’interroge Marc Thieblemont, du même établissement. Donner plus de cours avec moins d’heures, telle est l’équation impossible sur laquelle se penchent les équipes enseignantes aujourd’hui.
D’autant plus que ces questions se posent alors que le gouvernement a fait de Grigny une ville pilote du projet national des Cités éducatives. Dans les grandes lignes, le projet propose de conforter le rôle de l’école, assurer la continuité éducative et ouvrir le champ des possibles. En somme : « Élargir les horizons pour que les enfants puissent se projeter en dehors de leur quartier et dans des métiers plus ouverts que ceux qu’ils connaissent par leurs parents et leur milieu », estime Vincent Léna, coordinateur national du programme. Mais comment se projeter en dehors des quartiers quand « le budget projet pédagogique est en baisse et qu’on ne peut même pas emmener les enfants en sortie à la Comédie française ? », a questionné Marc. Philippe Rio assure comprendre leurs revendications, « qui n’ont rien de révolutionnaires », et promet de « saisir le recteur de l’académie, le ministre de l’Education et le directeur départemental ». En attendant, des cahiers de doléances sont mis à disposition des parents, afin d’être remontés à la hiérarchie qui, selon les enseignants, fait la sourde oreille.