Né en 1961 à Etampes et demeurant aujourd’hui à Etréchy, Joël Giraud est un artiste qui fait partie du paysage de l’Essonne. Ancien élève de Philippe Lejeune au sein de l’école d’Etampes, le Peintre de l’Armée de Terre n’est pas l’artiste avec la plus grande notoriété, mais sa discrétion n’a d’égale que la qualité de son travail.
A Etampes, tous les habitants ou presque connaissent l’une de ses œuvres, une peinture monumentale qui se trouve avenue de la Libération. Celle-ci représente Etampes, ses monuments et quelques-unes des personnalités historiques de la ville. « C’est une toile de 120m2 de surface. J’avais fait une maquette et elle a ensuite été peinte sur une bâche qui est tendue sur un châssis métallique comme une toile de peinture », explique l’artiste. Cette œuvre commandée par la ville, imposait à l’artiste de faire des références à la ville, mais elle reste symptomatique de la composition, qui a toujours attiré Joël Giraud.
Alors que rien ne le prédestinait à devenir un artiste, ses parents étaient coiffeurs, rue de la République à Etampes, Joël était dès sa jeunesse féru de dessin. A 16 ans, il entre au sein de l’Atelier d’arts plastiques d’Etampes, avec un autre artiste bien connu aujourd’hui, Gaëtan Ader. Aujourd’hui, parmi les élèves de l’école d’Etampes ou les artistes essonniens, Joël Giraud n’est pas le plus connu. Pourtant, il est certainement l’un de ceux dont les œuvres, peintures ou sculptures, sont reconnaissables facilement tant son style est affirmé. Au sein de l’atelier, il est attiré très tôt par la composition. Joël Giraud aime ordonner les couleurs, les formes, les lignes, les différents plans dans le cadre. « Il faut trouver une harmonie entre les couleurs, un rythme, il peut parfois y avoir une notion du paysage ou l’œuvre peut rester totalement abstraite », mais tout y est une question d’équilibre comme il aime à le rappeler. « Comme j’étais l’un des rares à être attiré par la composition, Philippe Lejeune m’a pris sous son aile pour m’aider à la maîtriser », confie-t-il. Elève assidu, il trouve alors sa vocation.
Il a fabriqué des costumes de cinéma pour Besson ou d’opéras d’Offenbach
« J’ai passé le concours d’entrée de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Appliqués », et il le réussit. Ayant beaucoup travaillé la peinture à l’atelier d’Etampes, il décide de suivre le cursus en volume et est diplômé d’un BTS de plasticien volume en 1983. Suit alors un stage aux ateliers de moulage du Musée du Louvre, où il perfectionne sa technique dans un atelier d’agrandissement et de réduction statutaire.
Tout au long de sa carrière, va conjuguer à la fois la peinture et les volumes. Toujours en équilibre, ce sont les deux jambes sur lesquelles il s’appuie. Il travaille beaucoup pour d’autres, notamment pour faire des moulages. « J’ai beaucoup travaillé pour le cinéma, le théâtre ou des grands couturiers pour créer des costumes ». Jeanne d’Arc de Luc Besson avec son complice Daniel Cendron de Chamarande, mais également Disney, des opéras d’Offenbach, comme le Roi Carotte, ou des créations de Christian Lacroix, autant de noms qui ont fait travailler Joël Giraud. Ce n’était pas son travail personnel, mais il n’était pas moins important. « J’ai donné beaucoup de mon temps aux autres, pour réaliser ce qu’ils avaient dans leur tête. Mais c’est aussi un plaisir de voir leurs yeux se mettre à briller quand ils voient prendre forme ce qu’ils avaient imaginés », avoue-t-il.
Il a également passé beaucoup de temps à enseigner. Depuis 20 ans il enseigne, à Etréchy, à Corbeil-Essonnes, à Vert-le-Grand, au Plessis-Pâté, et a enseigné durant une quinzaine d’années à Etampes. Il a été très présent également dans les écoles auprès des enfants. « Ils ont plus de facilité que nous à créer. Ils ont vu moins de choses, sont dans la spontanéité. Il faut du recul avec eux, être spectateur de leur travail, pour les arrêter quand une œuvre se dégage de ce qu’ils ont créé », explique-t-il. Une fresque à l’école Eric-Tabarly d’Etampes est emblématique de ce travail avec les enfants.
Mais, tout ce temps consacré aux autres, c’est aussi moins de temps pour faire des œuvres personnelles. Jusqu’à ce que l’envie irrépressible de créer des œuvres personnelles ne devienne trop forte. « Les contraintes réveillent l’envie de faire des choses pour soi », résume Joël Giraud. Le balancier revient dans l’autre sens et un rééquilibrage s’opère.
C’est surtout le cas pour les œuvres plus importantes, car le processus créatif n’est jamais en veille. Dans son atelier d’Etréchy, Joël Giraud passe entre les toiles, les collages, les carnets de dessin, les sculptures… Il y a des œuvres partout, accumulées au fil de plus de 40 ans de création. Comme un athlète, il faut dessiner, créer encore et encore. C’est l’entraînement de l’artiste pour repousser ses limites. En ce moment, les petits dessins s’accumulent et donnent des idées à Joël Giraud d’œuvres plus importantes à créer.
Dans deux ans, il compte bien rééquilibrer son activité professionnelle pour libérer plus de temps pour lui. « J’ai encore beaucoup de choses à raconter », et il compte bien les exprimer et toucher le public, le défi le plus difficile à relever. Mais ce n’est pas celà qui inquiète Joël Giraud. « J’ai eu la chance de ne pas avoir eu trop de succès, je ne me suis pas retrouvé enfermé à faire trop souvent la même chose, j’ai pu explorer dans beaucoup de domaines. Cela m’a laissé ma liberté », conclut Joël Giraud. La liberté, le bien le plus précieux pour les artistes, indispensable pour conserver son équilibre.
Rens. https://www.artsper.com/fr/artistes-contemporains/france/1586/joel-giraud