Essonne : Infirmière, du rêve au cauchemar

Dans « Trois ans et plus si affinités… », Marie Souton dénonce la maltraitance dont peut être victime le personnel infirmier. Un sujet tabou pourtant bien présent.

« Woaw, c’est donc ça être infirmière », se disait Marie, déçue. Après 18 ans dans l’administration, Marie Souton a décidé de changer de voie professionnelle. Friande des métiers relationnels, elle a choisi d’embrasser la carrière d’infirmière. En arrêt maladie depuis juin 2020 suite à un burn-out et à une tendinite calcifiante avec bursite à l’épaule gauche, l’infirmière en pneumologie a retracé son parcours, de sa dernière année en Institut de formation en soins infirmiers (IFSI) jusqu’à l’année dernière. Dans « Trois ans et plus si affinités« , Marie revient sur cette période de 2017 à 2020 pendant laquelle elle a malheureusement réalisé que la bienveillance enseignée à l’école était bien trop absente du terrain.

Ce constat, la Vigneusienne de 47 ans l’a fait dès la première année à travers les stages. Outre les reproches sur son manque de rapidité, comme dans la confection d’un pansement stérile – « alors que la rapidité n’est absolument pas demandé aux infirmières en poste » – , elle a aussi vu un bébé être secoué par une auxiliaire de vie dans une crèche hospitalière. Mais en tant que stagiaire, sa voix n’avait pas vraiment de poids. D’autant plus que les étudiants ont tendance à ne pas hausser le ton, attitude garante d’une fiche d’évaluation bien notée. La mauvaise aventure a ensuite continuée une fois son diplôme obtenu, en 2018. « Dans une clinique, en plus de la tournée des patients, je devais m’occuper de la pharmacie. » Une tache supplémentaire qui lui prenait une heure, donc une heure de moins passée avec les patients. Dans un établissement de Soins de suite et de réadaptation, Marie manquait encore de temps pour réaliser la toilette des personnes-âgées. « On avait trois heures pour faire la toilette complète de 40 personnes. Je n’ai tenu qu’un mois. »

Marie lance un cri d’alerte

Au bout de ses forces, l’écriture a été pour elle un exutoire. « J’écrivais pendant mon temps de transports sur mon téléphone. C’était frais, à vif. Un vrai journal de bord », raconte Marie. Au travers de ces 200 pages, Marie Souton lance un cri d’alerte pour ce métier qu’elle affectionne. « Je veux que le personnel réalise que le système médical est en danger […] Avec la crise sanitaire, on s’est rendu compte qu’on manquait d’effectif soignant. Les moyens financier sont importants mais les moyens humains encore plus. Il est important de revoir nos pratiques relationnelles », regrette Marie.

Publié en septembre 2020, son livre a été lu par l’équipe enseignante de l’IFSI qu’elle a fréquenté. Prochainement, son œuvre pourrait être intégrée au programme dans le cadre de l’étude de la maltraitance. L’occasion de, peut-être, faire enfin changer les choses.

Livre disponible sur les sites de vente en ligne à 13,90 €.