Un mois et demi après leur démission, Jérôme Lenoir, Catherine Come, Eric Cavers et Annick Lhoste ont publié une lettre ouverte qui a été distribuée dans les boîtes aux lettres de la ville.
Sollicités par Le Républicain de l’Essonne quelques jours après leurs démissions, Jérôme Lenoir, Catherine Come et Eric Cavers, respectivement premier adjoint, adjointe aux finances et adjoint à l’urbanisme de la commune de Morigny-Champigny, n’avaient pas souhaité s’exprimer dans nos colonnes.
Quelques semaines plus tard, ce vendredi 21 avril, ils ont accepté de nous rencontrer pour expliquer les raisons derrière leur décision. Les trois anciens maires-adjoints, auxquels s’associe Annick Lhoste, conseillère déléguée en charge des animations culturelles et artistiques, ont décidé d’expliquer pourquoi ils ont décidé de quitter l’équipe de la majorité municipale. «Cette décision s’est imposée à nous en raison de désaccords profonds avec notre maire, mais surtout en accord avec les convictions qui sont les nôtres», expliquent-ils dans leur lettre ouverte.
Concrètement, c’est le sujet des logements du projet de centre-bourg innovant et écologique qui a été le déclencheur de ces démissions. La répartition des logements, qui devaient être mixtes, avec à la fois 35 logements sociaux et 16 logements en accession à la propriété a été remaniée à leur insu. « En novembre, le maire a décidé, à la demande du promoteur, et sans nous consulter, de revoir le projet afin qu’il n’y ait plus que des logements sociaux et des logements locatifs intermédiaires», expliquent-ils. Et surtout, «nous n’avons appris cela que trois mois plus tard, par hasard ».
L’absence de concertation pointée du doigt
Lorsqu’ils ont appris cette modification du projet, «malgré les nombreuses réunions et rencontres que nous avons eues avec le maire dans l’intervalle », les élus sont en colère. « Le soir où Eric m’a appris cela, cela a été la pire soirée du mandat pour moi», avoue Catherine Come. C’est finalement Eric Cavers qui décidera le premier de donner sa démission, le 4 mars. Catherine Come et Jérôme Lenoir en ont fait de même le 6 mars, suivi quelques jours plus tard par Annick Lhoste.
« La seule réponse du maire, cela a été de dire “Mea culpa, c’est un oubli”», s’agace Eric Cavers. Une explication que les démissionnaires n’acceptent pas, particulièrement de la part de Bernard Dionnet, dont ils savent qu’il maîtrise toujours ses dossiers et n’oublie jamais rien. Sur ce sujet, ils estiment pourtant qu’ils auraient pu contribuer à trouver une autre solution.
«Nous avons de l’argent en caisse, la ville vient d’obtenir 1 million d’euros de subvention de la Région, peut-être aurions-nous pu trouver un terrain d’entente avec le promoteur pour trouver une autre solution et conserver une mixité de logements sur le projet du centre-bourg », souffle Catherine Come.
Au-delà du cas d’espèce des logements du centre-bourg, c’est globalement une absence de concertation constante qu’ils reprochent au maire. «J’ai très souvent fait des remarques, je me suis exprimée sur de nombreux sujets sans être entendue », note Annick Lhoste. «Nous ne sommes pas entendus du tout», ajoute Jérôme Lenoir. «Nous avons l’impression de ne servir à rien», conclut Eric Cavers.
C’est le cas dans l’autre exemple qu’ils mettent en exergue dans leur lettre ouverte, sur le projet d’orangerie au parc Saint-Périer. «On nous en a parlé il y a quelques mois comme si nous étions tous au courant, et ensuite cela a été le silence complet», ajoute Eric Cavers.
La décision de démissionner purement et simplement du Conseil municipal a été mûrement réfléchie par chacun d’entre eux et, plusieurs semaines après, aucun ne la regrette. «Nous ne voulions pas rester au sein du Conseil municipal et cautionner les décisions du maire », affirment-ils d’une seule voix. Le sentiment qu’ils partagent est celui d’un immense « gâchis». Ils ont également le sentiment d’avoir été « dupés».
Ils entendent évidemment continuer à suivre de près la vie municipale. Difficile de couper les ponts après 9 années au sein de la majorité municipale. Après la distribution de la lettre ouverte, ils expliquent avoir reçu de nombreux messages de soutien et de sympathie de la part d’habitants.
Ces quatre démissions, un peu plus d’un an après la démission d’un autre maire-adjoint, Laurent Hesse, d’élus impliqués sur les compétences les plus importantes de la commune sont en tout cas lourdes de signification pour Morigny-Champigny. A suivre.