Essonne : à Marcoussis, le circuit court a de plus en plus la cote

Confinés et privés de leur marché habituel, les Marcoussissiens se tournent vers les producteurs locaux. Ces derniers se mobilisent pour répondre à cette demande en augmentation. 

« Pour peu que les gens aient été faire un tour chez Carrefour avec cette queue pas possible, ils préfèrent se tourner vers la vente directe. » Laure Gibou est chargée de communication des Potagers de Marcoussis, chantier d’insertion professionnelle par le maraichage biologique. En cette période de crise sanitaire, l’association qui produit et distribue localement des produits biologiques a réaménagé ses horaires d’ouverture et constate une augmentation de sa fréquentation.

Ouverte du mardi au vendredi de 10h à 12h et de 13h à 16h30, puis le samedi de 10h à 12h30, la boutique de la ferme des Potagers de Marcoussis est actuellement gérée par une dizaine de bénévoles présents physiquement en roulement. Avec bien sûr des règles pour éviter la proximité, avec « notamment pas plus de trois clients en même temps à l’intérieur, ainsi que les entrées et les sorties qui sont différenciées. L’entrée se fait par la porte principale et la sortie par une autre porte, située côté caisse, ce qui évite que les clients entrants et sortants se croisent », précise l’association.

En temps normal, la boutique n’est pas accessible au public le mardi, c’est donc une nouveauté. « On a beaucoup de visites mais on a été obligé de restreindre nos horaires pour permettre aux bénévoles de se reposer. Certains clients découvrent la boutique. Comme les gens sont chez eux, ils ont tendance à regarder ce qui se fait au plus près », constate Laure Gibou. L’autre facteur, c’est aussi la décision gouvernementale d’interdire les marchés, sauf dérogation. « Le maire avait pourtant fait la demande, mais celle-ci a été refusée », lance Damien Rousseau, conseiller municipal à l’économie sociale et solidaire, et également membre de l’équipe des bénévoles des Potagers. 

L’interdiction des marchés fait débat

« J’ai fait la demande le jour de l’annonce, puis à plusieurs reprises après. J’avais pourtant des arguments, notamment le fait que notre place du marché est assez grande et que seulement sept commerçants composent le marché. On aurait pu prendre des précautions vis à vis des exposants, je ne comprends pas pourquoi on nous l’a refusée », a détaillé l’édile, Olivier Thomas, qui ajoute que la culture du circuit court était déjà ancrée à Marcoussis avant l’annonce du confinement, mais que celle-ci a pris de l’ampleur. Le 27 mars, la Préfecture de l’Essonne n’avait accordé que onze dérogations sur les 45 exprimées, pour des communes comme Boutigny, Fontaine-la-Rivière, Forges-les-bains, Maisse, Nozay… Des communes qui ne dépassent pas les 5 000 habitants. Alors que Marcoussis en recensait 8 284 l’année dernière.

Une incompréhension partagée par Laurent Munerot, président de la Chambre des métiers et de l’artisanat de l’Essonne, qui déplore de son côté une rupture d’égalité avec les supermarchés. « Les commerçants des marchés ont aménagé leurs étals pour respecter les consignes sanitaires, les gestes barrières et les règles de distanciation[…] En parallèle dans les grandes surfaces, rien n’a changé dans les étalages, les clients peuvent toucher à volonté fruits et légumes et autres denrées alimentaires dans les rayons », s’exprimait-il sur son compte Twitter le 27 mars.