Essonne : à Janville-sur-Juine, pas de solution miracle face à la crise énergétique

Christophe Gardahaut, maire de la commune, lance un cri d’alarme alors que la crise énergétique frappe de plein fouet les collectivités.

Pour Janville-sur-Juine, les projections sur la facture énergétique sont salées, très salées. « La prospective que nous avons menée nous montre une augmentation de notre facture énergétique vertigineuse. Elle sera multipliée par 6 ou 7», annonce Christophe Gardahaut. Elle avait déjà augmenté de plus de 10% en 2022, passant de 45000 à 50000 €.

Mais la multiplication pressentie donne des sueurs froides au maire. «Nous allons nous retrouver avec une facture énergétique de 350000  € quand notre capacité d’autofinancement annuelle est de 100000 €», précise-t-il. Autrement dit, il n’y a que deux solutions : éteindre le chauffage ou faire des emprunts pour payer.

La première solution semble impossible, particulièrement quand les principaux bâtiments à chauffer sont les écoles, la deuxième n’est guère plus crédible. Pourtant, depuis 2020, la commune a fait de gros efforts. «Nous n’avons pas attendu ces difficultés pour trouver des pistes d’économie. En 2022, nous avons moins dépensé qu’en 2021. Et cette année, on nous a fait supporter l’augmentation du point d’indice », rappelle-t-il.

La mairie chauffée à 17°C

Il insiste sur l’étau dans lequel sont pris les collectivités. «On nous dit d’investir sur nos bâtiments pour réduire la facture énergétique, mais nous n’allons plus pouvoir investir», insiste Christophe Gardahaut. D’ores et déjà, il a pris des mesures drastiques. Dans la mairie, la température est limitée à 17°c.

«Je veux vraiment remercier nos agents qui acceptent ses contraintes et continuent de faire leur travail», ajoute-t-il. Dans les salles communales, le chauffage est au minimum et ce sera le cas tout l’hiver. La stratégie est simple : du hors gel, purement et simplement. Lors du récent repas des aînés, le chauffage a été allumé le plus brièvement possible et cela n’a pas été sans remarques de la part des convives.

Et le problème ne va pas se cantonner à 2023. «Nos contrats énergétiques seront renouvelés au 1er janvier, et ils le seront pour une durée de 3 ans», précise le maire. Il ne faudrait donc pas seulement trouver 300000 euros en 2023, mais aussi pour 2024 et 2025, soit près d’un million d’euros. L’équation est insoluble. «Nous sommes face à des difficultés insurmontables», insiste-t-il.

Et ce n’est pas le filet de sécurité gouvernemental pour les collectivités annoncé à grand renfort de communication qui va l’aider. « Les critères nous empêchent d’en bénéficier. Et même si c’était le cas, ma facture serait tout de même multipliée par 5», souffle-t-il. En clair, ce serait toujours la m**** !

Pour Christophe Gardahaut, cette situation est aussi le fruit des décisions gouvernementales appliquées depuis une dizaine d’années, notamment sur les baisses de dotations. Mais sans s’éterniser sur le passé, c’est sur l’avenir qu’il pose un regard anxieux. « L’Etat doit nous aider comme il le fait pour les particuliers, sinon, beaucoup d’élus comme moi vont s’interroger sur leur engagement pour la collectivité », conclut-il.

Teddy Vaury
Teddy Vaury
Teddy Vaury est rédacteur en chef du Républicain de l'Essonne. Il travaille au sein de l'hebdomadaire départemental depuis 2006.