Le maire de Baulne depuis 1989 et élu au Conseil municipal depuis 1977, a démissionné de son mandat de maire fin septembre.
Ce n’était pas une surprise. Jacques Bernard avait d’ailleurs annoncé la nouvelle aux habitants de la commune dans le n°109 du Baulne info paru en mars dernier. Sans fanfare ni trompette, il disait en toute simplicité « en accord avec l’ensemble de mes collègues du Conseil municipal, j’ai décidé, compte tenu de mon état de santé et de mon âge, de cesser mon activité à fin septembre et donc de passer la main à une équipe rajeunie ».
Trois petites lignes pour conclure 46 ans d’engagement au service du village et de ses habitants dont 34 ans en tant que maire. C’est peu, mais c’est aussi le symbole de la personnalité de Jacques Bernard, un homme qui ne se met pas en avant et veut aider les autres. Pourtant, il en a vu et en a vécu des choses depuis 1977.
En fait, tout a commencé le 5 septembre 1976. C’est à cette date que Jacques Bernard, habitant le village depuis la fin des années 60, est sollicité pour, pourquoi pas, entrer au Conseil municipal. « J’avais alors 35 ans et je m’occupais de la kermesse paroissiale », se souvient-il. Elu en 1977, il apprend alors le fonctionnement de la municipalité. Pour lui, qui n’est pas du crû, c’est une découverte. « Le fait de ne pas être du pays était un avantage, cela me donnait une meilleure objectivité dans la prise de décision », confie-t-il.
En 1983, il souhaite poursuivre, mais deux listes s’affrontent cette année-là. Le Conseil municipal se retrouve partagé, et si Jacques Bernard est sur la liste qui se retrouve dans l’opposition. La tête de liste ayant été rayée par les électeurs. « En devanture, les fleurs fanent plus vite », s’amuse Jacques Bernard. Son expérience, font de lui une pièce maîtresse des 6 années qui suivent qu’il effectuera en tant que 1er adjoint au maire. « Nous avons établi un consensus », explique-t-il. Objectif, permettre à la machine administrative de continuer à fonctionner et ne pas perdre 6 années en querelles intestines inutiles.
Finalement, en 1989, Jacques Bernard devient maire de Baulne. Un poste qu’il conservé au gré des élections municipales, gardant la confiance des électeurs lors des scrutins de 2014 et de 2020 malgré la présence d’une liste concurrente. A l’heure de se retourner en arrière et de faire le bilan de son action, l’éducation des jeunes Baulnois sont en haut de l’affiche. L’école maternelle d’abord, puis l’école élémentaire inaugurée le 13 octobre 2018 et qui a nécessité un investissement de 2,5 millions d’euros du village. Il y a aussi tous ces menus travaux, de voirie, d’entretien du patrimoine communal, qui ont émaillé ses 34 ans de maire. « Des bricoles », comme les qualifie Jacques Bernard.
Il y a aussi des anecdotes amusantes dont il garde le souvenir. « J’avais été interpellé sur un conflit de voisinage et j’avais réussi à convaincre les deux voisins de venir en mairie. Rendez-vous était pris un samedi matin et j’essaie de trouver une entente. Au bout de quelques minutes, les deux personnes me disent “mais de quoi vous mêlez-vous”. J’avais au moins réussi à les mettre d’accord sur quelque-chose », s’amuse-t-il.
Il y a aussi cet habitant, prétendument amoureux de la nature et écolo jusqu’au bout des ongles dont on retrouvera les poubelles dans la nature et qui, mis en face de ses contradictions, dit au maire qu’il ne votera pas pour lui. Il y a encore la première visite ministérielle de l’histoire de Baulne, celle d’Amélie de Montchalin le 15 octobre 2021, qui est née un peu par hasard.
« Lors de l’assemblée générale de l’Union des maires de l’Essonne qui avait eu lieu quelques semaines auparavant, une jeune femme s’était assises à côté de moi et avait engagé la conversation. Je lui avais dit ce que je pensais, que les gens prennent des décisions dont ils ne voient pas les conséquences sur le terrain, et que plus on est proche des choses et mieux on se rend compte de la réalité », se souvient-il. Cette jeune femme, c’était la ministre de la Transformation et de la fonction publiques, et elle lui annonce qu’elle viendra dans sa commune.
Des anecdotes qui résument bien qui est Jacques Bernard. Un homme qui veut aider les autres, un homme qui dit ce qu’il pense sans détour, et ne se prive jamais d’un trait d’humour. Au fil de cet échange, il a souvent eu l’œil qui frise, et sa capacité d’analyse n’a rien perdu de son acuité. Sans regrets et en toute discrétion, il a envoyé sa lettre de démission au préfet fin septembre, prêt à tourner la page mais aussi à en écrire bien d’autres, avec pour arme son humour et son coup de fourchette, tous les deux légendaires.