A travers une lettre communiquée à leur directeur, Gilles Calmes, 30 médecins du Centre hospitalier sud francilien ont démissionné de leurs fonctions administratives, mercredi 5 février. Ils étaient réunis devant l’accueil des urgences adultes à 11h40.
« Nous ne désertons pas […] Les soins et la formation des plus jeunes seront assurés du mieux que nous pouvons, avec des moyens toujours plus restreints au regard de l’activité croissante, dans des conditions de travail toujours plus difficiles. » Il est 11h40, mercredi 5 février, quand Alain Devidas, docteur en hématologie et élu de la Commission médicale d’établissement (CME) parle à travers le mégaphone. Il fait partie des 30 médecins qui ont décidé de quitter leurs fonctions administratives au sein du Centre hospitalier sud francilien. Se joignant ainsi aux « 1 100 chefs de service et de structure démissionnaires en l’absence d’un plan d’urgence pour l’hôpital public« , selon un communiqué de presse du Comité inter-hôpitaux (CIH) en date du 2 février.
Ils étaient une cinquantaine à se réunir devant l’accueil des urgences adultes. « On ne veut plus être les maillons de ce système qui nous écrase depuis dix ans. » La raison de leur colère : le manque de moyens pour exercer correctement leur métier de soignant. Une situation urgente qu’ils ont déjà pris soin de communiquer à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. Ils ont même pu échanger avec elle, lors d’un entretien le 17 janvier, en vain. « Elle n’a visiblement pas compris l’urgence de la situation, à savoir l’effondrement imminent du système hospitalier public. Elle continue à penser que les mesures qu’elle a annoncées en novembre seront suffisantes… » Des mesures, notamment une prime de 800 euros net pour les infirmières de Paris et sa proche banlieue, dont le personnel de Corbeil-Essonnes ne verra jamais la couleur. « On est dans la Grande couronne, donc on ne les a pas reçues« , pointe du doigt Alain Devidas.
33 millions d’euros de dette chez les hôpitaux français
Parmi leurs revendications : l’augmentation significative de l’Objectif national des dépenses de l’assurance maladie (ONDAM), qui a pour mission de maîtriser les dépenses en matière de santé. « On doit sans cesse faire des économies, cela créé une dette hospitalière, qui est aujourd’hui de 33 millions d’euros au total pour tous les établissements de l’Hexagone« , précise le médecin. Ils demandent également l’augmentation « des plus bas salaires pour relancer l’attractivité et faire en sorte que le système hospitalier redevienne ce qu’il était« , ainsi qu’une « association médecins-soignants-usagers à la gouvernance et les décisions de l’hôpital en sortant de la loi HPST, et une organisation des états généraux de la santé. »
Avant de se diriger vers le bureau du directeur, Gilles Calmes, les médecins et infirmiers ont entonné une chanson créée en mars 2019 par le service des urgences de l’hôpital de Valence : « On veut plus de matériel, adapté à ce bordel. Des draps, des couvertures, des bouteilles d’oxygène. Et des médicaments, en nombre suffisant. Un peu plus qu’une salade, à donner aux malades. Ils coupent tous nos moyens, ils disent ça ira bien. Attention il y a urgence, c’est fou ça se passe en France… » (voir vidéo).
A partir du 5 février, le 30 démissionnaires seront donc absents des « réunions administratives et financières » de leur établissement. Quant à la réunion avec le directeur, ils estiment avoir été entendus. Reste à savoir si celui-ci va accepter leurs démissions ou non.